Matthias, étudiant glandeur dans un avenir proche où une épidémie a tué près de la moitié de la population, trouve un jour une lettre énigmatique glissée sous sa porte. Cette lettre le lance sur la trace d’une peinture du XVe siècle, sur laquelle il reconnaît sa mère et son oncle. C’est ainsi que commence Où s’imposent les silences, d’Emmanuel Quentin.
Ce roman raisonnablement court – 240 pages environ – me laisse une impression bizarre, comme un goût d’inachevé et aussi l’impression que soit l’auteur ne savait pas très bien là où il allait, soit qu’il n’a pas vraiment réussi à l’expliquer. Ce qui m’embête pas mal, parce que dans l’absolu, j’ai plutôt eu plaisir à le lire.
Dans la première de ses trois parties, le lecteur rencontre deux des principaux protagonistes: Matthias Helm, l’étudiant, et Alexandre Jovic, flic parisien aux prises avec un crime incompréhensible. Il y a également une femme, initialement anonyme, qui se débat sans souvenirs dans une réalité bizarre.
Bien évidemment, tout est lié par une histoire de voyage interdimensionnel, mais il faut avant cela se taper une longue deuxième partie sur un quatrième personnage, Dimitri et son histoire de soldat au service d’une dictature prête à toutes les expériences pour s’étendre. Pour ne rien arranger, la troisième partie renoue les fils de façon franchement compliquée.
À mon avis, Où s’imposent les silences souffre d’un problème de rythme et de cohérence. La deuxième partie est un long flash-back qui n’est pas forcément utile – pas sur autant de pages, en tout cas – et qui révèle le nœud de l’histoire, mais en apportant presque autant de questions que de réponses. Quant à la dernière partie, elle tente de résoudre le bazar de façon plus ou moins concluante, mais j’ai vraiment l’impression qu’Emmanuel Quentin a ouvert trop de portes et qu’il ne sait plus comment les refermer.
C’est dommage, parce que Où s’imposent les silences est un roman qui bénéficie d’une écriture maîtrisée et de bonnes idées de départ. Il y a peut-être trop de bonnes idées, en fait, comme si l’auteur n’avait pas su choisir entre celles qu’il fallait garder et celles qui auraient pu aller dans une suite ou même un autre ouvrage. Mais, à vrai dire, c’est le genre de bouquin où je ne sais pas trop si le problème est chez moi ou dans le texte.
Du coup, je suis un peu embêté pour le recommander. D’un côté, il y a contexte intéressant avec des vraies trouvailles, ainsi qu’un style agréable; de l’autre, un sentiment de confusion et d’inachevé qui se retrouve d’ailleurs dans le texte même de l’épilogue.
D’autres avis sur le Blog du Maki, chez Mes Imaginaires, sur My Inner Shelf, sur le Blog de Ptitelfe…
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