Lors de mon dernier passage au KIFF d’Aarau, pour le concert de TesseracT, j’étais tombé sur une affiche annonçant, dans cette même salle, la venue de Haken en mars. Je n’avais pas manqué de graver la date dans mes tablettes et me voici donc, quatre mois plus tard, pour cette date de la tournée European Vector Studies 2019.
Je vous ai souvent vanté cette salle qui, si elle ne peut pas vraiment régater au niveau quantité, fait souvent jeu égal avec le légendaire Z-7 de Pratteln en qualité de programmation. Avec en plus l’avantage que c’est quand même moins loin pour moi et qu’ils sont remarquablement tolérants pour ce qui est des passes photo.
En plus, cette fois, j’ai pu trouver un petit hôtel dans la ville voisine d’Olten, à dix minutes en train sur la même ligne, moitié moins cher que mon point de chute habituel pour un confort équivalent.
Depuis le temps, je connais le chemin et c’est un poil avant l’ouverture des portes que je me pointe devant la salle, sise dans un ancien bâtiment industriel. Pour le moment, il n’y a pas foule, mais ça ne durera pas.
C’est au Ben Levin Group que revient l’insigne honneur d’ouvrir la soirée. Je ne connaissais pas ce groupe, mais il s’avère que c’est le spin-off de Bent Knee, une formation que je connaissais de nom.
Le groupe s’entasse à six sur une scène passablement diminuée par le matériel des autres groupes et aligne un violoniste. Ce n’est pas banal et leur musique non plus. Leur rock progressif est passablement secoué et intègre des éléments de jazz et de hip-hop.
J’aurais tendance à trouver le bazar un poil décousu, mais c’est probablement dû à ma méconnaissance du groupe. Quoi qu’il en soit, ils ont de l’énergie et de la bonne humeur, plus pas mal de métier, et le public – encore un peu clairsemé en ce début de soirée – les suit sans peine sur les trente minutes du set.
Un bref changement de scène et voilà Vola. Non, je n’allais pas le rater. Non, je n’ai pas honte. Bref, on a là un trio danois qui déboule avec un nouvel album et beaucoup d’énergie. Autant, la foule précédente était peut-être un peu exagérée, autant cette formation paraît limite légère, avec ses claviers enregistrés.
Cela dit, Vola compense par une énergie débordante et une bonne humeur plutôt communicative. Leur rock progressif mixé de djent fait un peu penser à Leprous, en beaucoup plus accessible, ou à Caligula’s Horse.
C’est donc un set de quarante-cinq minutes, principalement basé sur leur nouvel album – dont je vous parlerai prochainement – impressionnant d’intensité. Le public ne s’y trompe pas et lui réserve un accueil très enthousiaste.
Il y a un nouveau changement de scène, nettement plus long cette fois, et derrière des rideaux tirés – et Haken arrive sur scène, pile à l’heure.
Et ils jouent « 1985 ».
Et il y a une keytar.
Et c’est tout.
Non, je déconne: ce n’est pas tout, loin de là. La prestation des Britanniques va durer une heure et quarante-cinq minutes. Et, si c’est bien évidemment Vector, le nouvel album, qui est à l’honneur (seul « Host » n’a pas été jouée), il ne suffirait pas à remplir même la moitié du set.
Haken va d’ailleurs « faire son TesseracT » et tronçonner les pistes de son concept-album, insérant des morceaux de Affinity (surtout) et de The Mountain. Mais comme Haken a un son qui est nettement plus homogène que TesseracT, ça me gêne beaucoup moins.
Ross Jenkins plaisante sur le fait que la dernière fois que le groupe était venu dans cette salle – pour le Prog Frog Festival en 2017 – lui n’était pas là. Si j’étais méchant, je dirais que je regrette un peu Vladimr Lalic et sa performance habitée.
Mais le chanteur attitré n’a pas à rougir de la sienne, surtout au niveau scénique: il voltige, s’éclipse pendant les nombreux passages instrumentaux, laissant la piste à ses collègues, pour mieux revenir en bondissant, et harangue le public avec enthousiasme.
« Enthousiasme » est un épithète qui convient très bien à la prestation de Haken: on sent que le groupe aime jouer. Au reste, tous les musiciens ont droit à leur moment de gloire, avec une mention spéciale à Diego Tejeida, derrière des claviers qui donnent l’impression de contrôler une frappe nucléaire majeure. Et oui, il a une keytar et il l’utilise plusieurs fois.
Le show se conclut par un seul rappel – mais il s’agit de l’epic « Crystallised », paru sur l’EP Restoration et qui est un hymne de plus de dix minutes au prog de la grande époque, avec ses harmonies vocales et ses claviers typiques.
Il est 23 h 15, comme prévu – au KIFF, ça ne rigole pas avec l’horaire! – et c’était génial ! Je finis le concert avec des étoiles – et quelques larmes – dans les yeux et une banane tellement massive qu’elle a son propre code postal.
Ce n’est pas vraiment une surprise: le KIFF a toujours une programmation en béton, un son ultra-solide et un public présent en masse et super-enthousiaste.
Ajoutez à cela trois groupes au taquet, représentatifs de ce qui se fait de mieux en rock progressif contemporain, capable de parler aussi bien aux vieux de la vieille qu’aux metaleux, et vous avez une recette imparable.
Bon, d’un point de vue de photographe, ça a été un peu rude: beaucoup d’éclairages par l’arrière, beaucoup de fumée et, pour Haken, une foule compacte devant la scène. Mais bon, c’est le jeu. Au final, ce n’est pas cher payé pour une soirée de cette qualité.
Vous connaissez la routine: photos toupourrites sur Flickr, Creative Commons toussa.
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