Le métal progressif est un genre qui supporte mal deux choses: la médiocrité et le manque d’ambition. Le groupe français Kalisia l’a bien compris et son premier album, Cybion, évite ces deux écueils. D’une part, si l’album est divisé officiellement en plusieurs pistes, il est censé être écouté d’une traite, comme un morceau unique de plus d’une heure – une heure, onze minutes et onze secondes, pour être précis; je ne crois pas que ce soit une coïncidence.
France
Les aventures de Philibert, capitaine Puceau
À défaut de faire des bons films, la France semble partie pour nous livrer chaque année son WTF massif, avec pour 2011 Les Aventures de Philibert, capitaine Puceau. Au départ (il y a quelques jours, donc), j’étais parti pour me faire une séance de rattrapage DVD avec la bande habituelle sur une parodie de film de cape et d’épée, avec Alexandre Astier dans le rôle du méchant. Y’en a.
Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est une parodie des films de cape et d’épée des années 1960, avec Jean Marais, des collants très moule-choses (qui a dit « normal, Jean Marais » ?), des couleurs ultra-pétantes, des péripéties improbables et des poursuites à cheval en accéléré. Et Alexandre Astier dans le rôle du méchant.
« Dimension super-héros »
Je vous avouerai bien volontiers que ma lecture de Dimension super-héros, une anthologie en français parue chez Rivière blanche, tient beaucoup du copinage éhonté. Parce que bon, les super-héros, ce n’est pas trop ma tasse de thé. Ou de café. Pas que je déteste fondamentalement cela – contrairement à d’autres figures mythiques, comme les anges ou les vampires – mais ça ne m’intéresse que modérément.
Il n’y a pas que ça : le fait que cette anthologie parle d’une continuité superhéroïque franco-italienne, l’univers Hexagon, dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, a également aidé, mais c’est surtout le « casting » qui m’a attiré : Romain d’Huissier, Julien Heylbroeck, Willy Favre, Anthony Combrexelle, Krystoff Valla, Ghislain Morel et Eric Nieudan, pour ne citer que ceux connus dans la rôlistosphère francophone, ça fait du beau monde !
Uneven Structure : Februus
Pour faire simple, on peut dire qu’il existe globalement deux écoles de métal progressif. Uneven Structure, groupe français qui vient de sortir son premier album, Februus, appartient à la seconde.
La première, plutôt mélodique et somme toute assez traditionnelle, emprunte beaucoup à Dream Theater. Ici, on a affaire à un métal beaucoup plus technique, moins « organique » si l’on veut ; c’est une école qui est emmenée par des groupes comme Meshuggah.
Octogônes 2011
En fin de compte, Lyon, ce n’est pas si loin de Genève : un peu moins de deux heures de train, c’est à peu de choses près la durée d’un trajet à Sierre ou à La Tchaux. Du coup, la question est « pourquoi ne suis-je jamais allé à une convention à Lyon auparavant ? »
Cette édition 2011 d’Octogônes a beau n’être que la deuxième du nom, elle vient après une solide tradition d’autres conventions sise dans la « capitale des Gaules », comme disent les journalistes qui n’aiment pas les répétitions. Et si je n’ai donc aucune expérience des autres, je dois avouer que celle-ci est d’un fort beau gabarit.
The Long Escape: The Triptych
J’ai beau me targuer d’une certaine éthique dans mes chroniques musicales, je ne suis pas à l’abri de certaines formes de copinage. Ainsi, The Triptych, dernier album du groupe français The Long Escape, m’a été recommandé par Saint Épondyle, du blog voisin Cosmo[†]Orbüs, dont il est le photographe officiel (de groupe, pas du blog).
Cela dit, le copinage ne suffit pas et si je parle de cet album ici, c’est bien parce qu’il me plaît. Son rock se situe dans la zone floue qui borde les sous-genres alternatif, progressif et métal: le petit côté énervé façon “révolte adolescente” du rock alternatif, la technicité et les constructions alambiquées du prog et les grosses guitares qui mordent du métal.
