Dure-Mère: Sangre

J’ai reçu récemment le courrier d’un lecteur, me disant en substance qu’il aimait beaucoup ce que je faisais et qu’il aimerait porter mes enfants (j’extrapole un peu, mais c’est pour le style) si je parlais de son groupe, Dure-Mère. Je suis donc parti sur son site télécharger les cinq morceaux – enfin, les quatre dont le téléchargement fonctionne – de l’album Sangre, qui y sont disponibles gratuitement sous licence Creative Commons, que j’ai ensuite écouté religieusement (vu que j’étais au bureau).

Hmm, comment dire? C’est spécial. Déjà, le coup du bandonéon dans le rock progressif, on ne me l’avait jamais fait! Un chroniqueur de ProgArchives parle de “La vie en rose revu par des français fous en mer” et c’est pas loin de la vérité. Le terme “tango progressif” apparaît également ici et là, ce qui est beaucoup plus proche de la vérité.

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Emerald Cave: Mind Travelling

Niveau fréquentation de ce blog, je me rends bien compte qu’en chroniquant des albums de rock progressif réellement obscurs, comme ce Mind Travelling de Emerald Cave, je cherche, sinon la bagarre, du moins les problèmes. Je le sais: j’ai recherché d’autres critiques, en vain. La seule trace est sur Jamendo (et sur quelques sites de téléchargement méso-légaux, ce qui me fait doucement ricaner), qui propose l’album sous licence Creative Commons.

C’est dommage, parce que si cet album souffre de défauts apparents, c’est aussi une mine de mélodies néo-prog finement ciselées. Je ne crois pas dire trop de bêtises en affirmant qu’il est dû quasi-intégralement au compositeur et musicien allemand Malte Twarloh, entouré de quelques invités et a été enregistré en 2001 (si l’on en croit la notice descriptive) ou 2008 (sur les informations, ce qui me paraît plus vraisemblable).

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Of The I: Balance Instars

Parfois, on découvre des albums et des groupes – comme ce Balance Instars des Anglais de Of The I – dont on se dit “hmm, c’est pas mal, je me demande ce que valent leurs albums plus récents”. Et là, on découvre qu’il n’y en a pas. C’est un peu déprimant, même si ce n’est pas surprenant.

Of The I, donc. Groupe londonien à la musique inspirée par le rock et le métal progressif, mais également la musique électronique, l’ambiante et le rock alternatif. Balance Instars, datant de 2008, est leur seul vrai album (il existe également un EP antérieur, Demo-noid, qui inclut quatre des morceaux de Balance Instars). On pense immanquablement à Porcupine Tree, mais également à Naïve.

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La culture numérique est encore en friche

Il y a des jours où je me dis que faire figure de digital native quand on a 45 ans, face à des gens plus jeunes, c’est vraiment bizarre. Vendredi, j’ai eu la surprise de voir Didier Pègues, un des musiciens du groupe Eye 2 Eye, commenter le billet que j’avais écrit quelques jours auparavant sur leur album After All…

Ce n’est pas tous les jours que j’ai ce genre de retour, dans le cas présent justifié par le fait que j’avais un peu cassé l’album en question. Nous avons eu un échange que j’espère franc sur le contenu et les raisons de ma critique, ce qui est plutôt une bonne chose. Mais ce n’est pas le propos de ce billet.

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Flyingdeadman : the forgotten t(h)ree

Les post-rockers de flyingdeadman, dont je vous avais déjà parlé précédemment (mais en les cataloguant belges alors qu’ils semblent français), reviennent avec the forgotten t(h)ree, un nouvel album – techniquement un EP, mais avec quarante-cinq minutes, ne chipotons pas – qu’ils ont eu la gentillesse de me signaler et qui partage pas mal de points communs avec d’autres groupes du même genre, notamment une haine tenace de la capitalisation.

