Le média, le contexte, la forme et le fond

Ça paraît une évidence, mais un livre, ce n’est pas la même chose qu’un film, qu’une bande dessinée ou qu’un scénario de jeu de rôle. Et pourtant, pas plus tard que dimanche, je me suis pris à répéter cette évidence dans un commentaire faisant référence au film The Three Musketeers.

Bon, je soupçonne que ceux qui ont un problème avec ce film peuvent aisément m’objecter qu’il n’y a pas que cela comme problème dans ce film. Certes. Cependant, je soupçonne que beaucoup des plus virulentes critiques envers nombre d’adaptations cinématographiques d’œuvres venues d’autres médias devraient se rappeler cette évidence.

Un livre peut se permettre de longues séquences descriptives, simplement parce qu’il faut bien expliquer par des mots ce que le lecteur ne peut pas voir. La bande dessinée utilise des images et permet ainsi de couper une grande quantité de textes, mais doit utiliser des artifices pour pénétrer dans le schéma de pensée des protagonistes. Le film rajoute le mouvement, la musique, les dialogues et, dans l’idéal, le jeu des acteurs pour faire passer des émotions.

Et puis on a les jeux. Le jeu de rôle fonctionne principalement sur l’écrit et la parole, mais laisse une large part à l’improvisation et aux idées idiotes des joueurs; l’auteur d’un scénario ne peut pas réellement en prévoir la fin, mais poser des éléments permettant au meneur de jeu de mener sa barque. Idem pour le jeu vidéo, qui crée lui aussi un environnement plus ou moins immersif, mais avec moins d’ouverture quant au déroulement.

On peut aussi parler du format: on n’écrit pas de la même façon un film ou une série télé, un livre ou une série de bande dessinée, un roman ou un feuilleton. Enfin, il y a le contexte: relisez les ouvrages de science-fiction d’il y a vingt ou trente ans, souvent marqués par la Guerre froide. Écrirait-on encore aujourd’hui des textes similaires? C’est là le principal problème auxquels font face ceux qui écrivent et ceux qui adaptent: ils doivent coller aux contraintes d’un média donné et aux exigences d’un public qui n’a plus envie qu’on lui raconte les mêmes histoires qu’il y a dix ou vingt ans.

À vrai dire, c’est un problème auquel je suis moi-même confronté: je suis en train de poser des idées pour des histoires se déroulant dans l’univers de Tigres Volants – un groupe de pirates de la Dame de fer forcés de s’allier avec un clan stellaire eyldarin – sans savoir encore ce que je vais en faire. Une campagne? Je n’arrive déjà pas à finir celles que j’ai écrites. Une bédé? Sans dessinateur, c’est moins facile. Des nouvelles ou un bouquin? Je n’ai aucune expérience réelle de l’écriture de livres. Aucun format n’est réellement optimal.

Donc, j’empile les notes; je vous en ferai peut-être profiter un jour, quand je saurai ce que je veux en faire. Peut-être que c’est ça, être un vrai auteur?

Photo: “Phantom of the Attic” par Hrick sous licence Creative Common Noncommercial No Derivative.

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