Quand on est fan, il n’y a pas de lundi qui fasse: si vos groupes préférés passent dans la région, c’est banzaï et puis c’est marre! Donc, ce lundi soir, déplacement à Lyon pour voir Amorphis, Arch Enemy et Nightwish qui passent à la Halle Tony Garnier. En théorie.
Je ne sais pas pour vous, mais quand je vois marqué « 20 h » sur le billet, j’en déduis que les concerts commencent à 20 h, à la limite que les portes ouvrent à cette heure-là. Ici, ça semble signifier « heure à laquelle le premier groupe finit son concert ».
Et le premier groupe, c’est Amorphis, que je me réjouissais de voir depuis l’écoute de leur nouvel album, Under the Red Cloud. Oui, parce que si l’affiche annonce Arch Enemy, Amorphis et Nightwish, ça signifie bien entendu que c’est Amorphis qui passe en premier. Logique shadock, comme on disait de mon temps. À première vue, on n’était pas les seuls à s’être fait avoir et la blague a fait sérieusement groumer dans les rangs.
Le temps de passer le cordon de sécurité, de constater que l’accès au vestiaire est blindé de monde et d’arriver dans la salle proprement dite, il n’est pas encore huit heures, mais de Amorphis, je ne verrai que trois morceaux, et encore. Je suis déçu.
J’ai du coup droit à l’intégralité du set de Arch Enemy. Ce qui ne m’enthousiasme pas à priori vu que je n’ai pas particulièrement aimé l’album et, plus généralement, je ne suis pas fan du style du groupe.
Bonne surprise : Arch Enemy s’avère être un groupe bien carré en live, emmené par une chanteuse très énergique au français impeccable et des musiciens enthousiastes. La prestation repose principalement sur l’album War Eternal, ce qui tombe bien vu que c’est le seul que je connais. Voilà qui fait un bon entraînement pour les cervicales.
Un long changement de scène plus tard, il est 21 h 30 quand Nightwish monte sur scène. Signe des temps: un annonceur nous prévient – si j’ai bien compris, c’était moyennement clair – qu’il faut prévoir des effets pyrotechniques. En même temps, quand on connaît Nightwish et sa tendance à dynamiter la scène à chaque spectacle, on n’est pas particulièrement étonné.
Sauf que, de Nightwish, je me souviens surtout de leur prestation à Colmar, il y a trois ans et demi. Depuis, les choses ont quelque peu changé: Anette Olzon a cédé la place à Floor Jansen, Troy Donockley a officiellement rejoint le groupe et Nightwish a un chouïa rehaussé son jeu de scène.
OK. Nightwish a tout rehaussé. Et en masse.
Le show commence par « Shudder Before the Beautiful » et « Yours Is an Empty Hope », accompagnés par un kilotonne de feux d’artifices et des lance-flammes en ordre de bataille. Puis, plus loin dans le concert, ce sont des écrans géants qui diffusent des scènes animées pour accompagner la plupart des morceaux.
Alors OK, c’est kitsch, c’est grandiloquent à la limite du ridicule, mais c’est pas grave: ça colle tellement bien au style qu’on se demande pourquoi ça n’a pas encore été adapté en série télé. « A storyteller breed we are », commence Marko dans « Weak Fantasy » – et quels narrateurs!
Deux heures de concert, des morceaux qui vont des âges héroïques (« Stargazers », « Sleeping Sun ») aux classiques (« Nemo », « Ghost Love Score ») jusqu’aux plus récents (« Seven Days to the Wolves », « Last Ride of the Day ») et enfin ceux du nouvel album, Endless Forms Most Beautiful (« Élan », « My Walden », « Alpenglow »).
Hormis les effets boum-boum et le light-show de folie, je constate que ce millésime de Nightwish est bien différent de celui de Colmar sur d’autres points.
D’abord, j’ai l’impression de voir un vrai groupe, une cohésion; Marko ne fait plus le frontman pour pallier à une Anette un peu absente et, surtout, Floor Jansen est juste impressionnante. Elle maîtrise non seulement les nouveaux morceaux, mais elle arrive également à livrer une prestation qui parvient même à faire oublier Tarja – notamment sur « Ever Dream ».
Troy Donockley est toujours un peu sous-utilisé, mais on le voit faire plusieurs fois les chœurs et également jouer un instrument que je pense avoir identifié comme un bouzouki et aussi une guitare qui sonne comme un violon.
Le concert se termine sur un morceau, mais quel morceau: le bien nommé « The Greatest Show on Earth ». Alors oui, il est long, grandiloquent, mais c’est pour moi exactement ce qui fait que Nightwish est Nightwish: une pure merveille de métal symphonique, qui se conclut par « We were here ».
Nous étions là. C’était le plus grand spectacle sur terre. Et si on n’était pas le plus grand public sur terre, je peux vous assurer que, vu de là où j’étais, ça y ressemblait beaucoup.
Nous étions là. Et nous reviendrons.
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> emmené par une chanteuse très énergique au français impeccable
C’est un peu normal, vu que c’est sa langue maternelle… 😉
> et, surtout, Floor Jansen est juste impressionnante
Amen.
Il me semble me souvenir que ce changement de hurleuse t’avait laissé plutôt dubitatif (voire pire) quand il avait eu lieu, je suis content de lire ce que tu as écrit aujourd’hui. 🙂
Si j’en crois Wikipédia, sa langue maternelle est le lituanien. 🙂
Mais comme elle a été élevée à Montréal, elle parle aussi bien l’anglais et le français. Elle a quand même un certain accent.
Pour Floor Jansen, c’était surtout sa prestation sur l’album qui était un peu en-dessous. Là, en live, c’est simple: elle arrive au niveau de Tarja sur les anciens morceaux.