Allison Ruth est une doctorante en philosophie avec un boulot de barista et une vie sociale fermement ancrée dans une sonorité universitaire. Un jour, elle se retrouve un pouvoir incommensurable et un seul mot d’ordre: Kill 6 Billion Demons.

Je résume. Déjà, il y a le fait qu’elle hérite de son pouvoir au cours de la tentative de dépucelage la plus spectaculairement foirée de l’Histoire.

Et que le pouvoir en question la catapulte dans le monde de Throne, au centre des 777 777 univers qui forment le multivers. Et que ce monde est le cadavre de Dieu. Et qu’elle y croise un ange contaminé par l’humanité. Et une démone autrice de fan-fiction.

Kill 6 Billion Demons, c’est à l’origine un webcomic de Tom Parkinson-Morgan (ou Abbadon), qui m’a été chaudement recommandé par mon binôme et néanmoins ami Antoine. Comme la perspective de me taper la palanquée d’épisodes sur écran ne m’enthousiasmait guère, j’ai acheté les trois tomes parus chez Image Comics.

J’aime bien Image Comics, en général, mais là je dois avouer qu’ils ont fait très fort dans le fail. D’une part, deux des trois tomes sont parus en petit format, qui ne rend pas vraiment hommage au dessin, et d’autre part, les trois tomes ont un format différent.

Je répète, pour être clair: trois tomes de la même série, trois formats différents.

Je suis un peu agacé.

C’est dommage, parce que Kill 6 Billion Demons, c’est bien bien fumé. Un chroniqueur de The Beat en dit que « c’est comme si un professeur de religion comparative avait décidé de faire un album de metal », mais en bédé. C’est très bien trouvé.

Kill 6 Billion Demons, page 33
Kill 6 Billion Demons, page 33

L’univers (multivers?) est extrêmement fourni, sur une base culturelle centrée sur l’Inde, mais qui va assez largement du Moyen-Orient au Japon, avec quelques incursions judéo-chrétiennes et d’autres trucs moins identifiables.

Visuellement, c’est foisonnant – parfois à l’excès. Les paysages regorgent de détails dans tous les coins, il y a régulièrement des fresques ahurissantes ou des plans gigantesques, plus quelques bagarres homériques entre entités qui feraient peut à un héros de shonen en fin de cycle.

Kill 6 Billion Demons, pages 53-54
Kill 6 Billion Demons, pages 53-54

Je suis moins fan du travail graphique sur les personnages, qui est un peu laborieux – surtout sur le premier tome, ça s’améliore ensuite.

Et surtout, l’histoire est bien barrée, avec Allison qui semble avoir hérité par hasard d’un pouvoir qui ne lui était pas destiné et qui fait d’elle l’héritière du plus puissant démiurge qui a succédé aux dieux.

Kill 6 Billion Demons, page 89
Kill 6 Billion Demons, pages 89

Les personnages sont bien écrits, avec Allison en « candide » qui décide que finalement, fuck that, elle va aller botter des culs et retrouver son petit copain. Et tant pis si ça met le souk dans le multivers – qui, soit dit en passant, n’a pas l’air d’avoir besoin de ça.

Kill 6 Billion Demons, c’est de la haute fantasy pour grandes personnes, avec des thèmes adultes et un univers assez monstrueux. Pour les rôlistes, il y a un petit côté Nobilis, mais avec plus de pains dans la gueule.

Si vous en avez le courage, le webcomic compte environ cinq cents pages, mis à jour deux fois par semaine; les trois tomes de l’adaptation en comics recouvrent les 350 premières pages. Mais si genre de fantasy mâtiné de théologie vous branche, n’hésitez pas!

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