San-Antonio: Si ma tante en avait

Surprise chez mon fougue habituel: le deuxième tome des aventures de San-Antonio en BD, intitulé Si ma tante en avait, est sorti. Je vous avais déjà parlé du premier titre, basé sur San-Antonio chez les Gones, qui m’avait plutôt bien plu; ce nouveau tome allait-il transformer l’essai?

Le volume dont est issu ce second tome est plus récent que le précédent: il date de 1978, une époque où l’auteur – Frédéric Dard, pour les incultes – avait déjà commencé à prendre des libertés avec son personnage et avec ses lecteurs.

Ça se sent: l’ambiance est pas mal différente. Quand on connaît l’œuvre originelle, ce n’est pas très surprenant, mais quelqu’un qui découvrirait San-Antonio par le biais de ces bandes dessinées pourrait sans doute être plus surpris.

Déjà, c’est passablement plus cul – voire carrément explicite. Ensuite, l’intrigue est en partie basée sur la réputation du commissaire beau-gosse, exilé en pleine Bretagne bretonnante pour des motifs peu clairs.

De plus, dans cette BD, c’est la première fois que l’on croise deux personnages récurrents: César Pinaud, troisième compère du duo San-A – Béru, et « Le Vieux », patron des susnommés. On y devine aussi la présence de Félicie, mère du héros, et Marie-Marie, nièce (adoptive) de Bérurier et amoureuse du commissaire.

L’histoire est, comme souvent chez San-Antonio, compliquée à souhait et tient debout si on ne la regarde pas trop sous le nez. Mais ce n’est pas très grave: dans les romans, c’est souvent pire. Disons qu’on ne s’y ennuie pas: il y a des rebondissements, de la bagarre, des poursuites (en bateau), des explosions et des fusillades.

Il y a aussi pas mal de trucs qui passent plus difficilement en 2020 qu’en 1978. Je dois avouer que je n’ai pas relu Si ma tante en avait – le roman – depuis quelques lustres, mais je soupçonne que cette adaptation est, une fois encore assez fidèle au bouquin. Ce qui est potentiellement un problème.

Disons les choses autrement: j’ai beau aimer San-Antonio, c’est moyennement woke. C’est un produit de son époque, mais ce n’était pas forcément une époque très recommandable. Je le sais: j’y ai vécu.

Reste que cette adaptation de Si ma tante en avait, réalisée une fois encore par Mickaël Sanlaville, est plutôt réussie. Elle me paraît très proche de l’original – malgré quelques détails que j’avais déjà relevé précédemment comme ce côté intemporel mélangeant la France des « Trente Glorieuses » et des éléments plus contemporains.

Le trait garde ses caractéristiques, avec un côté très organique (mais qui pousse parfois dans le crade) avec des couleurs qui lorgnent du côté du pastel. Il y a également quelques détails savoureux, comme le chat ivre mort de la première page ou l’engueulade entres capitaines sur le port, sans parler de la mouette de couverture.

Je ressors donc de cette lecture avec un sentiment mitigé. Celui d’avoir lu une adaptation fidèle, mais peut-être un peu trop pour notre époque.

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