« Record of a Spaceborn Few », de Becky Chambers

Troisième tome de la série Wayfarers de Becky Chambers, Record of a Spaceborn Few s’intéresse à l’humanité et, plus précisément, à la diaspora connue sous le nom de Flotte exodéenne.

Et, une fois n’est pas coutume, il commence par une grosse catastrophe: un des vaisseaux de la flotte est détruit suite à une défaillance technique. Mais cette catastrophe n’est qu’un des catalyseurs qui va impacter les personnages de ce roman choral.

Car la question centrale, c’est comment une culture peut se réinventer quand le but ultime qu’elle s’était fixée est atteint. En effet, la Flotte exodéenne a été construite à l’origine pour emporter l’humanité vers les étoiles. Et cela fait maintenant plusieurs décennies que les Terriens font partie de la Communauté galactique, alors à quoi sert encore la flotte?

Pour répondre à cette question, Becky Chambers fait appel à plusieurs personnages, dans et hors de cette Flotte. Sawyer, jeune homme dont la famille a migré sur une planète, revient y chercher du sens. Tessa, une ouvrière mécanicienne (et accessoirement sœur d’Ashby, le capitaine du Wayfarer), Kip, un adolescent en plein questionnements, Isabel, archiviste vétéranne, et Eyas, qui est une forme de pasteur qui s’occupe des naissances et des décès, y vivent et, pour certains, se demandent si leur avenir n’est pas ailleurs.

Et puis il y a Ghuh’loloan, un chercheur extraterrestre, qui va jouer le rôle du candide et révéler les particularités de la civilisation exodéenne, une culture où la violence est proscrite, où les corps des défunts sont recyclés en compost et où l’argent n’a pas cours – en théorie.

Petite note personnelle: il y a une quinzaine d’années, j’ai eu l’occasion d’assister à une cérémonie de réconciliation entre Luthériens et Mennonites, les seconds ayant été très longtemps persécutés plutôt salement par les premiers. À la suite de cette réconciliation – point culminant d’un processus sur plusieurs décennies – j’ai entendu un participant mennonite dire que la persécution dont ils avaient été victimes pendant près de cinq siècles était tellement imbriquée dans leur culture qu’il allait être pour eux difficile d’apprendre à vivre sans. J’ai pensé à cette anecdote en lisant ce bouquin, un parallèle avec une culture exodéenne qui doit faire face à sa propre obsolescence, d’une certaine façon.

D’ailleurs, Record of a Spaceborn Few aborde plusieurs thèmes peu traités en science-fiction, notamment le rapport à la mort et aux rites funéraires, dans une société principalement laïque. On voit aussi pointer les rivalités entre les sociétés spatiales et planétaires (et la rivalité entre exodéens et martiens). J’ai aussi beaucoup aimé la petite surprise finale sur l’origine des vaisseaux exodéens (d’autant qu’un des rares points qui me faisaient grommeler dans cette histoire, c’est le cliché « construire des vaisseaux spatiaux pour quitter une planète invivable », qui ne tient pas vraiment debout quand on y réfléchit).

Une fois encore, dans cette série, il ne faut pas s’attendre à des aventures à grand spectacle et des enjeux galactiques. On est dans une science-fiction à hauteur de personne, au ras du sol – même si ce sol est celui d’un vaisseau spatial. Et ce n’est pas plus mal: Record of a Spaceborn Few s’intéresse à des sujets qui nous touchent. Ou, à tout le moins, qui me touchent. Je reviendrai bientôt avec le quatrième et dernier tome de la série – je l’ai déjà lu, mais je suis un peu en retard sur mes chroniques – et je peux déjà vous dire que c’est une des meilleures séries de science-fiction que j’ai lues.

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2 réflexions au sujet de “« Record of a Spaceborn Few », de Becky Chambers”

  1. Je viens de voir que ce volume est même paru en français en Livre de poche sous le titre Archives de l’exode (et est disponible en bibliothèque à Paris).
    Merci pour la suggestion. S’il y est vraiment question de martiens, ça pourra rentrer dans mon “challenge marsien (autour de la planète Mars) – 2e édition”!
    (s) ta d loi du cine, “squatter” chez dasola

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    • Bonjour et bienvenue!

      Le premier est peut-être encore plus dans ce cadre, plus que le personnage “principal” est originaire de Mars.

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