Bon, on connaît tous le slogan: “espace, ultime frontière”; tellement ultime que les producteurs de Star Trek ont relancé la machine – douze ans après la fin de la précédente, Enterprise – avec une nouvelle série, intitulée Discovery.
Celle-ci se déroule environ dix ans avant le début de la série originelle – celle avec Kirk, Spock et toute la bande en pyjamas – au début de la guerre entre la Fédération des planètes-unies et l’Empire klingon. Tellement au début que les deux premiers épisodes montrent comment la guerre débute.
J’avoue, je spolie. En même temps, il y a tellement de coups tordus et de retournements de situation dans cette première saison qu’il est difficile d’en dire quoi que ce soit sans révéler un minimum ce qui s’y passe.
Disons que l’histoire se centre sur le personnage de Michael Burnham (Sonequa Martin-Greene), une humaine orpheline, recueillie par des Vulcains et éduquée sur Vulcain – techniquement, c’est la demi-sœur adoptive de Spock. Au début du troisième épisode, elle a été condamnée pour mutinerie et se retrouve, par hasard (?), à bord d’un vaisseau expérimental, le Discovery.
Enfin, quand je dis “se centre”, c’est peut-être un peu exagéré. L’un dans l’autre, comme personnage principal, j’ai déjà vu plus intéressant. Ou, pour être plus précis, mieux mis en valeur. Ou peut-être que le soucis, c’est qu’elle est un peu fade au milieu de la palanquée de cas sociaux qui composent l’équipage du Discovery, à commencer par son capitaine, Gabriel Lorca (Jason Isaacs) ou son savant fou, le lieutenant Stamets (Anthony Rapp).
Un peu comme Star Wars ou Doctor Who, Star Trek est une série qui a un passé conséquent. Et, parfois, ce passé ressemble furieusement à un passif. Du coup, l’idée de faire une histoire qui se déroule dix ans avant la série originelle est spectaculairement casse-gueule: comment, par exemple, justifier le fait que la technologie y soit largement supérieure à tout ce que l’on voit dans les épisodes censés se dérouler plus tard.
À commencer par les pyjamas, d’ailleurs.
J’ai l’impression que, pour une bonne part, les auteurs ont décidé de s’asseoir sur ce genre de choses et se concentrer plus sur l’histoire que sur les détails – quitte à jouer la carte du clin d’œil, par la suite. Du coup, si l’on retrouve des éléments visuellement très typés Star Trek (les emblèmes, les vaisseaux), c’est une série qui joue sur une charte graphique résolument moderne, avec écrans holographiques et uniformes à peu près crédibles.
N’étant personnellement pas membre du Djihad Doré Trekkiste, j’ai trouvé ce nouveau regard plutôt bienvenu. Il joue sur l’ambiguïté d’une Fédération utopique et pacifiste face aux réalités d’une guerre – on peut même dire que c’est le thème central de cette première saison. Même pas une sale guerre, juste une guerre, face à des adversaires qui semblent ne vivre que par et pour elle.
En parlant des adversaires – les Klingons, donc – c’est à mon avis le gros point faible, visuellement. Alors certes, les Klingons old-skool jouaient à plein sur le cliché des humains-avec-des-prothèses-sur-la-gueule (couleurs exotiques en option), mais là, ça ressemble à un croisement entre Hellraiser et Warhammer 40K, revu par des cosplayeurs ivres.
Et puis je pourrais aussi gloser sur les grandes tirades en langage klingon, déclamées par des auteurs qui semblent faire de la pure phonétique. Heureusement, ce ne sont pas les seuls antagonistes – mais je ne vous en dis pas plus.
Parce que la grande force de Discovery, ce sont les divers retournements qui jalonnent cette première saison. Soyons honnêtes: quand est-ce que Star Trek vous a fait dire “purée, je ne l’avais pas vue venir, celle-là!” pour la dernière fois (la fin de la saison 4 de Enterprise ne compte pas)?
Discovery se place dans le grand nouveau de la SF télévisée, aux côtés de séries comme The Orville, Dark Matter ou The Expanse. Je la placerais plutôt sur le haut du panier: elle a certes quelques défauts, mais rien de rédhibitoire et, au contraire, beaucoup de qualités. Du coup, j’attends avec beaucoup d’intérêt la prochaine saison.
Pour soutenir Blog à part / Erdorin:
Blog à part est un blog sans publicité. Son contenu est distribué sous licence Creative Commons (CC-BY).
Si vous souhaitez me soutenir, vous pouvez me faire des micro-dons sur Ko-Fi, sur Liberapay ou sur uTip. Je suis également présent sur Patreon et sur KissKissBankBank pour des soutiens sur la longue durée.
Je suis plutôt de ton avis. Mon seul regret reste le look des Klingons que des pirouettes scénaristiques amusantes des différentes séries (Enterprise en tête) s’étaient littéralement cassé les coui**** à justifier entre la série originale et l’époque Next Génération/DS9/Voyager et que cette série jette aux orties sans la moindre espèce de considération. En dehors de ça, j’ai été bluffé par “je l’avais pas vu venir” et j’y ai pris mon pied. C’est un renouveau notable sur la licence et j’attends beaucoup de la suite.
Et pourquoi garder le nom star trek qui est presque un frein, finalement, à obliger aux klingons etc… Les licences c’est gonflant
Quand c’est bien fait, ça donne des univers partagés très riches et très enthousiasmants.