« Metalya entre les mondes » de Patrick Moran

Metalya est une pacificatrice. Ce qui, dans la cité de Tal Emmerak, signifie qu’elle est à la fois policière et détective privé. Et ce qui explique aussi pourquoi, alors qu’elle aspire principalement à en faire le moins possible, elle se retrouve plongée dans une enquête très bizarre dans ce roman de Patrick Moran, Metalya entre les mondes.

En apparence, Tal Emmerak est une cité au bord de mer, une ville-état indépendante entre deux puissances hégémonistes, dans un monde qui pourrait être le nôtre. À un détail près: la magie – pardon, l’énergie noogénique – existe et est étudiée par les scientifiques.

L’enquête de Metalya concerne d’ailleurs l’une d’entre elles, retrouvée morte étranglée. Son mari, inconsolable, veut faire la lumière sur ce meurtre et engage la pacificatrice pour ce faire. Assez rapidement, cette dernière va s’apercevoir que la brillante scientifique cachait pas mal de secrets plus ou moins avouables et que son enquête va l’emmener très loin.

J’ai beaucoup aimé ma lecture de Metalya entre les mondes pour plusieurs raisons. D’abord, un contexte qui jongle constamment entre l’exotique du monde de fantasy monté en graine et le côté familier d’une pseudo-Los Angeles plein de détails foutraques qui « font vrai ». L’utilisation est « éclats », des objets magiques à usage unique – et pas toujours très bien contrôlés – est plutôt bien gérée.

Ensuite, une héroïne à l’image de sa ville: métisse, élevée dans un environnement violent et sale, blindée de troubles obsessionnels compulsifs et qui cherche à vivre le mieux possible tout en en faisant le moins possible. Et qui, malgré tout, a des principes, ce qui va la mettre sérieusement dans le pétrin. Sérieusement, comme dans « s’en prendre plein la gueule », un peu comme les détectives hard-boiled.

Enfin, une intrigue qui est probablement pas renversante pour les gens qui ont l’habitude des polars, mais qui moi m’a parue bien foutue, avec pas mal de rebondissements et des antagonistes en nuances de gris. Il y a peut-être un peu trop de circonvolutions à gauche et à droite (tous les passages autour de la pseudosecte sont un petit peu bizarres), mais ce n’est pas difficile à suivre non plus.

Ça fait beaucoup de points positifs, du coup, mais y a-t-il des points négatifs? Pas vraiment. En grattant bien, il y aurait peut-être quelque chose à dire sur l’ensemble, qui paraît un peu « léger » par rapport au potentiel. Mais je vous concède volontiers que c’est du pinaillage. Disons qu’il ne faut pas s’attendre, en lisant Metalya entre les mondes, à un truc qui va vous retourner la tête, mais ce n’est probablement pas ce qu’on lui demande, non plus.

Tout ceci fait de Metalya entre les mondes une chouette lecture, qui laisse un petit goût de trop-peu, mais qui sait? Peut-être l’auteur prépare-t-il une suite? Déjà que, techniquement, celui-ci se déroule dans l’avenir d’un de ses précédents romans, tous les espoirs sont permis.

D’autres avis chez Les Fantasy d’Amanda, Au pays des caves trolls, Fantasy à la carte, Yuyine et d’autres.

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