Et si, après avoir été le « père » de la bombe atomique, Robert Oppenheimer s’était évertué à sauver l’humanité d’un destin plus imparable que la destruction mutuelle assurée? C’est le thème qu’explore The Oppenheimer Alternative, roman de Robert J. Sawyer.
J’ai failli écrire « roman uchronique », mais si ce n’est pas faux, l’uchronie que propose cet ouvrage est traitée à minima. Dans la plus grande partie du roman, on y suit le personnage d’Oppenheimer – plus volontiers appelé « Oppie » par ses amis.
On le voit rejoindre le Projet Manhattan à Los Alamos, assister à la première explosion – celle après laquelle il se rappellera des mots du Bhagavad-Gita « je deviens la Mort, le Destructeur des Mondes ». Puis être confronté à l’usage de cette bombe sur Hiroshima et Nagasaki.
C’est à cette époque que l’histoire diverge. Certains physiciens de Los Alamos constatent des anomalies dans l’activité solaire et Oppenheimer, qui a été d’abord spécialiste en physique stellaire, confirme leur craintes: dans moins d’un siècle, une éruption solaire d’une intensité exceptionnelle incinérera la Terre.
Après guerre, il rejoint l’Institute for Advanced Studies, où se trouvent également Albert Einstein, Kurt Gödel et d’autres grands scientifiques, pour tenter en secret de mettre au point des solutions pour sauver l’humanité.
Mais son passé de sympathisant communiste et ses relations avec la psychologue Jean Tatlock – dont le suicide en 1944 le hantera le reste de ses jours – remontent à la surface. Et sert ses nombreux ennemis.
Dans l’absolu, The Oppenheimer Alternative est un bon roman, mais j’en ressors avec un sentiment fugace de déception. En fait, je m’attendais à autre chose.
Je m’explique. C’est un roman qui m’a été « vendu » par les chroniques de Gromovar et d’Apophis. Pas moins. En plus, quand on me parle d’uchronie autour de la Seconde Guerre mondiale, on m’a déjà à moitié convaincu.
Or, The Oppenheimer Alternative est un roman plus historique qu’uchronique. C’est un peu une biographie romancée de J. Robert Oppenheimer. Le texte fait la part belle au personnage, à ses amours (compliquées), à ses amitiés (encore plus compliquées) et à ses trahisons.
Il profite également d’une spectaculaire galerie de seconds rôles. Question name-dropping, il se pose un peu là: Albert Einstein, Leo Szilard, Edward Teller, Kurt Gödel, John von Neumann et bien d’autres.
Le souci, c’est peut-être que j’ai envie de le comparer à un autre roman, somme toute très similaire dans son contexte: The Berlin Project. Ce dernier m’avait beaucoup plus justement par ce mélange plus marqué vers l’uchronie.
Cela dit, il y a réellement un aspect uchronique, mais qui ne se découvre que dans les dernières pages. Et sur ce point, rien à dire.
Je suis donc un peu déçu par The Oppenheimer Alternative, mais c’est surtout de ma faute, pas de celle de l’auteur. En soi, il est très bien, mais ne faites pas la même erreur que moi: ne l’achetez pas pour son côté uchronique.
Outre les deux précités, un autre avis aussi sur L’Épaule d’Orion.
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