Il y a un an, un gentil rôliste m’avait refilé Chien du heaume. Comme j’avais bien aimé, j’ai rempilé avec Mordre le bouclier, la suite des aventures de la mercenaire éponyme, signée Justine Niogret.

On y retrouve Chien, toujours dans son castel perdu dans une vallée gelée, avec plein de bouts en moins suite au final apocalyptique du précédent roman. Jusqu’au moment où arrive Bréhyr, l’épouse du forgeron que ce dernier croyait morte.

Les deux guerrières repartent sur les routes, poussées par la quête de vengeance de Bréhyr et par la quête d’identité de Chien. En chemin, celle-ci va retrouver des éléments troublants de son passé, ainsi que son nom.

Déjà, une évidence: si vous n’avez pas aimé Chien du heaume, il n’y a à peu près aucune chance que vous appréciez Mordre le bouclier. Et, si vous avez aimé le premier, il est possible que vous n’aimiez pas celui-ci non plus.

La raison en est que le style de Justine Niogret est très particulier. On est dans des ambiances lentes, dans un Moyen-Âge contemplatif traversé par des moments de violence fulgurante, comme des éclairs dans une pénombre brumeuse.

Comme dans le premier, c’est le contexte, le décor qui est roi, les personnages ayant là encore tendance à s’y fondre ou, au contraire, à s’en détacher brusquement.

Les personnages aussi sont particuliers, quasiment tous abîmés, mutilés. Quasiment tous vieux – ou, à tout le moins, avec une vie très remplie derrière eux. Et, pour des guerriers qui vivent à cette époque peu après la Première Croisade, ça signifie une quantité de traumatismes et de tragédies.

J’avoue, j’ai eu du mal. Plus qu’avec Chien du heaume. Il y a un côté introspectif dans Mordre le bouclier qui est bien plus fort, mais avec encore moins d’action. Les personnages se lancent régulièrement dans des monologues interminables et qui n’amènent pas grand chose.

Et puis il y a cette impression lancinante qu’il y a plein de trucs qui ne sont pas expliqués, qui ne le seront sans doute jamais et qui, si ça se trouve, ne sont probablement pas explicables, d’ailleurs. Un peu, ça va, mais là, il y en a beaucoup.

Je soupçonne que lire les deux romans à un an d’écart n’est pas une bonne idée. On perd peut-être une certaine unité de ton. Et, au final, je dirais que Mordre le bouclier est peut-être décevant en ce qu’il retrouve l’alchimie entre action et contemplation, qui était plus fine dans Chien du heaume.

Reste la plume de Justine Niogret – ne manquez pas son glossaire final – et une ambiance particulière. C’est peu, mais c’est aussi beaucoup. Pas forcément assez à mon goût, mais déjà pas mal.

D’autres avis chez L’Ours inculte, Elbakin, Nébal, Blog-o-livres, Xapur et sans doute un million d’autres.

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