Tous les deux ans, le musicien allemand Thomas Thielen nous gratifie d’un nouvel album de néo-prog sous le nom de son projet T. Le dernier en date, poursuivant sur le thème des mots-valises improbables, est Solipsystemology.
Dans ma chronique du précédent, Epistrophobia, j’évoquais la théorie que T était le groupe que Marillion aurait pu être si, après Holidays in Eden, il était resté dans la veine du rock progressif tendance néo-prog. On y trouve en effet une musique complexe et une voix qui est proche de celle de Steve Hogarth.
Histoire d’enfoncer le clou sur le côté prog, Solipsystemology est un album de près d’une heure et quart, avec sept pistes. Personne ne sera étonné d’apprendre que la plus courte dépasse les six minutes, avec pas moins de trois epics de plus de dix minutes (plus un qui s’en approche).
En général, j’aime beaucoup ce que fait T. Sans révolutionner le genre, il fait partie de ces « joyaux cachés » du prog contemporain, avec un goût certain pour les compositions longues, complexes, mélancoliques mais avec quand même pas mal de patate.
Je dis « en général », parce que j’ai quelques réserves sur Solipsystemology. Dans son ensemble, c’est un album de T assez classique, mais je trouve qu’il souffre de deux défauts.
Le premier, mineur, c’est que T s’essaye à quelques passages discordants et je ne trouve pas ça très convaincant. Le second, un peu plus gênant, c’est la voix de Thomas Thielen.
Ce n’est pas faire injure à l’un ou à l’autre que de dire que Thomas Thielen n’est pas Steve Hogarth. Certaines acrobaties vocales auraient sans doute été à la portée du second, mais pas du premier. En conséquence, il y a quelques couacs – rares, mais très gênants.
Plus globalement, je trouve aussi que cet album souffre du syndrome du chanteur omniprésent. Ça chante beaucoup, comme dans « trop »; les parties vocales tendent à étouffer les compostions. C’est dommage, parce que ça me gâche un peu l’écoute. Non, ne cherchez pas: il n’y a pas de contrepèterie.
D’autant que Solipsystemology compte pas mal d’aspects très bien foutus. Il y a un équilibre entre des parties introspectives, parfois minimalistes et mélancoliques, et des soudaines explosions d’énergie prog, plus quelques très belles montées en puissance. En plus, les morceaux s’enchaînent souvent sans transition, donnant l’impression d’une œuvre homogène.
Je citerais par exemple « The Haunted Ghost », « Lifeoscopy » (sans doute le plus accessible, avec ses six minutes) ou « When We Were Us ».
Si les quelques maladresses de Solipsystemology me déçoivent, il reste que T signe ici un nouvel album impressionnant dans sa discographie. Si vous êtes un amateur de néo-prog, n’hésitez pas à découvrir ce projet méconnu.
Bonus: le trailer de l’album
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23/12/2019 at 13:38
Pour 2020, pourquoi pas une chronique sur les Infected Mushrooms ? Le groupe s’est fait connaître en mélangeant metal et psytrance, et est devenu comme ça une référence du genre : https://www.youtube.com/watch?v=8zH2JP4LgaE
23/12/2019 at 17:17
J’ai écouté deux-trois morceaux et le mélange Carpenter Brut / Ozric Tentacles, c’est pas trop mon trip. Sans jeu de mots. C’est sympa sur un morceau ou deux, mais je pense pas que je tiendrais un album entier.
23/12/2019 at 18:32
Chacun son truc…