Ça faisait un moment que j’attendais ce passage, un de ceux qui m’avaient le plus marqué dans la prose san-antonienne, et comme je viens de le lire dans De “A” jusqu’à “Z”, je n’hésite pas à vous le resservir tel que:
Que fait-il, le cher San-Antonio, à part vider son verre quand il est plein? Il attend. Et qu’attend-il? La manifestation d’un rudimentaire personnage appelé Benoît Bérurier. Or, elle se produit, cette manifestation espérée. Elle se produit en tornade. Taxi, claquement de portière. Le Gros glisse sur l’unique peau de banane de la rue. Il se pète la gueule contre une bordure de trottoir, saigne du nez, renifle le tout, jure, maugrée, bouscule le facteur, crève le ballon rouge d’un mouflet qui sortait de chez André, lance une bouffée d’ail au nez de sa mère qui proteste, entre enfin dans l’établissement et me lance depuis le seuil un coup de sifflet tellement strident qu’on est obligé d’emmener d’urgence dans une maternité une dame qui n’était pas fâchée avec son mari huit mois plus tôt, de ramasser les dix-huit verres que dix-huit consommateurs ont lâchés simultanément et de faire évacuer la salle, because le percolateur vexé va sûrement exploser.
Après ça, qu’ajouter d’autre? Le reste n’est que littérature, hélas.
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