Une des dernières scientifiques sur une terre mourante, Hadiz découvre par hasard le moyen de voyager vers des mondes parallèles. Mais dans le monde (ou les mondes) d’Infinity Gate, roman signé M. R. Carey, elle n’est pas la première et elle va mettre le pied au milieu d’une guerre majeure.
En effet, comme son nom l’indique, Infinity Gate est un univers où une infinité de Terres parallèles existent – tellement que l’humanité a également connu une infinité de développements, et rarement une évolution à partir de primates. Les variantes canines, félines et autres sont nettement plus nombreuses au sein du Pandominium, la tentaculaire structure politique qui chapeaute une grande variété de ces mondes parallèles.
Seulement, le Pandominium a récemment découvert des mondes contrôlés par des intelligences numériques et la rencontre a rapidement dégénéré en guerre et menace désormais de virer à l’anéantissement mutuel. Et Hadiz a de bonnes raisons pour penser qu’elle est dans une position unique pour empêcher le désastre qui s’annonce.
Vous l’aurez compris: dans le genre ambitieux, Infinity Gate se pose un peu là. Une infinité de mondes – toujours plus ou moins centrés autour de la ville de Lagos et de ses innombrables variantes – et une galerie de personnage plutôt improbable.
Hadiz, déjà; scientifique asociale, dernière survivante d’un centre de recherche ignoré par les derniers soubresauts de son monde qui se meurt. Et aussi Essien Nkanika, gigolo à peine sorti des bas-fonds d’un autre Lagos et qui va, bien malgré lui, se retrouvé intégré dans l’armée du Pandominium.
Et puis le duo/couple formé de Paz, une adolescente lagomorphe victime collatérale de la guerre et sa meilleure amie Dulcie, qui est plus qu’il n’y paraît (pas de spoiler!). Sans oublier Moon, militaire ailuromorphe embarquée un peu par hasard (ou pas) dans l’aventure.
Ambitieux, donc, mais avec les moyens. Déjà, Infinity Gate fait plus de 500 pages en format « poche » (grosse poche, donc!) et – ça, c’est un peu la mauvaise surprise – ce n’est que la première partie d’un diptyque.
Au niveau structure, l’histoire est racontée de plusieurs points de vue, mais toujours par une sorte de narrateur omniscient, plusieurs années, voire décennies, après les faits. C’est plutôt discret le plus souvent et on ne le remarque que quand il cite des éléments se trouvant dans des archives ou dans un musée.
Cet aspect pourrait être vu comme un défaut: il y a beaucoup de passages qui sonnent comme des « tranches de vie » des divers protagonistes et qui peuvent parfois paraître longuets, mais qui d’une part permettent de poser lesdits protagonistes et leurs motivations, et aussi contribuer à construire un contexte très cohérent et très immersif. Mais, soyons honnête: j’ai trouvé quelques passages un peu longuets.
Au-delà de l’histoire, le roman aborde aussi quelques thèmes franchement intéressants. Par exemple, l’idée d’une humanité réellement plurielle, pas seulement descendant de primates. Mais aussi la question des paniques morales (OK, avec des bonnes raisons, mais paniques quand même) qui apparaissent lors de temps de crises.
Bref, je ne peux que recommander Infinity Gate, que j’ai découvert grâce à une chronique de l’incontournable Gromovar. Il ne me reste plus qu’à ronger mon frein en attendant le second tome (et en espérant que ce ne soit pas le deuxième…).
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