De façon moins anecdotique, le post-rock instrumental de flyingdeadman est somme toute très classique, fait d’une grosse dose de textures guitaristiques, sur la base d’une rythmique solide, le tout souligné par quelques touches de claviers. Cela donne au final une musique qui oscille entre presque-ténèbres et une lumière diffuse, une ambiance crépusculaire et mélancolique.

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Alhma Mater: Nova Era

Trouver des nouveaux groupes de métal progressif, comme les Espagnols d’Alhma Mater, ce n’est pas très difficile: il faut avoir de bonnes sources. Dans le cas présent, c’est Progarchives.com qui a attiré mon attention sur ce Nova Era d’excellente facture.

Alhma Mater propose un métal progressif qui s’inspire plus de Fates Warning ou même de Redemption que du classique Dream Theater, avec notamment des claviers présents, mais nettement en retrait. L’influence Redemption est nettement perceptible sur des morceaux comme “La promesa”, “Ira” ou “Morir en el intento”, tandis que les deux parties de “Un dia gris” rappellent plus Dream Theater.

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Pour une plateforme d’archivage du jeu de rôle

Bon, je crois qu’on a suffisamment glosé cette dernière semaine sur les sites de “partage” de jeu de rôle, abandonware et autres warez plus ou moins assumés, si on essayait maintenant de mettre en place des solutions?

Avant toute chose, un petit mot sur mon point de vue personnel sur la question, pour ceux qui n’auraient pas envie de lire mes trouze mille billets et commentaires précédents: je pense que la survie et la sauvegarde du jeu de rôle passe par une plus grande diffusion et que, loin de représenter un danger pour les ventes, la disponibilité en téléchargement des jeux est plus probablement un bon moyen de les faire connaître et d’augmenter les ventes.

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Flattr en août 2011

Je ne sais pas si ce sont les vacances, si le contenu n’était pas inspirant (ou inspiré) ou si c’étaient juste les autres mois qui étaient exceptionnels, mais, en termes de dons Flattr, c’est un petit mois, avec 53 centimes d’euro reçus.

Curieusement, c’est le bouton global du blog qui a reçu le plus gros des dons, avec deux clics et 29 centimes, suivi par l’article sur les petits utilitaires et programmes pour Mac (25 centimes) et celui sur le film Cowboys & Aliens (cinq centimes tout mouillé).

De mon côté, j’ai flattré deux articles de Numerama: l’un sur les brevets Motorola rachetés par Google et l’autre sur les délits jugés moins graves que le partage de fichiers. Le fort divertissant site cybergauchiste Reflets a eu droit à trois clics, pour des articles sur la pub en ligne, la vraie-fausse pétition des vrais-faux riches français et l’affaire Amesys, cette filiale de Bull qui fournissait du matériel d’écoute au régime de Kadhafi.

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Le lupanar est (encore) en travaux

… mais on commence à en voir le bout.

Je serai honnête avec vous: ces deux derniers mois, ma productivité a été en-dessous de tout. Enfin, modulo ces deux dernières semaines, où je me suis enfin décidé à repartir sur la Campagne Lupanar au lieu de me faire plier en douze par cette abomination de Dungeon Crawl (d’ailleurs, maintenant, quand j’y joue, je triche; c’est dire à quel point il m’a gavé).

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Obiymy Doschu: Elehia

Retenez-bien ce nom: Obiymy Doschu. Je sais, ce n’est pas facile, mais si Elehia, premier album de ces Ukrainiens, est une indication, ça risque d’être une des très grosses surprises de 2011! Décidément, après Negură Bunget hier ou Kauan et Moon of Soul il y a quelques temps (sans même parler de Fromuz), les pays de l’est recèlent des trésors mieux cachés que celui des Templiers (et plus réels, aussi).

