Pourquoi lire de la science-fiction?

C’est la question qui bruisse dans la blogosphère fantastico-SF francophone, suite à un article de Sylvie Denis relayé par Blop, Gromovar, Hugin & Munin et bien d’autres:

“Pour quelle raison bizarre et irrationnelle des êtres humains adultes, responsables et occidentaux, pourvus pour la plupart de conjoints et de progéniture, de métiers, de positions sociales même, enfin bref, des gens comme vous et moi, lisent-ils des histoires d’empires galactiques, de batailles spatiales, d’aventuriers stellaires et autres fariboles situées dans des futurs aussi lointains qu’improbables ?”

Le fait que la question soit rhétorique n’ayant jamais empêché personne d’y apporter une réponse, je ne vais pas me gêner pour y ajouter mon grain de sel et, sans doute, répéter ce que d’autres ont déjà dit avant moi.

Pour moi, lire, c’est m’évader. Je le fais en lisant de la science-fiction ou du fantastique, mais également San-Antonio, l’intrigue quasi-plausible d’un The City & The City, l’uchronie réaliste de Et si la France avait continué la guerre? ou même les récits de voyages de Nicolas Bouvier – voire, dans les mauvais jours, les pamphlets politiques d’un François Ruffin ou les projets économiques un peu fous sur la “société pollen”.

La science-fiction, c’est juste un cran au-dessus, niveau exotisme, mais dans l’absolu, j’ai du mal à comprendre tout le foin que l’on fait sur la distinction entre la “vraie” littérature et la science-fiction ou le fantastique. Certes, il y a cette aura de littérature de quai de gare, mais la Loi de Sturgeon – tiens, un auteur de science-fiction, d’ailleurs – nous dit que la plus grande partie de tout est de la merde.

Un mauvais polar n’est pas intrinsèquement supérieur à un mauvais bouquin de SF ou un mauvais roman à l’eau de rose, même si certains genres semblent plus attirer les bouses; question de mercantilisme plus que de qualité intrinsèque, si vous voulez mon avis. Ce qui me paraît surtout bizarre et irrationnel, c’est comment il se fait que tout un pan de la littérature est déconsidéré par ses pairs, simplement parce qu’il traite de sujets plus exotiques que d’autres.

(Photo: Stéfan via Flickr, sous licence Creative Commons NC-SA)

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13 réflexions au sujet de “Pourquoi lire de la science-fiction?”

  1. Je soupçonne que pour de nombreuses personnes le problème n’est pas la question de science fiction ou non, mais la respectabilité. Plutôt que de lire Neil Stephenson ou China Miéville, il faudrait lire René Barajavel, Georges Orwel, Jules Vernes ou Lewis Carroll…

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    • Oui, clairement. Mais même dans ce cas, on a le cas d’auteurs plus connus pour leurs oeuvres non fantastiques (Conan Doyle, par exemple, ou Maupassant).

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  2. Quelle bonne question! Pour ma part je m’évade et surtout je voyage avec la SF. Enfant je m’imaginait le soir dans mon lit comme dans un vaisseau spatial allant à l’aventure. Je retrouve dans mes lectures de SF ces anciennes sensations et j’ai toujours envie de m’envoler à la vitesse de la lumière et de me poser sur la prochaine planète habitable.

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  3. En fait peu importe l’environnement (SF, médiéval-fantastique, ethno, historique), pourvu que l’histoire soit intéressante ou captivante. Raison pour laquelle je suis aussi capable de passer d’un roman de SF à un polar ethnique, en passant par une histoire médiévale, qu’elle soit fantastique ou non.

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  4. Une question passionnante, qui recouvre en fait la plupart de la culture dite “geek”.

    A force de voir stigmatisés certains genres (SF, Fantasy, mais aussi manga, comics, BD…), on finit par avoir honte et ne plus assumer totalement de les aimer. Alors qu’en lisant le Trone de Fer ou K Dick, on est souvent bien au dessus de la plupart des daubes qui sortent dans la littérature dite “respectable”.

    Je m’en veux un peu de faire de la pub de manière si grossière, mais j’avais écrit il y a quelques temps un article qui recouvre en partie ce sujet. J’ai honte mais je vous donne le lien : http://wp.me/p1FiSh-GV

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  5. Ca fait plaisir de lire ça. A force de voir partout que la SF est une littérature d’idées, que son but est de faire réfléchir ou qu’elle est une littérature de combat, on finit par déprimer. Sur mon blog je défends une autre idée de la SF en tant que littérature d’univers. Et une littérature d’univers est forcément une littérature d’évasion.
    Ce qu’apporte la SF tout comme la fantasy c’est justement la création de monde. Une littérature qui crée des mondes apporte à mon avis pas seulement de l’évasion à son lecteur mais en fait quelqu’un de créatif. C’est à mon la principale chose qu’en retire le lecteur.

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    • Ça peut être les deux, note. Je dirais même que si ça veut être une littérature d’idée, autant que ce soit aussi une littérature d’évasion. Sinon, autant lire des pamphlétaires.

      C’est une des raisons pour laquelle j’avais été impressionné par la lecture de L’insurrection qui vient: en plus d’être un texte pamphlétaire, je lui avais aussi trouvé un souffle épique et un côté évasion indéniable.

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      • A ce compte la, c’est vrai pour tous les genres. Un polar peut être excellent, porter un message et permettre l’évasion. Ou pas.

        En fait ça ne dépend pas du genre, mais de la qualité de celui-ci. Malheureusement, il existe une tendance générale qui consiste a reconnaître les auteurs bien après leur mort. Comme si la littérature contemporaine était forcément à jeter.

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  6. J’aime particulièrement ton “Un mauvais polar n’est pas intrinsèquement supérieur à un mauvais bouquin de SF ou un mauvais roman à l’eau de rose”.
    Sympa d’avoir repris la question, cela me fait découvrir ton blog.
    J’aime aussi la réponse de Thias : finalement, c’est une question de respectabilité. Et c’est bien dommage.

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  7. Tout à fait d’accord avec ton point de vue M’sieu Alias.

    J’ajouterai en réponse à un éventuel fâcheux : “pourquoi pas ?”, suivi de : “et toi, qu’est ce que tu lis ?”, pour finir par “t’es qui toi, pour me demander de justifier mes lecture ?”.

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  8. Je pense Que la Science-fiction contrairement ou polar à un rôle dans la société. Elle pousse la recherche et le développement remet les problèmes dans les bon contexte.
    Un mauvais livre de Sf fait ça alors qu’un mauvais polar non.

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    • Je lis assez peu de polars et, San-Antonio mis à part, ceux que je lis me convainquent rarement. Je lis plus de SF et, quand il m’arrive de lire de la mauvaise SF, je suis tout de suite plus agacé.

      Par contre, il est rare que je lise quelque chose sans en retirer une idée ou deux – parfois sur ce qu’il ne faut pas faire. Mais ça, je suppose que c’est aussi le côté rôliste.

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