Pour Martin

Ce samedi, un petit paquet de ludosaures genevois – et pas mal de théâtreux – se sont réunis pour dire au revoir à Martin Jennings.

Ouais, je commence à arriver à l’âge où ce genre de billet va devenir de plus en plus fréquent. Va falloir que je songe à écrire mon propre billet « on ferme, salut et merci pour toutes les bières! »

Après Serge-Alain, c’est le deuxième des camarades qui m’ont accompagné à mes débuts en jeu de rôle, à l’été 1982, qui s’en va. C’était au CLIC, le Club du loisir intellectuel et créatif, situé dans un improbable ex-commissariat au milieu de la non moins improbable rue de Berne, dans le « quartier chaud » de Genève.

J’y ai intégré un groupe dit « la pépinière », dont le principe était de former des meneurs de jeu en permettant à tous les joueurs de prendre ce rôle. Martin y était; lui était plutôt du genre vétéran. Ou, en tout cas, il en donnait l’impression – surtout face à un gosse de quinze ans.

C’est donc une des personnes qui m’a fait découvrir le jeu de rôle. À l’époque, AD&D première édition, en anglais, parce qu’il n’y avait un peu que ça. C’est aussi grâce à lui que j’ai commencé à lire des bouquins en anglais. Des vrais romans, pas des comics ou des manuels de jeu de rôle.

Martin a été un des premiers joueurs de Tigres Volants, peut-être même un des premiers fans du jeu. C’est à lui que l’on doit l’existence des « rails de tram » dans la liste des armements, en souvenir de son personnage siyan qui en utilisait un comme arme.

Je suppose que je lui dois également une partie non négligeable de mon intérêt pour le metal. Je crois me souvenir qu’on est allés ensemble voir Iron Maiden à Lausanne en 1987 (Mike Oldfield aussi, deux ans avant).

Martin, c’était le bon vivant par excellence: la bouffe, la picole, la clope, le jeu, la moto. L’amitié, aussi. Toujours en grande quantité, parfois jusqu’à l’excès. Je me souviens de la fois où il est arrivé en retard à une session de jeu parce qu’il venait de démolir trois véhicules, dont sa propre moto, dans un accident. Mais il est arrivé quand même.

Après, il valait mieux ne pas être trop près quand il perdait. Je me souviens de certaines de ses défaites à Car Wars qui ont fait tremblé les murs.

À côté de ça, c’était également un passionné de théâtre, acteur et réalisateur au Geneva Amateur Operatic Society. Un pan de sa vie dont j’ignorais à peu près tout, d’ailleurs.

Et puis, comme souvent, nos chemins ont divergé. Notre groupe de rôlistes s’est séparé pour de multiples raisons. Pas de fâcheries, mais plus la vie qui décide qu’il y a d’autres plans. Genre, les études, le boulot. Bref.

Il nous arrivait encore de nous croiser, en convention ou en concert; par exemple au Paléo devant Steve’n’Seagulls – en attendant Iron Maiden, toujours. Ou alors sur les réseaux sociaux. Et puis la vie avait encore un dernier truc de prévu et il est parti brutalement.

Alors voilà. Il ne me reste plus qu’à répéter ici ce que j’ai dit devant ton cercueil: bon voyage, mon pote. Cheers!

Photo: Jared Poledna on Unsplash

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