Certains morceaux me font un peu penser à Tool dans son côté technique et hypnotique (“Return to Chaos”, “Low Class Citizen”), mais aussi, pour d’autres, au récemment découvert Chaos Divine, pour le mélange homogène de genres différents (“New Beginning” ou “Upon the Head”).
Wakfu, saison 1
Wakfu, c’est un peu la méga-bonne surprise venue de nulle part. Je veux dire, un dessin animé français aussi enthousiasmant que Gurren Lagann ou Avatar (The Last Airbender, pas le machin bleu – ni le film de Night Shamalamala d’ailleurs), qui l’eût cru?
Surtout qu’à la base, on parle de quelque chose qui est inspiré d’un jeu massivement multijoueurs (auquel je ne joue pas) et un jeu de carte à collectionner (format que je déteste pour des raisons purement idéologiques), le tout dans un monde fantastique avec de la magie partout. Bref, un peu le tue-l’amour intégral pour votre tonton Alias.
En plus, c’est un truc pour gamins et c’est de l’animation un peu à la cheap, par ordinateur, avec un dessin très blocky, mais c’est conçu par une bande de zazous qui a visiblement compris que les dessins animés pour enfants qui peuvent être également appréciés par les adultes, c’est tout bonus. Du coup, on a droit à une histoire raisonnablement solide, avec beaucoup de clins d’œil, des jeux de mots idiots, un Grand Méchant pas si manichéen que cela.
Lazuli: 4603 battements
Quand je vous disais qu’il y avait du lourd dans mon pipe-line musical, ce n’était pas juste du bête teasing à deux balles. Parce que oui, pour moi, Lazuli, c’est du lourd ! Il a fallu moins de cinq ans pour que cette formation française devienne un incontournable du rock progressif et ces 4603 battements en sont autant de preuves incontestables.
Nemo: R€volu$ion
R€volu$ion, dernier album des Français de Nemo, n’entraîne pas chez moi une hypertrophie de la glande dithyrambique, mais propose un rock progressif bien pêchu et accrocheur.
Jour J: L’imagination au pouvoir
De Gaulle meurt dans un accident d’hélicoptère le 31 mai 1968 et la situation insurrectionnelle à Paris dégénère en guerre civile. Cinq ans plus tard, la capitale se reconstruit et un ancien soldat revient demander des comptes. Telle est la base de L’imagination au pouvoir.
Stille Folk: Neuit de Sabbat
Typique: je rentre de Trolls & Légendes et, pendant deux mois, j’écoute du folk en boucle! Dans le cas présent, je ne vais pas tant vous parler de Faun et Dunkelschön, dont j’ai acheté quelques albums sur place, mais du groupe pyrénéen Stille Volk, au travers de leur dernier album en date, Neuit de Sabbat (paru en 2009). Je dois à Ghislain de m’avoir fait découvrir ce groupe, alors que je lui parlais de Minimum Vital, dont on pourrait dire que c’est un peu le pendant lumineux de Stille Volk.
La musique de Stille Volk est un folk-rock beaucoup plus traditionnel que celui de Minimum Vital, en ce qu’il emploie moins d’instruments rock et beaucoup plus d’instruments traditionnels (vielle à roue, cornemuse, etc.) et que sa musique évoque moins les littoraux ensoleillés d’Occitanie et plus une forêt obscure tapie dans les contreforts des Pyrénées dans la brume hivernale. Du genre qui renferme des esprits anciens et pas toujours bienveillants.
Dans la musique de Stille Volk, sorcières et démons ne sont jamais très loin. Qu’on écoute des titres comme “Forêt d’outre tombe” ou “Ivresse des Dieux” pour s’en convaincre et, même s’il existe des morceaux plus joyeux (“Mascarià” par exemple), le souffle profond des cornemuses est toujours là, comme une menace sourde. Ce n’est pas du pagan-folk pour elfettes, pas plus que pour gros barbares; ça sent le terroir, le soufre et les champignons.
Anasazi: Playing Ordinary People
Le groupe de métal progressif français Anasazi propose son tout nouvel album Playing Ordinary People gratuitement sur leur site. Oui, tout l’album et oui, gratuitement. Et vous savez quoi? En plus, il est bon!
