Dans un avenir mal défini, mais définitivement cyberpunk et déglingué, Kal vivote de petits boulots à la légalité discutable: piratage informatique, intrusion, intimidation, tout ce qui peut lui rapporter de quoi payer bouffe et médocs. Et, quand son esprit vagabonde, il “commute”, se projetant dans un univers virtuel de fantasy. C’est le point de départ de Les Commutants, roman de Nicolas Alucq.
Alerte copinage: si Nicolas n’est pas à proprement parler un ami, je le connais via son épouse, membre du comité d’organisation d’Orc’idée, et cet ouvrage, il me l’a remis en mains propres, autour d’une bière à Nantes, en marge des Utopiales. Du coup, j’étais plutôt bien disposé à son égard – surtout qu’il m’a fait découvrir les bières de type Faro.
Pour en revenir aux Commutants, c’est un bouquin que j’ai lu sans déplaisir, mais qui à mon avis souffre d’un problème de rythme. Bon, le problème est peut-être plus du côté du lecteur que du texte: quand on me parle de cyberpunk, je m’attends avoir un truc qui pète, à la Snow Crash.
Ici, on est dans un domaine plus contemplatif, une réflexion sur la notion d’univers virtuels et d’intelligence artificielle. Difficile d’en parler sans déflorer l’intrigue – même si cette dernière transparaît assez vite et la révélation n’est pas vraiment un coup de théâtre.
Le souci que j’ai, c’est que la sauce initiale – une enquête sur les implants médicaux couplée à une chasse à une créature mythique dans le monde de fantasy – aurait pu mieux prendre si elle avait été amenée avec plus d’allant. Là, j’ai été un peu frustré par son dénouement après tant de pages.
Il y a également pas mal de scènes de la vie quotidienne qui n’amènent pas grand-chose à l’histoire, ni même à l’immersion, et qui auraient pu être, sinon coupées, du moins réduites pour condenser l’action.
Reste que Les Commutants comporte pas mal de bonnes idées. Le monde cyberpunk déglingué – où même les corporations ont renoncé à faire la police et où tout le monde continue à vivre dans un environnement pollué, au sein d’un mélange de haute technologie et d’infrastructures rustiques – est original et amusant. Le monde de fantasy, lui est plus classique.
La réflexion sur les mécanismes des jeux vidéos en ligne et sur le rôle des intelligences artificielles et des mécanismes d’incitation est aussi bien vue. J’aurais aimé d’ailleurs que ce soit un peu plus développé, notamment sur la fin, qui pour le coup tombe trop tôt ou trop tard.
L’écriture est agréable et fait le travail, mais pourrait être plus personnelle. Je finis donc Les Commutants avec une impression mitigée, mais plutôt positive. L’ouvrage a ses points forts, qui pourraient être plus présents, et ses points faibles, qui somme toute ne gênent pas la lecture.
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