Comme vous l’avez peut-être lu sur le site d’en face, j’ai décidé de sauter le pas et de publier mes deux “romans”, Progressions et Erdorin, au format physique. Pour ce faire, j’ai eu recours à CreateSpace, un site américain qui propose de l’impression à la demande, à la suggestion d’une auteure suisse rencontrée récemment en librairie.
En fait, CreateSpace est propriété de Amazon, ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Personnellement, je n’aime pas Amazon et j’essaye d’utiliser leurs services le moins souvent possible, mais force est d’avouer que, sur ce point particulier, ils sont très efficaces.
Le principe est simple: vous fournissez des fichiers à CreateSpace – un pour l’intérieur, un pour la couverture (mais il y a une option pour passer par des services de mise en page professionnels et payants) – et ils vous impriment le bazar et le mettent en vente en ligne, sur leur propre boutique, sur Amazon, mais également sur des catalogues pour librairies.
Bon, dans les faits, c’est plus compliqué que cela. Déjà, parce que même si CreateSpace a un site en français, toute l’infrastructure est basée aux USA et, à l’inscription, il faut se fader un mètre cube de formulaires administratifs américains relatifs aux impôts et aux coordonnées bancaires.
La localisation américaine a également le défaut d’impliquer un sérieux mépris pour le système métrique. Les mesures sont indiquées en pouce et allez donc calculer la taille de la tranche pour votre couverture quand le site vous annonce fièrement que c’est un truc du genre 0.0017″ par page! Idem pour les formats: si vous voulez de l’A4, par exemple, oubliez! Ou convertissez votre mise en page en US Letter.
Cela dit, une fois que c’est posé, ça fonctionne plutôt bien: les bouquins sont de qualité très raisonnable, disponibles dans une large variété de formats (américains, donc), avec couverture souple ou rigide, finition matte ou brillante, papier blanc ou crème, etc. Vous déterminez votre prix catalogue – et donc vos royalties – sur la base du coût de base et des frais divers et vous pouvez même créer à la volée une version eBook pour Kindle.
Une fois que tout est posé et que les fichiers ont été approuvés par CreateSpace – comptez un ou deux jours ouvrables – ils sont techniquement disponibles. On peut également les commander au prix de gros: pour Progressions, c’est de l’ordre de $3 pour 160 pages, de $4 pour les 240 pages d’Erdorin. Le défaut, c’est que c’est fabriqué aux US et que les frais de port (et les délais de livraison) sont un peu argh! Un mois et $25 pour quinze bouquins, c’est raide!
Le concurrent numéro un de CreateSpace est sans doute Lulu, surtout en Europe; je l’ai pas mal utilisé pour plusieurs projets, notamment les suppléments Tigres Volants La Bibliothèque tachyonique. Il est plus simple à l’usage, mais propose moins de choix de formats; par exemple, le 13×20 que j’ai choisi pour les deux bouquins n’existe pas chez Lulu.
Surtout, de mon expérience, les prix de CreateSpace sont très inférieurs – genre, de moitié – et la qualité des bouquins est bien meilleure chez CreateSpace. La qualité est d’ailleurs un souci récurrent chez Lulu et j’ai entendu pas mal de gens s’en plaindre.
Il existe également IngramSpark, que j’ai essayé d’utiliser et qui semble avoir la préférence de pas mal d’éditeurs établis, mais qui m’a paru plus complexe. Par exemple, il demande d’avoir déjà un ISBN, là où Lulu et CreateSpace permettent tous deux d’en obtenir un “à la volée”. J’avoue que je ne suis pas allé très loin, mais si quelqu’un a des retours, ça m’intéresse. De ce que j’ai lu ailleurs, les prix sont comparables avec CreateSpace.
Bon, c’est un test qui doit surtout valoir pour les bêtes bouquins: une couverture en couleur, intérieur en noir-blanc. Pour des publications plus complexes – au hasard, un supplément de jeu de rôle, voire un livre de base – ça peut également s’avérer intéressant: j’arrive à $3 pour un supplément de 128 pages, comme la “campagne lupanar”. Par contre, là, je n’ai pas testé la qualité d’impression.
Un dernier mot pour ceux qui, comme moi, sont allergiques à Amazon et à ses mauvaises manières: on peut très bien utiliser CreateSpace pour juste imprimer des bouquins et les vendre soi-même. Il suffit de sélectionner le seul canal de distribution CreateSpace et vos bouquins n’apparaîtront pas sur le site Amazon, tout en restant dispos à l’achat pour vous seul, au prix de gros.
