Aujourd’hui – enfin, hier, mais on ne va pas chipoter – c’est le dixième anniversaire de Blog à part, version WordPress. Le blog en lui-même, c’est un peu plus compliqué; disons que si c’était une personne, il aurait désormais l’âge légal pour aller boire des bières.

Donc, un peu plus de seize ans à bloguer. Ça fait une pelle de billets: pas loin de 3 600 en tout, près de 9 000 commentaires sur la version WordPress – j’ai perdu les plus anciens, dommage. Si on compte une moyenne de 400 mots par article, ça fait environ un million et demi de mots.

Alors oui, comme le rappelait Ploum il y a pas longtemps, l’écriture est une affaire d’égo et les bilans de ce genre, encore plus. J’assume – même si je n’irai pas plus loin dans les chiffres.

Ça fait longtemps que je ne me fais aucune illusion sur le sujet: j’écris certes pour m’amuser, mais j’ai également des illusions d’Auteur – oui, avec une majuscule – et je ne kiffe jamais autant ce que j’écris que quand j’ai des commentaires.

Nature humaine toussa. Live with it.

Comme je l’avais annoncé précédemment, je suis en train de dépoussiérer un peu le blog. Ceux d’entre vous qui me lisez autrement que par RSS auront constaté un nouveau thème – Customizr, du même auteur que le précédent, Hueman, et recommandé par l’ami David.

Pour le moment, Blog à part est toujours le même blog fourre-tout, avec de la musique, des bouquins, des films, et des coups de gueules divers. Je n’ai pas encore renoncé à créer des sections différentes – ou, à tout le moins, des portes d’entrées thématiques – mais je bute quelque peu sur la façon la plus rationnelle d’y arriver. Ou même la façon d’y arriver tout court.

Au cours de ces seize (et plus) années passées, j’ai vu pas mal de monde se lancer dans le blog, puis laisser tomber. Parfois reprendre, aussi.

Ce n’est pas forcément un exercice qui convient à tout le monde. Il faut avoir envie d’écrire, déjà: aimer le média. Et puis il faut aussi trouver ce sur quoi écrire. Et, enfin, ne pas succomber à une forme de syndrome de l’imposteur qui fait croire qu’on n’est pas habilité à parler d’un sujet.

Vous connaissez mon point de vue sur le sujet: pour reprendre le titre d’un vieux film français, ce n’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule. C’est très en phase avec ma nature de Genevois, quelque part.

Au-delà de la boutade, je pense que l’envie d’écrire est en soi un argument suffisant pour le faire. Après, il faut garder une certaine mesure et rester humble. Et puis le principe derrière la publication sous cette forme, c’est aussi que l’on donne implicitement aux lecteurs le droit de réagir et de commenter.

En 1999, le Cluetrain Manifesto commençait par “les marchés sont des conversations” et, sur la base de cette analogie, tentait d’expliquer Internet en nonante-cinq thèses. Oui, un peu comme mon “patron”.

J’ose volontiers le raccourci qu’Internet est une conversation et que les blogs sont peut-être une des manières les plus simples de tenir ce genre de conversation, là où les réseaux sociaux sont un peu l’équivalent de tenter de discuter dans une salle remplie de gens qui hurlent.

Peut-être que je me raccroche à l’idée d’un Internet passé, une sorte de nostalgie des Temps Héroïques pré-Facebook – il y a dix ans, autant dire une éternité. Peut-être. En même temps, pour paraphraser Psychée, le futur est ce qu’on en fait.

(Image: “Pint of Beer” via LibreShot, sous licence CC0.)

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