“La République des Enragés”, de Xavier Bruce

On est en mai 1968, à Paris. Antoine, Brigitte, Adèle et les autres sont jeunes, ils ont la rage, et ils ont aussi des pouvoirs extraordinaires: ce sont les protagonistes de La République des Enragés, de Xavier Bruce.

On pourrait résumer ce roman par « Les X-Men font Mai-68 », mais ce serait pousser un peu loin la métaphore. Les choses sont un peu plus compliquées que cela – à commencer par le contexte sociopolitique, qui n’est bien évidemment pas aussi simple que les images qu’on peut en avoir, près de cinquante ans plus tard.

Il y a aussi l’idée que les jeunes ont d’abord été victimes des expérimentations d’un savant qui, avec l’aval de la République française, a fait d’eux des individus hors du commun. Leur passé est une blessure, passée sous silence par la Raison d’État et que seul le scandale a fini par faire cesser.

Mélangez l’un et l’autre – la sclérose d’une société encore hantée par la guerre et la défaite et anesthésiée par la prospérité et la révolte d’une jeunesse qui étouffe et de certains de ses éléments devenus cobayes pour la France – et vous avez la recette d’un roman explosif.

Sauf que la sauce peine à prendre. Ou, à tout le moins, que je peine à crocher à l’histoire. Les éléments sont tous là, les événements s’enchaînent, mais ça ne parvient pas à me passionner pas.

Je soupçonne qu’une des raisons derrière ce problème, c’est la multiplicité des personnages: la demi-douzaine de jeunes révolutionnaires, le jeune secrétaire d’État bouffi d’ambition, le militaire fasciste, la mère maquerelle… Ça fait beaucoup et ça saute sans cesse de l’un à l’autre, avec en plus des passages de la première à la troisième personne.

J’ai aussi trouvé que les intrigues avaient tendance à s’entremêler de façon bordélique et à se terminer en queue de poisson. Multiplication des personnages et multiplications des intrigues, ça fait d’un seul coup beaucoup de choses à gérer à la fois pour le lecteur.

L’écriture n’est pas assez soutenue non plus pour rattraper le coup; oh, elle fait son boulot et, avec un intrigue plus resserrée et un point de vue plus clair, elle aurait été tout à fait à la hauteur, mais là, elle est juste banale.

Reste un contexte intriguant qui, une fois encore, me rappelle mes idées de révolution, de rock’n’roll et de pouvoirs mentaux. Les ambiances de Mai-68 sont vraiment impressionnantes, avec ses scènes de rues, mais aussi ses grenouillages officiels (les prisons secrètes) et officieuses (la possible vacance du pouvoir attire les convoitises).

Soyons clair: je ne dis pas que La République des Enragés est un mauvais bouquin. En l’état, il est pas mal, mais sans plus. Du coup, il y pour moi un côté frustrant: au vu du thème, je m’attendais à mieux et je me dis qu’il aurait bénéficié d’un meilleur traitement, plus resserré sur un ou deux personnages et autant d’intrigues.

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