La musique de Obiymy Doschu se situe entre le rock progressif, le métal atmosphérique et le folk slave, ce qui déjà en soi n’est pas banal; on ne peut pas dire que ce carrefour soit très densément peuplé. De plus, pour se faire connaître, le groupe a choisi de mettre son album à disposition gratuitement sous licence Creative Commons (on peut aussi acheter leur CD), en téléchargement et à l’écoute (aussi sur Jamendo).

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Jeu de rôle, open-source et Linux

C’est une idée bizarre, dont je ne sais pas trop quoi penser. Elle vient de l’ami BBS, que j’apprécie pour beaucoup de raisons, la moindre n’étant pas qu’il lui arrive de rire à mes blagues. Son idée est de créer un système de jeu de rôle qui se bâtisse comme un système GNU/Linux, avec un “noyau”, un système-cœur, et des “modules”, que l’on pourrait assembler en “distributions”, le tout sous licence Creative Commons.

L’idée est en soi amusante, mais j’ai du mal à voir en quoi elle est révolutionnaire: j’ai l’impression que c’est un peu ce que tout meneur de jeu lambda fait avec les systèmes de jeu qu’il maîtrise. Bon, bien sûr, je suppose qu’un système bâti ainsi dès le départ a des chances d’avoir une cohésion un peu plus grande qu’un caffouillazibule assemblé de bric et de broc.

L’autre chose est que j’ai vu beaucoup de systèmes génériques qui, avec un peu de manipulations, pourraient assez facilement entrer dans cette catégorie. Aucun ne m’a réellement convaincu de façon globale; la plupart ont des mécanismes qui s’accommodent assez bien d’un ou deux genres, mais qui sont loin d’être aussi universels qu’ils le prétendent.

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“For the Win”, de Cory Doctorow

Dans un avenir proche, des ados de Chine, d’Inde, d’Indonésie ou du Vietnam travaillent dans des jeux massivement multi-joueurs, un peu comme à la mine : ils y récupèrent monnaie virtuelle et objets légendaires, pour le compte d’intermédiaires sans scrupules – qui, eux-mêmes, font partie d’un plus vaste réseau criminel organisé. Mais, parmi eux comme dans les villes-usines de ce tiers-monde au service des pays riches, se lèvent des hommes et des femmes avec le projet fou de créer un syndicat international.

Même si je n’ai pas pu trouver tout ce que je cherchais à Montréal, j’ai ramené le nouveau bouquin de Cory Doctorow, For the Win. Tant qu’à faire, entre le train de Québec et l’avion de retour, je l’ai fini – presque d’une traite. Ce qui, au vu de la taille du bouzin, donne déjà une idée de sa qualité.

Autant ses romans « normaux » sont biens, mais sans plus, autant à la lecture de celui-ci ainsi que celle de Little Brother, j’ai l’impression que le créneau « jeunes adultes » sied particulièrement bien à Cory Doctorow : ses personnages ont de l’énergie à revendre, de l’intelligence et la touche de naïveté nécessaire aux vrais révolutionnaires (au sens noble du terme : ceux qui veulent changer les choses).

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Blog à part en Creative Commons

Creative Commons logo (large)

Pour moi, ça allait sans le dire, mais ça ira sans doute mieux en le disant: les articles de ce blog sont désormais explicitement sous licence Creative Commons (Attribution 3.0). Du coup, si vous souhaitez reprendre des textes sur votre site, blog ou autre, il suffit de mentionner mon nom et c’est tout. Un lien …

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Lady Blackbird

Si vous ne lisez pas le blog de Brand, c’est le moment de vous y mettre: l’animal poste peu, mais ses billets sont souvent plein de pépites. Notamment un de ses derniers qui, s’il traitait d’un jeu à la Alien(s), m’a mis sur la piste d’un petit jeu expérimental nommé Lady Blackbird.

