J’ai failli le manquer, mais grâce à Olivier Dubuc, guitariste du groupe, j’ai pu récupérer à temps le nouvel album de Maudits, In Situ. Et, franchement, ça aurait été dommage de le manquer, parce qu’il va encore marquer l’année.
Depuis 2019, Maudits s’est employé à dynamiter le petit ronron du post-rock. Le groupe français, désormais trio, propose une musique sombre, qui se parait déjà de néoclassique (avec un violoncelle), mais qui sur cet album va également chercher des sonorités bien plus inattendues, dont deux pistes chantées.
Avec seulement trois quarts d’heure, In Situ ne s’attarde pas. Le troisième album du groupe (qui a également sorti plusieurs EPs et splits) compte sept pistes, dont trois de plus de huit minutes.
Du post-rock français, avec un violoncelle et qui révolutionne les codes du genre? Difficile pour moi de ne pas faire le parallèle avec mon chouchou de l’année, Bruit≤. Mais la proposition musicale de Maudits est différente.
En fait, elle est double: d’une part, une musique instrumentale qui, en effet, peut se comparer à celle de ses confrères toulousains, mais avec un côté plus brut, peut-être plus sombre également. Et, d’autre part, des expérimentations chantées très surprenantes.
C’est en effet la surprise de l’album: d’abord, une reprise de Portishead, « Roads », avec Mayline Gautié au chant. Classique, mais sympa. Et surtout « Carré d’as », improbable mélange de post-rock sombre et de vocaux par Olivier Lacroix. Improbable peut-être, mais, avec son histoire fantastique faisant écho au nom du groupe, je l’ai trouvé franchement bluffant d’efficacité.
Et, à côté de cela, In Situ nous balance plusieurs longues pistes instrumentales, comme « Fall Over », « Précipices Part III » et « Lev-Ken ». Des pistes plus classiques en apparence, mais qui se déploient de façon magistrale. Les empilements de couches sonores sont vertigineux, les guitares volontiers mordantes et le violoncelle y ajoute une touche aérienne, comme un cyclone vu depuis l’orbite.
In Situ déboulonnera-t-il sur le fil The Age of Ephemerality? Probablement pas, mais ça ne se joue pas à grand-chose. Maudits prouve une fois encore qu’il est là lui aussi pour renverser les tables sur la scène post-rock, française et mondiale. Cet album est donc chaudement recommandé; il est disponible sur Bandcamp.
Bonus: la vidéo de « Carré d’as »


Laisser un commentaire