Je continue mon périple un peu aléatoire, au gré des republications, dans l’œuvre de Roland C. Wagner avec Poupée aux yeux morts, réédition d’une histoire en trois tomes qui parle de voyage spatial, d’évolution, de drogues, d’amour et de jeux de mots foireux. Pile mon truc, quoi!

À la base, c’est l’histoire d’un spationaute qui revient sur Terre, cinquante ans après son départ; normalement, il n’aurait dû vieillir que de quelques années, mais ça n’a pas été le cas. Septuagénaire, il erre dans des rues qu’il ne reconnaît plus à la recherche de sa bien-aimée, qui elle n’a pas vieilli et qui ne le reconnaît pas non plus.

Ah, au fait, le héros s’appelle Kerl. Donc, Poupée aux yeux morts, c’est l’histoire d’un mec. Vu que l’auteur était germanophone, j’ai du mal à croire qu’il n’ait pas fait exprès.

Quand je dis “à la base”, deux paragraphes plus haut, il faut voir que le bazar se complique assez rapidement. Il y a d’abord l’apparition du fouinain, un extra-terrestre aux allures cartoonesques. Ensuite il y a un cirque. Puis l’apparition des Salvoïdes, clones d’un comique disparu dont les jeux de mots sont littéralement des armes de destruction massive.

On peut rajouter à cela l’ombre d’un gouvernement mondial néo-puritain qui n’a pas survécu à l’arrivée des extra-terrestres, mais qui grenouille encore en sous-main; des histoires de conditionnement mental; la réalité qui part en vrille; et des acteurs du Rocky Horror Show qui voyagent dans le temps.

Ça fait beaucoup. Limite trop.

On retrouve dans ce foisonnement invraisemblable les prémisses des délires de La Sinsé gravite au 21. Le souci, c’est que si beaucoup de choses sont une question de dosage, pour ce qui est du délire, il vaut mieux y aller à fond. Ici, Roland C. Wagner tend à alterner avec des trucs sérieux et, du coup, la sauce prend difficilement.

Oh, je ne dirais pas que je me suis ennuyé à la lecture de ce pavé (700 pages, quand même), mais j’ai un peu eu l’impression de lire quatre ou cinq bouquins différents. C’est pas mal confus et c’est surtout très décousu.

Mais bon, c’est marrant; ça fleure bon la SF française des années huitante – probablement parce que c’en est – mais avec un poil de profondeur en plus. On est loin du génie de Rêves de Gloire, mais ce n’est pas le décevant Aventurier des étoiles non plus. Et, comme mentionné, c’est blindé d’idées à repiquer.

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