Je vous avais déjà précédemment causé de la tétralogie “Worldwar”, signée par le spécialiste américain de l’uchronie Harry Turtledove. À l’époque, j’avais lu les deux premiers bouquins; depuis, j’ai fini la série et englouti dans la foulée la suite: la trilogie “Colonization” et le dernier volume, Homeward Bound.
Résumons donc: des lézards extra-terrestres débarquent en pleine Seconde Guerre mondiale pour conquérir la Terre, avec des informations qui ont juste six cents ans de retard. Au lieu de se boîter des chevaliers en armure, ils se mangent de la division blindée; ça surprend.
Les deux derniers volumes de la première tétralogie continuent dans la lancée des deux premiers: les lézards se prennent de plus en plus de claques et les premières bombes atomiques terriennes explosent, entraînant des ripostes nucléaires des extra-terrestres, jusqu’à ce que les protagonistes s’aperçoivent que soit ils arrêtent les frais et négocient une trêve, soit ils courent à l’extermination mutuelle.
La deuxième série commence vingt ans après cette “paix des braves”, au moment où déboule la flotte de colonisation des extra-terrestres, dans une atmosphère de guerre froide avec des Terriens obligés de composer entre eux: USA, Reich allemand, Union soviétique et la Grande-Bretagne et le Japon réduits à des rôles secondaires. On suit certains des protagonistes de la série précédente, avec vingt ans de plus, leur progéniture et quelques nouveaux.
Si l’idée générale – la confrontation d’une nation extra-terrestre qui tente de coloniser une planète rigoureusement hostile et les états terriens indépendants restants – est intéressante, j’ai trouvé que les ouvrages de cette trilogie souffrent d’un manque de souffle flagrant. Sans la guerre comme trame, l’intérêt s’émousse et une grande partie du texte paraît être du remplissage (voire de la répétition, ce qui est particulièrement agaçant).
Homeward Bound fait un saut supplémentaire dans l’avenir et suit le premier vaisseau interstellaire américain en mission diplomatique sur la planète-mère des lézards et souffre du même défaut que les précédents ouvrages. Vers la moitié du bouquin (qui dépasse les 600 pages en poche, écrit petit), je commençais déjà à me dire qu’il était temps que ça se termine; j’ai un peu l’impression que l’auteur pensait pareil. Là encore, beaucoup de redites: on aurait sans doute gagné à condenser le récit en moitié moins de pages, au bas mot.
Reste que ces huit bouquins regorgent d’idées intéressantes sur le thème du choc culturel et je comprends pourquoi Harry Turtledove est vu comme une référence en matière d’uchronie. Je vois aussi la différence qu’il y a entre une fiction uchronique et un travail d’histoire alternative, comme 1940: La France continue: il manque notamment à ces ouvrages un vrai sentiment d’universalisme.
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Bah j’vais pas tarder à les commencer, ceusses-là, moué.
J’ai fait des rétroliens vers tes billets, d’ailleurs.
J’ai vu, merci; par contre, je ne sais pas trop pourquoi, mais mon site est un peu taquin des rétroliens ces temps.