Abacab: Mal de Terre

Un des plus gros problèmes du rock progressif, c’est qu’il trimbale un héritage historique lourd; à ce stade, en fait de passé, on devrait plutôt parler de passif. Beaucoup de groupes font référence, parfois lourdement, à des Grands Anciens, comme Yes, Genesis, Pink Floyd ou même (chez les prog-métaleux) Dream Theater. Dans le cas du rock progressif français, il faut ajouter Ange.

Ce préambule pour vous parler de Mal de Terre, dernier album en date du groupe de rock progressif français Abacab (né Contresens), qui réussit l’exploit de combiner deux héritages: Genesis (pour le titre) et Ange (pour le style) – voire trois, en comptant l’influence Dream Theater dans certains passages.

Des trois, c’est clairement Ange qui prédomine. Ça ne serait pas gênant si au moins 80% de la production de rock progressif francophone ne partageait cette même inspiration (citons rapidement des groupes comme Éclat ou Galaad; même Lazuli est dans ce cas).

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Silent Memorial: Retrospective

Bon, assez parlé des groupes de métal européens: parlons maintenant d’un groupe suisse!

Ba-dum, tchink.

Silent Memorial est un groupe originaire de la région bernoise et qui, si j’en crois leur bio, a connu un peu plus que sa part de petits soucis. Le fait que son précédent album date d’il y a plus de dix ans est un assez bon indice. Je ne sais pas ce qu’il vaut, mais Retrospective, le nouveau, mérite une écoute sérieuse.

Silent Memorial donne dans le métal progressif; enfin, “donne dans” n’est pas tout à fait exact: “lorgne sur” ou “penche vers” serait plus juste. Retrospective propose une demi-douzaine de morceaux de heavy-metal symphonique sympathiques, mais somme toute assez classiques (avec “The Darkest Hour” et “Lost” qui sortent du lot), plus un monstre de 22 minutes.

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Dream Theater: Black Clouds & Silver Linings

Black Clouds & Silver Linings, le nouvel album de Dream Theater, vient de sortir, vingt ans après When Dream and Day Unite. Putain, vingt ans!

Depuis le temps, on pourrait se dire que la routine s’installe: un album sort avec son lot de bons morceaux et d’autres plus oubliables; la proportion change suivant les albums, il y a les bonnes et les mauvaises années. Dans le cas présent, 2009 est une excellente année pour la cuvée Dream Theater!

Autant le précédent album, Systematic Chaos, m’avait laissé un peu froid (et, avant lui, Octavarium ne révélait sa puissance que dans sa version live avec orchestre), autant ce Black Clouds and Silver Linings m’impressionne.

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Office for Strategic Influence: Blood

Croisée de chemins, encore et toujours; décidément, le métal mène à tout, même sans obligatoirement en sortir. Je veux parler ici de l’album Blood, dernier en date de Office for Strategic Influence, OSI pour les intimes, qui se situe au carrefour des influences métal, prog et post-rock, avec un soupçon d’électro et des ambiances musicales des films de John Carpenter.

“Projet” de deux calibres du prog-métal, Kevin Moore (Dream Theater, Chroma Key) et Jim Matheos (Fates Warning), le groupe accueille d’autres pointures du même niveau sur ses albums: Mike Portnoy, Joey Vera, Steve Wilson… du beau linge! Je mets “projet” entre guillemets, parce qu’après six ans et trois albums, ça ressemble de moins en moins à un projet séparé et de plus en plus à un vrai groupe.

Certes, les grands noms ne font pas obligatoirement une grande musique, mais, dans le cas présent, Blood est un album qui n’a pas à rougir de la comparaison avec les deux précédents, le très bon et éponyme Office for Strategic Influence et le plus entendu Free, ni avec l’exceptionnel Dead Air for Radios, premier album de Chroma Key.

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Abel Ganz: Shooting Albatross

Si la non-GenCon 2009 a été une déception d’un point de vue ludique, je ne me suis pas laissé abattre pour autant et  suis allé piller les rayons de Gibert (boulevard Saint-Michel 34, Paris Ve, métro Cluny-La Sorbonne), le seul magasin de disques à Paris qui, à ma connaissance, a encore un rayon rock progressif. Je suis donc revenu avec une palanquée de disques; c’est la bonne nouvelle.

La mauvaise, c’est qu’il y en a une telle quantité que j’ai un peu du mal à digérer tout ça et qu’à part Aone, il n’y en a pas vraiment qui sortent du lot. Je vais néanmoins m’atteler à en chroniquer quelques-uns, à commencer par Shooting Albatross, d’Abel Ganz. Ce groupe britannique de néo-progressif a derrière lui près de trente ans de carrière, avec un premier album en 1984; ça s’entend et c’est son principal défaut.

Contrairement à un certain nombre de progheads, du genre à penser que si c’est après 1978 (ou avant 1992) c’est de la merde, j’aime bien le néo-prog. Marillion, Twelfth Night et Pendragon ont bercé mes débuts dans le progressif, avant que je ne m’intéresse aux Grands Anciens ou que je ne rencontre Dream Theater. Mon problème, avec Shooting Albatross, c’est que j’ai trop l’impression d’entendre du IQ des Âges Héroïques. Comme ce n’est en plus pas ma période préférée pour ce groupe, ça coince un peu.

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Aone: The Age of Aquarius

Même après avoir écouté l’équivalent de jours entiers de métal progressif, il y a encore des groupes qui arrivent à me prendre complètement par surprise. C’est le cas de Aone, qui, avec son Age of Aquarius, vient de sortir un sérieux concurrent au titre d’album de l’année. Tenez, c’est bien simple: je les compare avec l’énormissime The Fullness of Time de Redemption.

