Si, il y a dix ans, on m’avait dit qu’un jour j’achèterais du black-metal et qu’en plus, j’aimerais ça, j’aurais ricané. Bon, à l’époque, je ne savais pas non plus que Bathory était du black-metal. Et, pour être tout à fait honnête, je ne suis pas 100% certain que Eonian, le nouvel album de Dimmu Borgir, en soit non plus.
Dimmur Borgir est un groupe norvégien qui se définit comme du black-metal symphonique. Pour la partie symphonique, c’est assez clair: orchestration grandiloquente, chœurs en pagaille, c’est bien épique comme il faut. Question black-metal, c’est plus de l’ordre de la coloration et du thème. Déjà que le précédent, Abrahadabra, était plutôt édulcoré, celui-ci est clairement dans le domaine de la choucroute licorne arôme arc-en-ciel.
Avec dix pistes et cinquante-quatre minutes au compteur, Eonian a un format plutôt classique. Pas d’epic à grand spectacles, que des compositions entre quatre et six minutes. Au moins, on évite la fatigue des morceaux à rallonge. Cela dit, le style grandiloquent donne l’impression d’avoir des compositions plus longues qu’elles ne le sont réellement.
Ne comptez pas trop sur moi pour jouer à la querelle des Anciens et des Modernes sur le thème de “est-ce que c’est-y du black-metal ou pas?” Pour moi, la question est plus “est-ce que j’aime-t-y ou j’aime-t-y pas?” Et, dans le cas présent, j’aime-t-y, beaucoup même.
Historiquement, le metal n’est pas un genre qui a tendance à s’embarrasser avec des concepts tels que la sobriété, la retenue et les sens cachés. En y repensant, toute l’idée des messages satanistes cachés dans les albums, c’est assez risible quand on pense à tous les messages satanistes pas cachés. Sans même parler du côté Grand-Guignol du satanisme en question.
De ce point de vue, Dimmu Borgir est dans la droite ligne d’une tradition faite d’excès théâtraux, de grandiloquence assumée et de carnaval. Musicalement, on est assez proche de ce que faisait Therion à sa grande époque – avant qu’ils ne se lancent dans des reprises de variété française ou dans les opéras pompeux.
Même les titres des pistes sont pompeux: les excellents “Interdimensional Summit”, “Ætheric”, “The Council of Wolves and Snakes” et ses inspirations musicales natives nord-américaines, “The Eympyrean Phoenix”, “Lightbringer” et “Alphan Aeon Omega” en sont autant d’exemples. Et le reste de l’album réserve également quelques pépites.
Si, pour vous, le black-metal, c’est du sérieux – genre, si vous pensez qu’Enslaved va déjà trop loin dans le prog – évitez ce Eonian comme la pes… euh, comme un gâteau à la guimauve! Si, au contraire, vous aimez bien le symphonique en mode meringue majeure avec une coloration occulto-sataniste et des gens avec des maquillages cadavériques qui font les zazous, alors Dimmu Borgir, dans la présente incarnation, est fait pour vous!
Bonus: la vidéo de “Council of Wolves and Snakes”
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Clair qu’il y a un coté trop thétral et symphonique dans DB pour etre True 🙂 Mais bon, c’est la musique qui compte et le plaisir de l’écoute
Ton article me donne envie d’écouter ce nouvel album \m/
Dans le style appelé BM avant-gardiste , tu connais Arcturus? 3 albums excellents dans la même veine que Dimmu; d’ailleurs ô hasard il y a le guitariste ICS Vortex!!! https://www.youtube.com/watch?v=O0o7Vx0bmno
Oui, Arcturus, j’ai chroniqué les deux derniers albums, c’est très très perché mais souvent très très bien aussi.
Bonjour ! Félicitations sincères pour cette critique d’album que je trouve très bien écrite et qui décrit tout à fait le sous-genre adopté par Dimmu Borgir, selon mon humble et forcément indispensable point de vue. Vous m’avez fait bien rire en réussissant à vous moquer gentiment d’un artiste dont vous admirez également le travail. Tout comme moi.
Crapaud Ivre
Merci et bienvenue sur le blog! Si vous aimez les chroniques d’albums à base de comparaisons foireuses, vous allez sans doute vous y plaire.