Je ne sais pas ce qu’il y a dans l’air, ces temps-ci, mais une véritable frénésie de remixage oldfieldien semble s’être emparée de plusieurs musiciens. Dernier en date, le sieur Robert Reed, qui nous livre avec Sanctuary une réinterprétation des thèmes musicaux du maître, période 1974-1982.
Bon, disons-le: j’ai beau être un fan de Mike Oldfield – ou peut-être à cause de cela, justement – j’ai du mal à trouver un intérêt à cet album, passé le côté amusant de l’exercice. Car oui, c’est un album plaisant, qui imite les grands classiques tant dans sa forme – deux morceaux d’une vingtaine de minutes (plus quelques bonus) – que dans son fond.
Mais Sanctuary souffre des mêmes carences que son quasi-jumeau, Backdrop de The Healing Road: ce n’est pas grand-chose de plus qu’un réarrangement de mélodies et de sonorités tirées des grands morceaux de Mike Oldfield, de “Tubular Bells” à “Taurus 2”.
Certes, l’ensemble est plutôt inspiré, mais pour le fan qui connaît ces morceaux sur le bout des tympans – et laissez-moi vous dire que du Mike Oldfield, j’en ai bouffé des kilomètres, pendant ma folle jeunesse! – ça ressemble plus à un exercice de copier-coller qu’à un réel album.
J’exagère un peu, mais juste un peu et surtout parce que ça m’agace: autant j’aurais aimé pouvoir aimer cet album, autant cette approche à la limite du plagiat me pourrit l’ambiance. Dans le genre, j’ai nettement préféré le dernier album de Spleen Arcana, qui utilise l’œuvre olfieldienne plus comme une inspiration, sans chercher l’imitation à tous crins.
Et c’est d’autant plus dommage que l’on sent en Robert Reed le musicien compétent, voire talentueux. Il est d’ailleurs conscient d’être un peu sur le fil du rasoir avec Sanctuary, mais à mon avis, au petit jeu de “jusqu’où aller trop loin”, il n’a pas vraiment gagné ici.
S’il est vrai que l’art ne saurait exister sans une bonne dose de repompage, je trouve que le sieur Robert Reed va ici un chouïa trop loin dans la démarche. Je l’ai dit au début et je le redis ici: Sanctuary est un album qui est objectivement très agréable, mais ceux qui comme moi ont Mike Oldfield fermement implanté dans leur ADN musicophile risque de trouver le mélange un peu trop riche.
Pour vous faire une idée, un extrait de la première partie:
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21/08/2014 at 19:35
En voyant le nom de Robert Reed, j’ai cru qu’il s’agissait de SF… Mais non : tant pis ! 😉
21/08/2014 at 20:28
Boah, Mike Oldfield a quand même mis en musique “Chants de la Terre Lointaine”, il y a donc une affinité. 😉
25/07/2015 at 10:14
Tout à fait d’accord avec l’article. Il y a un aspect de déjà entendu un peu frustrant. Un peu comme une copie chinoise d’une belle statue antique. Et on sent un peu trop la succession de copié collé qui rend l’ensemble quelque peu factice. Comme si le musicien avait voulu intégrer de force tous les stéréotypes en vigueur pour le type de musique que fait Oldfield.
25/07/2015 at 10:30
Bienvenue et merci pour le commentaire.
Oui, c’est le gros défaut de cet album (ainsi que de ceux de The Healing Road), même s’ils sont très agréables à l’écoute. La trop grande proximité avec les sons de Mike Oldfield les rendent quelque peu pénibles pour les fans.