La première surprise vient de la musique. Le métal progressif est un genre qui, s’il n’est pas encore au point de tourner en rond, génère beaucoup de redites; n’est pas Dream Theater qui veut et, après un énième clone, on finit par se lasser. Dans le cas d’Aone, il s’agit plus d’inspiration que de clonage; on trouve aussi des accents de Fates Warning dans les plus longues compositions, mais aussi une approche distinctement rageuse qui n’est pas sans rappeler la colère et l’urgence, justement, de Redemption et des accents nu-metal à la System of a Down.

La deuxième surprise vient de la maîtrise, individuelle et collective. Les musiciens sont tous au minimum des grosses brutes et leurs compositions sont taillées au cordeau, avec juste ce qu’il faut de décrochages et de décalages, par exemple par un usage de guitare discordante ou de chant guttural pour souligner un passage, par exemple sur Paralell Anthill ou sur le morceau titre. Oui, il y a un peu de growl, mais pas suffisamment pour m’agacer.

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Flashback of Anger: Splinters of Life

Les publicitaires, ça ose tout; c’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît. Comme, par exemple, de coller une étiquette “prog-métal, pour fans de Dream Theater” sur l’album Splinters of Life de Flashback of Anger. Disons-le clairement: ce n’est pas avec cet espèce de flan à l’avanie que le fan de la bande à James Labrie va changer de crèmerie.

 

DGM: Frame

Pour faire un bon minestrone d’Ita…

Euh, pardon; je reprends. Pour faire un bon groupe de métal progressif, il faut des bons musiciens, beaucoup d’enthousiasme, l’intégrale des albums de Dream Theater et, le cas échéant, un peu d’originalité. Frame, le dernier album des Italiens de DGM, remplit ces conditions. Mais pas beaucoup plus.

 

Takara: Invitation to Forever

Je vous parlais précédemment de l’abus des étiquettes; vous allez rire: ça continue! Dans le cas présent, l’album Invitation to Forever, de Takara, marqué “prog” par La Citadelle, s’avère être une resucée de hard-FM des années 80. Au temps pour le “forever” (à moins qu’ils n’aient confondu avec Foreigner…). À leur décharge, l’album a été …

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Dreamscape: 5th Season

Un petit billet, en passant, pour vous parler d’un CD acheté ce week-end: 5th Season, du groupe allemand Dreamscape. L’étiquette, sur la pochette, disait quelque chose du genre “pour les fans de Dream Theater”; il faut entendre par là “… qui n’ont pas peur du plagiat.” Ce n’est pas que ce soit un mauvais groupe, …

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Redemption: The Fullness of Time

Tiens, j’ai oublié de vous en parler, de celui-là. La dernière surprise musicale de l’été, avant la Grande pause jusqu’à la rentrée (et les hordes de bouses publicitaires dont les médias ne vont pas manquer de nous abreuver), c’est l’album The Fullness of Time de Redemption.

Le groupe, qui n’en est pas à son coup d’essai (un autre album au compteur, que je n’ai pas encore écouté), semble être un de ces projets communs réunissant plusieurs pointures de la scène prog-metal US; on y trouve notamment Ray Adler, chanteur de Fates Warning. C’est d’ailleurs une des références musicales principales: non seulement la voix, mais les textes introspectifs et souvent sombres, sont assez typiques de ce groupe.

Mais Redemption n’est pas un simple clone de Fates Warning (notons au passage qu’on peut cloner nettement plus mauvais, dans le genre…). En fait, ça pourrait être le cousin fantasque de Fates Warning: pas forcément moins talentueux, mais sacrifiant un peu de virtuosité pour un grain de folie bienvenu. La musique est au croisement entre Fates Warning, Dream Theater (pour la pêche et le sens épique des compositions) et Pain of Salvation (pour l’originalité du traitement).

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Scenes / Shadow Gallery / Dream Theater — Playlist – 22 juin 2005

Ce sont probablement les derniers arrivages avant l’été, longue période de sécheresse musicale — en ce qui concerne les nouveautés –, mais c’est loin d’être négligeable: un nouveau Dream Theater, le retour de Shadow Gallery et un petit nouveau, Scenes.

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Et Dieu dans tout ça?

Dieu est très tendance. En tous cas si j’en crois mes dernières trouvailles musicales.

Or donc, je suis allé faire un tour (en fait, deux) chez mon disquaire préféré, une boutique genevoise microscopique qui a la bonne idée de vendre des trucs que j’aime (et qui en plus n’est pas loin du Paradoxe Perdu; double bonus!).

J’en ai ramené, entre autres blagues, les nouveaux albums de Dream Theater (Train of Thought), Magellan (Impossible Figures), et un album solo de Neal Morse (chanteur de Spock’s Beard; Testimony). Soyons clair: si on est allergique aux références chrétiennes, mieux vaut passer son chemin! Y’en a. Beaucoup. Avec Neal Morse, on entre carrément dans la catégorie “rock chrétien”, ou je ne m’y connais pas.

C’est agaçant.

Maintenant, je ne suis pas allergique aux références chrétiennes. Ce qui est heureux, quand on sait pour qui je bosse. Mais à la longue, ça fatigue. La bonne nouvelle, c’est qu’au moins, on n’est pas trop volé sur la musique: ça reste du prog, avec des vrais bouts de Yes (dans le Magellan) ou de Kansas (chez Neal Morse). Et puis bon, Dream Theater, même quand ils font de la merde (ce qui n’est pas le cas ici), ils dominent quand même la production musicale actuelle de la tête et des épaules.

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