Perso, j’ai choisi de les avoir tout de même au catalogue, parce que bof, ça ne change pas grand-chose et ça permet aux éventuels intéressés qui n’ont pas l’occasion de me croiser de l’obtenir facilement. Je n’ai par contre pas sélectionné l’option Kindle, vu que les versions électroniques sont disponibles gratuitement et sans DRM.
(Photo: “An on-demand book printer at the Internet Archive headquarters in San Francisco, California. This stack of paper is a copy of Darwin’s Origin of the Species ready to be bound and cut”, par Dvortygirl via Wikimedia Commons, sous licence Creative Commons, partage dans les mêmes conditions)
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Et pour un exemplaire dédicacé, on peut faire comment ?
Soit on se croise et je te le remets en mains propres (je me laverai avant), soit je te l’envoie et c’est “prix de base + frais de port” avec un arrondi minimal parce que je n’ai pas envie de me faire ièche avec les centimes.
Petit retour après lecture de l’Arbre-monde (encore merci pour l’envoi).
Si le contenu est fort plaisant (il a juste fallu que je me renseigne sur Tigres Volants pour comprendre le contexte de ce mélange assez cintré & corsé 😉 le contenant me plaît moyennement. Je suis pas fasciné par la qualité de la couverture par exemple (je ne parle pas du dessin !) : je n’aime pas trop la texture (je n‘arrive pas à expliquer pourquoi) et elle a tendance à “rebiquer”. Par contre le brochage ou la colle tient bien, et la reliure n’accuse pas le coup.
Après, je suis un fanatique du livre imprimé nourri à la BD cartonnée, la niveau de qualité doit suffire aux Américains nourris au pulp…
Merci pour le retour! Oui, c’est clairement un peu cheap, du livre de poche en impression numérique. Mais, pour avoir testé Lulu, le site européen d’impression à la demande, la qualité est bien meilleure avec CreateSpace – et le prix est également moindre, même en prenant en compte l’expédition.
Par contre, je me dis que si les lecteurs ont besoin de checker les détails sur l’univers de Tigres Volants, j’ai un peu raté mon coup.
J’aime bien connaître tout le monde autour d’un livre, ça ne veut pas dire que l’histoire ne se tient pas par elle-même. Mais ces elfes en pleine SF, ça choque un peu au début 🙂
Intéressant. J’ai uniquement acheté des livres via lulu, parce que je suis aussi allergique à big A, faudrait que je voie pour suggérer ça à certaines amies. Mais j’aimerais savoir par curiosité: du coup, c’est un ISBN Suisse ou US ?
Je n’ai pas vérifié précisément, mais l’ISBN auto-attribué est sans doute américain.
La moindre faute éditoriale pouvant s’aliéner un lectorat : couverture peu attractive, reliure de mauvaise qualité, papier et typographie peu adaptés au format.
Bonjour et bienvenue sur ce blog!
Je ne pense pas que les fautes éditoriales aient une si grande importance – si c’était le cas, je connais un certain nombre d’éditeurs établis qui seraient sur la paille depuis longtemps.
Ce qui est probablement vrai, cela dit, c’est que l’apparence extérieure du bouquin, notamment sa couverture, a une grande importance et qu’il vaut mieux la soigner.
Un grand merci Alias, pour ton intéressant commentaire… Aurais-tu la gentillesse de me confier le nom de ton auteure suisse. J’envisage en effet de publier sur Createspace depuis la Suisse et ça m’a l’air bien plus compliqué qu’en Europe. Si tu ne pas que son nom apparaisse sur le blog, voici mon mail person: lychris@bluewin.ch
Un très grand merci d’avance, Christine
Hello et bienvenue!
Perso, je suis en Suisse aussi et le plus gros souci, ce sont les frais de port. Bon, et les formulaires administratifs américains, aussi. Pour le reste, je te fais un email.
Elle accompagne trois phénomènes : la difficulté pour les auteurs de trouver une maison d’édition, le développement du livre numérique et la multiplication des plateformes d’auto-édition sur Internet.
Bonjour et bienvenue sur ce blog! Cela dit, je ne vois pas à quoi se rapporte votre remarque. Pouvez-vous être plus précis(e)?
L’auto-édition est un peu difficile mais ça vaut le coût et ça rend très fier.