Klone: Black Days
Malgré son nom, le métal progressif des français de Klone n’est pas qu’une simple copie de Tool et Black Days est au final un album plutôt original.
Non-convention des Neiges 2011, Chambéry
Cette année, niveau conventions et autres sorties, ça va être un peu le retour des vieux tromblons: avant de remonter à La Tchaux pour Ludesco, dans trois semaines, je suis allé faire un viron du côté de Chambéry, pour la Convention des Neiges. Sauf que cette dernière a été annulée une semaine avant la date prévue, pour cause de mélange de pinceaux administratifs autour de la salle. Décidément, amis organisateurs de conventions, gardez cela en tête: après Gare aux Dragons 2009, elle aussi repoussée pour cause de salle mal réservée, ainsi qu’Objectif Jeu 2008, pensez toujours à confirmer vos réservations, et plutôt deux fois qu’une!
Mais bon, ce genre de péripétie n’a que rarement arrêté des rôlistes et les gens du CJDRU, le club de jeu de rôle (universitaire, donc U) de Chambéry, s’est quand même arrangé pour organiser quelques salles pour accueillir les ludomanes de tous poils qui, avertis ou non, s’étaient quand même pointés en un nombre conséquent. Dont votre tonton Alias, qui n’allait pas laisser des péripéties administratives lui pourrir un week-end de jeu.
Du coup, j’ai débarqué dans la riante (épithète garanti 100% sans sarcasme – quand il ne pleut pas) cité savoyarde avec mes affaires de Tigres Volants sous le bras. J’avais l’intention de tester mon nouveau scénario court format “bande annonce” et, dans la foulée, une modification du système Tigres Volants lite, mais au final, je me suis rabattu sur un plus classique “L’héritage”, premier chapitre de la campagne lupanar. Partie sympa, avec des joueurs très enthousiastes pour faire comme d’habitude, à savoir prendre des chemins de traverse pas vraiment prévus au programme.
Naïve: The End
Appeler son premier album The End, il faut le faire et les Toulousains de Naïve l’ont fait. Ils ont fait bien plus que ça et cet album est un des plus enthousiasmants et originaux que j’ai pu écouter depuis un bon moment – grâce aux bons offices de Progressive Area, qui a visiblement le chic pour dénicher des bidules improbables comme je les aime.
Imaginez un mélange entre du métal progressif à la Tool, du post-métal à la Isis, avec des influences trip-hop, électro et orientales. Oui, il faut avoir une bonne dose d’imagination et le trio qui compose Naïve n’en manque pas, ni d’ailleurs de talent. On passez assez facilement des ambiances contemplatives et atmosphériques à des parties beaucoup plus sombres et plus brutales. Témoin “Underwater”, qui aligne les extrêmes en un seul morceau – certes, de huit minutes, mais c’est un peu la moyenne pour cet album.
De l’intro très métal de “To Lose And To Die For” à l’atmosphérique et planant “The End”, en passant par “The Crying Community”, métal prog hanté par des claviers aériens, les ambiances orientales et la voix féminine de “The Shroud”, ou le décapsulant “Your Own Princess”, il n’y a rien à jeter sur The End et très peu qui mérite un demi-fronçage de sourcil. Les musiciens sont à peu près irréprochables et la production solide.
Le Voyage de Noz: Bonne-espérance!
Il fut un temps où la sortie de Bonne-espérance!, le nouvel album du Voyage de Noz, aurait provoqué chez moi une poussée de fièvre, des hurlements enthousiastes à base de “IT MUST BE MINE!” et autres dommages collatéraux au décor alentours. Et puis on vieillit. Bon, ça, plus le fait que le précédent, Tout doit disparaître, s’apparentait à une demi-déception.
Sam Smith: Seven
Ma découverte de Seven, album solo du français Sam Smith, est à mettre au crédit du salon POP’up: c’était un des rares stands musicaux du salon et bon, quand on me parle de projets métal un tant soit peu expérimentaux, j’ai tendance à acheter d’abord et à réfléchir après (note aux spammeurs: ça marche mieux en face-à-face).
