Largo est un coursier à vélo. Il ne veut pas d’histoire, il ne se mêle pas de politique. Dommage pour lui: dans The Grand Dark, roman steam/diesel/biopunk de Richard Kadrey, la politique et les histoires vont s’intéresser à lui.
The Grand Dark, découvert via BoingBoing une fois encore, c’est avant tout un contexte: la ville de Lower Proszawa. Moitié-Berlin, moitié-Varsovie, le tout dans ce qu’auraient pu être les années 1920 d’un monde post-steampunk.
Il y a eu une Grande Guerre, qui a complètement détruit High Proszawa, de l’autre côté de la baie. Il risque fort d’y en avoir bientôt une autre. Dans l’intervalle, la ville est parcourue par des mutilés de guerre, les Iron Dandies, par des automates de plus en plus autonomes, les Maras, et par des chimères, des créations biologiques qui nettoient les rues.
Le soir, dans les théâtres et les soirées mondaines, la haute société se frotte aux artistes plus ou moins séditieux, sous le regard de la police secrète, les Nachtvogel. Drogues et alcool coulent à flot entre luxe et luxure.
Largo, né dans le caniveau ou peu s’en faut, gagne sa vie de jour à la force de ses mollets et à sa connaissance extensive des tours et détours de Lower Proszawa. De nuit, avec sa compagne, la jeune actrice Remy, il parcourt les soirées. Jusqu’au jour où une promotion inattendue va le propulser, à son corps défendant, dans un monde d’intrigues, de mensonges et de secrets.
Si j’insiste sur tous ces éléments, c’est qu’à mon avis, The Grand Dark vaut surtout par ce contexte foisonnant. Il y a certes une intrigue soutenue, mais elle tarde à démarrer et, même si elle n’est pas inintéressante, je l’ai trouvée plutôt accessoire.
Ce n’est pas au point de Infinite Detail, chroniqué précédemment, mais le fait est qu’arrivé au milieu du bouquin, je me demandais encore où l’auteur voulait en venir, narrativement parlant. Par contre, quand ça démarre, ça y va bien à fond.
The Grand Dark – qui doit son titre à un théâtre de style Grand Guignol, qui est un des lieux centraux de l’histoire – est une histoire très romanesque, somme toute. C’est un homme qui se découvre prêt à tout risquer par amour.
Mais, j’insiste, c’est vraiment Lower Proszawa qui m’a impressionné, cette ville d’inspiration centre-européenne dans un univers où se mélangent automates, dirigeables, mutilés aux prothèses automatiques, créatures chimériques et même une touche de fantastique – mais traité de façon très rationnelle.
Outre le lent démarrage, je dirais que le principal défaut de The Grand Dark, c’est que ce contexte spectaculaire à tendance à bouffer l’histoire. J’entends par là qu’il est tellement riche qu’il y a au moins dix pistes qui restent inexplorées à la fin. Et si l’histoire se termine de façon raisonnablement satisfaisante pour les protagonistes, on reste tout de même sur sa faim.
C’est tout de même un livre que je recommande, surtout si on est fan de steampunk et qu’on cherche un univers un peu différent.
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