Ça n’a pas traîné: à peine reposé le premier tome que, après une rencontre à Trolls & Légendes, j’ai fait l’acquisition du deuxième tome de Lasser, le détective des dieux, intitulé Mariage à l’égyptienne.

La trame était déjà posée à la fin du premier tome: Isis engage Jean-Philippe Lasser, le détective gaulois exilé et théophobe, pour retrouver sa future belle fille, la déesse grecque Aglaé, disparue à dix jours du mariage. Et le voilà donc à patauger dans un marigot géopolitique qui, malgré les ors de la théocratie, n’est guère reluisant: Grecs et Égyptiens ne s’apprécient guère et ce mariage est vécu par un peu tout le monde comme une mésalliance majeure.

L’idée de départ est séduisante, l’intrigue est complexe, tout le monde soupçonne tout le monde et réciproquement; là-dessus, rien à redire et, avant d’aller taper dans les méchancetés, je dois dire que j’ai plutôt bien apprécié la lecture de ce deuxième tome.

Je vois cependant trois problèmes, dont deux sont liés à la série elle-même et le troisième est peut-être plus pertinent à ce volume en particulier. J’avais déjà mentionné le style, que je trouvais un peu trop pastiche à mon goût; ça n’a pas beaucoup changé. Je dois cependant admettre que la forme – roman au lieu d’un assemblage de nouvelle – est plus convaincante de ce point de vue; les auteurs m’ont d’ailleurs confirmé que le premier tome avait été écrit sur une période de dix ans, ce qui est toujours un peu problématique.

Le deuxième souci que j’ai tient au contexte, ce qui est plus gênant vu que c’est quand même l’un des principaux arguments de vente de Lasser. Pour dire les choses simplement, l’ensemble manque de cohérence interne et ça commence à se voir. Autant l’idée d’imaginer une Antiquité avec ses dieux bien réels, mais transposée dans les années 1930 est bonne et plaisante, mais l’exécution commence à laisser apparaître quelques soucis.

C’est mon côté uchroniste maniaque: je ne peux pas m’empêcher de décortiquer l’univers et d’y voir des incohérences. Par exemple, la mention des Britanniques, qui n’ont somme toute pas grand-chose à faire dans un monde peuplé de Goths, de Pictes, de Gaulois ou de Latins.

Cela m’amène en plus à me poser des questions plus générales et à regretter que l’on ne s’attarde pas trop à la vie quotidienne dans ce monde: comment vivent les gens des villes? Ont-ils l’eau courante ou la radio? Comment fonctionnent les usines ou les mines? Et j’en passe. Les questions sont peu ou pas évoquées et le monde flotte dans un une sorte de flou artistique qui est probablement voulu, mais qui m’agace un peu.

Le troisième point concerne plus précisément ce Mariage à l’égyptienne et tient beaucoup dans les compétences et la personnalité du héros. Pour faire une fois encore simple, j’ai du mal à m’attacher à Lasser. Déjà, le style “noir” à détective endurci, whisky et p’tites pépées, ce n’est pas trop mon truc.

Mais là, j’ai l’impression qu’il manque un truc sérieux à Lasser: il n’a pas beaucoup d’humour, il a tendance à être macho et mesquin et, honnêtement, j’ai l’impression que les deux-tiers de l’enquête, il les résout par hasard (un peu) et parce qu’il a des amis compétents. C’est limite un anti-héros, mais sans le détachement qui aurait pu le rendre sympathique.

Malgré cela, je continue à bien aimer ce que je lis; les intrigues sont plaisantes et, en passant outre mes pinaillages d’historiens contrarié et contrariant, l’univers dans lequel elles se déroulent est exotique à souhait. Il suffirait de pas grand-chose – soit un contexte plus resserré ou, au contraire, plus débridé et un héros aux contours mieux tranchés – pour que ce soit de vraiment bons bouquins.

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