Le concept de Seven, c’est sept morceaux de métal instrumental de très haut vol, enregistrés en sept jours; je ne me souviens plus, mais il est bien possible que le CD m’ait aussi coûté sept euros; dans tous les cas, il est disponible en téléchargement pour cinq euros et, franchement, ce serait dommage de s’en priver.
Sam Smith revendique comme influence Dream Theater et Steve Vai et ça se sent: son métal est très, très technique, et fricote allègrement avec le métal progressif. Il faut écouter l’énorme “Loss of Balance” ou “One Hope” pour se convaincre que l’animal a un gros potentiel, pas seulement technique mais aussi pour ce qui est des compositions.
Gare aux Dragons 2010
Ce week-end, je me suis embarqué pour Bordeaux et la convention Gare aux Dragons organisée par le club Dragons, Trésors et Contes et tant pis pour mon bilan carbone ! Il faut dire que Bordeaux doit être un des coins où il y a le plus de joueurs de Tigres Volants et pas mal de gens que je connais depuis un moment, des forums et d’ailleurs. J’y suis bien reçu.
Bon, la logistique fut un peu complexe : déjà, après mon expérience aéronautique d’il y a deux ans, j’avais plutôt choisi le train. Ce qui a un défaut : si, dans l’absolu, la distance à vol d’oiseau entre Genève et Bordeaux est de l’ordre de 600 km, la métrique SNCF – qui implique que tout passe Paris – résulte plutôt en un voyage de 1 200 bornes. Soit sept heures de train et une heure de transit parisien pour changer de gare – ceci sans compter les retards (note pour plus tard : Gare Montparnasse – Gare de Lyon en quinze minutes, c’est possible).
Il y a eu aussi le logement sur place. L’hospitalité bordelaise étant ce qu’elle est, j’ai pu loger chez l’habitant, mais ça ne s’est pas fait de façon simple et j’ai eu à sillonner le pavé – littéralement – avec l’armoire normande à roulette qui me sert de valise pendant un bon bout de temps avant de trouver un lit où m’effondrer. Par courtoisie, je passerai sous silence les interruptions de sommeil à trois heures du matin pour cause de copain bourré…
“Et si la France avait continué la guerre…”
En ce 6 juin 1940, alors que l’armée française est encerclée en Belgique et recule presque partout ailleurs, un banal accident de voiture change la face de l’histoire. La mort de la comtesse Hélène de Portes, place de l’Alma, est le point de divergence choisi par les auteurs de Et si la France avait continué …
Kwoon: When the Flowers Were Singing
Encore un groupe dont le nom et le titre d’album va faire ricaner le cyberpalmipède qui hante ces lieux: Kwoon, dont le dernier album en date s’intitule When the Flowers Were Singing. On peut faire plus obscur, mais ce n’est pas évident. Curieusement, ce n’est pas du rock progressif, même si l’album m’a été recommandé par le dernier numéro de Prog-Résiste.
Kwoon est un groupe français qui fait du post-rock éthéré et minimaliste, nettement inspiré par Sigur Rós. Leur musique est en grande partie instrumentale, mais comporte également quelques partie chantées (mais qu’on entend peu). Si le nom du groupe est inspiré du mot chinois qui est l’équivalent du dojo japonais, en fait d’art martial, on est plus dans le domaine du Taiji pour ancêtres que du Kung-fu. Amis du rythme et de la puissance, passez votre chemin! On est ici dans le domaine de l’onirique évanescent et des ambiances mélancoliques.
Le gros avantage de cet album est que, si on aime le genre, il est parfait. Malgré son “Overture” quelque peu tonitruant, il part très rapidement dans les contrées plus calmes, avec des ambiances à base de nappes de guitare et de violon. Les morceaux ont un petit côté faussement naïf: simples en apparence, mais plus complexes qu’elles n’en ont l’air, avec des mélodies pop couvertes par des atmosphères musicales sur plusieurs niveaux. Mention spéciale à “Ayron Norya”, le plus long morceau de l’album qui est, à mon avis, également le plus réussi.