En fait, il s’agit autant d’un jeu que d’un scénario, en seize pages, dont l’amorce est la suivante: Lady Blackbird fuit un mariage forcé en compagnie de sa garde du corps à bord de La Chouette, le vaisseaux éthérique du tristement célèbre contrebandier Cyrus Vance. À mi-chemin, ils sont intercepté par le croiseur impérial La Main du Chagrin et les personnages ont meilleur de temps de trouver un moyen de s’enfuir avant que le capitaine du croiseur ne reçoive de la capitale la télétransmission qui révèlera leur véritables identités.

L’ambiance est celle d’un univers de science-fiction steampunk et, en le lisant, j’ai eu l’impression de tomber sur le Graal des systèmes léger et adaptés à un style de jeu “pulp”, très narratif et dynamique.

Chaque personnage est défini par des Traits, qui sont des compétences génériques divisées en mots-clés (tags), ainsi que par des Clés, qui sont des buts, et des Secrets, qui sont des capacités spéciales.

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“Makers”, de Cory Doctorow

Bon, j’ai enfin terminé Makers, dernier bouquin en date de Cory Doctorow et également dernier de la série d’ouvrages du même auteur que j’ai dévorés depuis la nouvelle année. C’était touffu — les bouquins de Doctorow en général, mais ce dernier en particulier. Suffisamment touffu pour que je réfléchisse un long moment par quel bout je devrais l’appréhender.

Le roman suit deux inventeurs, Perry et Lester: ce sont des bidouilleurs de génie qui utilisent les copieux fonds de poubelle d’une Amérique en pleine récession dans un futur très proche. Suivis par une journaliste/blogueuse et soutenus par une grosse corpo un peu idéaliste, ils lancent un mouvement qui rapidement les dépasse, avant de s’effondrer, puis de rebondir de façon surprenante.

Là, en gros, je vous résume le premier tiers du bouquin — et encore, pas tout.

Il m’a fallu un bon moment avant de comprendre ce qui clochait dans ce bouquin: il n’y a pas de trame. Contrairement aux autres bouquins de Doctorow, Makers n’est pas un roman dans le sens traditionnel: c’est une chronique d’un futur proche plausible dans une Amérique post-industrielle.

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“Someone Comes to Town, Someone Leaves Town”, de Cory Doctorow

Whoa. Après les deux précédents ouvrages de Cory Doctorow précédemment chroniqués ces derniers jours (Down and Out in the Magic Kingdom et Eastern Standard Tribe), Someone Comes to Town, Someone Leaves Town est un sacré changement! D’une part, en comparaison, c’est un pavé de 320 pages écrites en petits caractères et, d’autre part, l’accent fantastique du récit a de quoi surprendre.

Le protagoniste principal – appelons-le Alan, Abel, Arnold ou Andreas – vient d’emménager dans sa nouvelle maison, au cœur du quartier de Kensington Market, à Toronto et fait connaissance avec ses nouveaux voisins, tous plus bizarres les uns que les autres. Ce qui ne lui pose pas de problème particulier, lui-même étant le fils d’une montagne et d’une machine à laver et ayant pour frères un prescient, une île et trois poupées russes.

Les choses deviennent plus compliquées lorsqu’un autre frère – celui que les cinq autres croyaient avoir tué il y a des années – semble être revenu d’entre les morts et commence à pourrir la vie d’Alan et de ceux qui l’entourent. Quand je dis “compliquées”, ce n’est que le prénom! Car, pour ne rien arranger, Alan se lance dans un Plan Génial pour mettre au point un réseau Wifi communautaire et gratuit qui, à terme, doit couvrir tout la métropole.

Tout ceci pour dire que, pour sa première incursion dans le genre fantastique urbain, Cory Doctorow n’a pas choisi la facilité et c’est un peu dommage. On pourrait dire qu’il y aurait là matière à deux ouvrages: un roman de pur fantastique urbain à la Neil Gaiman et un techno-thriller anarcho-alternatif, mais ce ne seraient pas de très bons livres: les trames n’ont que peu de réel intérêt en elles-mêmes, c’est la conjonction des deux éléments qui donne son intérêt à l’ouvrage.

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