Martin Milan, intégrale

Martin Milan est un pilote d’avion-taxi qui a le chic de se retrouver dans les situations les plus absurdes. C’est aussi un personnage de bande dessinée peu connu, lancé dans les années soixante par Christian Godard, et qui mérite d’être (re)découvert par cette intégrale en quatre tomes.

Commençons par le commencement: Christian Godard, vous le connaissez sans doute plus en tant que scénariste de la mythique série Le Vagabond des Limbes. Disons que, dans son genre, Martin Milan, c’est pas beaucoup moins fumé.

Le personnage titulaire est donc pilote. On pourrait imaginer le héros typique, à la mâchoire carrée, toujours prêt à jouer du flingue ou de l’uppercut, sauf que non: Martin aspire surtout à ce qu’on lui foute la paix.

Il a un côté baroudeur-philosophe, quelque part entre Prévert et Audiard, avec quand même une haine farouche envers l’injustice en général et les brutes en particulier. Et s’il lui arrive de mettre ses phalanges dans la physionomie d’un contemporain, on sent bien que ce n’est pas de gaieté de cœur.

Il pilote le « Vieux Pélican », une semi-épave improbable qui perd régulièrement ses pièces dans le paysage. Ce qui fait qu’il se retrouve assez régulièrement à transporter des gens louches, désespérés, ou les deux.

Du coup, les aventures de Martin Milan flirtent souvent avec le surréalisme, parfois carrément avec le fantastique. Et c’est souvent plutôt sombre, ou à tout le moins emprunt de mélancolie. C’est une des séries qui a hanté ma jeunesse. Je dis « hanté « à dessein. Il se dégage une atmosphère très particulière, très différente des bandes dessinées de l’époque.

Le trait de Christian Godard est assez étonnant, avec un style assez ligne claire / franco-belge « à gros nez », pour évoluer vers un réalisme avec des personnages secondaires qui sont vraies trognes. J’ai aussi l’impression qu’il y a une influence américaine, surtout dans certaines histoires courtes.

Comme la plupart de ces intégrales, celle-ci inclut des notices biographiques qui me paraissent plutôt complètes. On y apprend – sans trop de surprise – que les éditeurs ne savaient pas trop quoi faire de cette série, bien trop bizarre pour des publications jeunesse.

Parce que oui. Martin Milan, c’est du bizarre. On y croise un maharadjah qui cherche l’immortalité, un culte du cargo, un vrai-faux ours (« Grôargreugrô. Avec argreu entre les deux grô »), un enfant sauvage (ou pas), un ange gardien et même un extraterrestre vraiment pas sympa.

En fait, Martin Milan fait partie de ces séries que je pensais disparue dans les limbes. Cette intégrale est donc une excellente nouvelle et l’occasion rêvée pour la redécouvrir.

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2 réflexions au sujet de “Martin Milan, intégrale”

  1. Et bien en plus tu nous fais découvrir ça parce que cette intégrale serait passée inaperçue. En plus l’auteur est encore vivant, même si à 89 ans, il ne sort plus rien…En regardant sa bio, j’ai du en lire quelques unes de ses créations sans me souvenir de l’auteur en plus.

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    • Oui, c’est aussi l’intérêt de cette intégrale: il y a pas mal de notes qui viennent de l’auteur lui-même. J’ai d’autres intégrales de cette collection, mais elles sont souvent post-mortem et, du coup, il y a des trucs qui se sont perdus.

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