Cthulhu revient parmi les siens! Eh oui, le réveil du Dieu ancien et néanmoins poulpique est proche. Sauf que la clé de ce réveil est une jeune femme, Celle qui n’a pas peur de Cthulhu, et c’est l’histoire de cette derrière que nous narre le fort narrant Karim Berrouka dans son dernier roman.
La jeune femme en question, Ingrid Plank, est une Parisienne lambda qui gère sa petite vie pépère entre jobs alimentaires, amants plus ou moins pathétique et une copine artiste. Jusqu’au jour où plein de gens bizarres – encore plus bizarres que son dernier ex en date – viennent lui affirmer qu’elle est le Centre du Pentacle, que les étoiles sont propices et Cthulhu va revenir. Ou pas, ça dépend des gens bizarres.
J’avoue qu’après la lecture du Club des punks contre l’Apocalypse zombie, je m’attendais à quelque chose de plus délirant de la part de Karim Berrouka. Certes, Celle qui n’a pas peur de Cthulhu est souvent drôle, voire très drôle, mais il reste étonnement ancré, sinon dans le réel, du moins dans une vision “sérieuse” du Mythe.
Les gens qui me lisent depuis un moment savent que je suis loin d’être un fan de Lovecraft, de ses affidés et de leurs histoires de créatures indicibles venues d’au-delà de l’espace et du temps. Principalement parce que tout ce petit monde se prend beaucoup trop au sérieux. Du coup, je me sens beaucoup plus à l’aise avec ce genre de romans.
La personnalité de la protagoniste principale, Ingrid, y est pour beaucoup. C’est quelqu’un de normal en apparence, catapulté dans une histoire qui rendrait fou n’importe qui et qui regarde le chaos primordial droit dans les multiples yeux à facette. Elle ne s’en laisse pas compter, surtout face à des individus qui se la jouent Grands Mystérieux, et j’aime beaucoup le décalage de cette attitude no-nonsense face à des événements franchement pas naturels.
Les retournements finaux sont également bien vus; il y a deux-trois trucs dont je me méfiais, mais je n’avais pas tout vu venir. J’ai beaucoup aimé la fin, à grand spectacle, mais pas particulièrement WTF. Et, surtout, Karim Berrouka confirme ici sa capacité à créer des cultes bien déjantés. On y croise notamment des Satanistes de l’Amour, un club de plongée basé à Innsmouth et des musiciens viennois fascinés par le chaos.
Bien évidemment, si on est rôliste, Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu est une mine d’idées pour jouer des aventures contemporaines. Les diverses factions sont autant de protagonistes clés en main et, avec un minimum de bricolage, l’intrigue elle-même est recyclable en mini-campagne plutôt subtile. Après, il ne faut pas avoir peur de tordre le cou aux canons du Mythe, mais ce sont avec les vaches sacrées que l’on fait les meilleurs burgers.
Bref, c’est un roman cool, décalé mais pas complètement à l’ouest, souvent très amusant. Pas non plus la trouvaille du siècle, la faute à un faux rythme un peu bancal, mais sympa. Je vous le recommande donc chaudement (c’est de saison) avec une bonne salade de calamars.
D’autres avis chez Le Chien critique et Au pays des Cave trolls.
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Tu devrais avoir honte de me donner envie de manger une salade de calamars…
Bah quoi, c’est bon la salade de calamars!
(La honte aussi, d’ailleurs.)