Je suppose qu’il n’est jamais trop tard pour se faire une culture. Parce que oui, si j’ai acheté La Ballade de la Mer Salée, premier album de Corto Maltese, c’est bien parce que je n’avais jamais lu un seul tome de cette série mythique signée Hugo Pratt.

(Bon, je suppose qu’à l’époque où je hantais Satellite, j’ai bien dû en feuilleter un ou deux tomes, mais ça ne m’avait jamais croché et je n’en ai aucun souvenir.)

La Ballade de la Mer Salée est le premier tome de la série, publiée à l’origine en 1967 dans un magazine italien. Il s’agit ici d’une réédition très récente, chez Castermann. Corto Maltese n’est que l’un des multiples personnages de l’histoire et il faut un moment avant qu’il ne prenne un rôle central.

Le récit se déroule dans l’Océan pacifique, entre Indonésie, Nouvelle-Guinée, Australie et Nouvelle-Zélande, autour du début de la Première Guerre mondiale. Il se centre sur un groupe de pirates, parmi lesquels Corto, qui recueillent deux naufragés, des jeunes gens de bonne famille, tout en accomplissant une mission pour le mystérieux Moine.

C’est un peu de l’Aventure avec un grand A: les mers exotiques, les pirates, la guerre, les cannibales, tout le bastringue. Sauf que, en y regardant de plus près, les personnages ne sont pas exactement en noir et blanc – contrairement au dessin, mais j’y reviendrai.

Disons que, pour faire simple, les protagonistes de cette histoire ont des motivations diverses et souvent changeantes. Même Raspoutine, qui ressemble beaucoup à son homonyme historique et qui apparaît comme un « méchant » dans l’histoire, a ses côtés plus ambigus.

Pour en revenir au trait si caractéristique d’Hugo Pratt, ces dessins en noir-blanc quasi pur, qui ressemblent presque à des esquisses à l’encre de Chine, m’ont un peu gêné. Outre le côté « pas fini » de pas mal de passages, il y a des fois où il est difficile de reconnaître les personnages.

Du coup, je ressors de cette lecture de La Ballade de la Mer Salée avec une impression mitigée. J’ai certes l’impression d’avoir lu quelque chose qui mérite sa réputation, mais entre le trait parfois à la limite de l’abstraction et une histoire qui, objectivement, tire en longueur – 160 pages dans cette édition – ce n’est pas la grosse claque que j’attendais.

Globalement, j’aime plutôt bien, notez. Il y a un côté « grand voyage » assez réaliste qui me rappelle quelque peu les écrits de Nicolas Bouvier et une histoire ancrée dans l’Histoire et qui ne va pas jouer sur des plans manichéens, mais c’est un peu trop conceptuel pour moi. Cela dit, je pense quand même que je m’essayerai à en lire d’autres.

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