“Les Enfants de l’Ô”, de Vanessa du Frat

J’ai découvert Les Enfants de l’Ô – premier roman d’une série intitulée « Le Cycle de Za’arkan » – directement auprès de son auteur, Vanessa du Frat, qui participe régulièrement aux Mercredis de la SF de Genève. Naïvement, j’ai pensé qu’il s’agissait donc d’un ouvrage de science-fiction.

L’ouvrage suit un frère et une sœur jumeaux aux rapports plus qu’ambigus, qui servent les intérêts d’un père violent et manipulateur, dont les expériences impliquent de capturer des très jeunes filles et de leur implanter des embryons. On part déjà sur une base qui respire la joie de vivre.

On croise également un ambitieux scientifique et une stagiaire affectée à une équipe de secours qui, par hasard (enfin, peut-être par hasard), tombent sur une des captives de la famille infernale, enceinte de jumeaux. Là où ça commence à devenir franchement bizarre, c’est que cette deuxième narration se déroule à près de trois siècles d’écart et sur une autre planète.

L’avantage de croiser des auteurs aux Mercredis de la SF, c’est qu’on peut découvrir leurs œuvres. Le désavantage, c’est quand il faut leur expliquer de vive voix qu’on n’a pas croché à leur bouquin. Car non, je n’ai pas croché aux Enfants de l’Ô; les mauvaises langues diront que c’est à cause du titre.

En vrai, j’ai rencontré deux problèmes: les personnages et le contexte. Le plus gros écueil, c’est que les personnages ne sont pas sympathiques: en résumant fortement, on a le choix entre les salauds-victimes et les victimes tout court. Et, par « victime », j’entends des personnages qui subissent sans répliquer – ou si peu.

Personnellement, ça me bourre: j’attends des protagonistes un minimum, sinon d’héroïsme, du moins de dignité. Là, j’attends qu’ils meurent. En fait, même pas: je m’en fous un peu. Et, du coup, même leurs histoires d’amour et/ou de cul m’indiffèrent.

Le second écueil, celui du contexte, est moins important, mais ennuyeux quand même: l’univers – enfin, les deux univers – apparaissent comme sans relief. En clair, ça pourrait tout aussi bien être notre époque, avec encore moins de technologie apparente. Pour tout dire, cela assez peu SF.

C’est dommage et quelque peu frustrant, ce d’autant plus que Les Enfants de l’Ô est plutôt bien écrit et, si on ne sait pas trop où l’intrigue veut aller, entre intelligence artificielle, manipulations génétiques et pouvoirs mentaux, il y a des idées intéressantes. Et un épilogue qui sauve en grande partie le roman – je crois que j’ai dû hurler « ENFIN! » en lisant ce qui s’y déroule.

L’avantage de pouvoir en discuter de vive voix avec l’auteur – surtout quand celle-ci prend plutôt bien la critique et omet de vous offrir un massage facial à la pizza diablo ou un shampoing au Montepulciano, bouteille incluse – c’est que ça permet de comprendre qu’il y a maldonne.

En effet, s’il y a effectivement des éléments de science-fiction dans Les Enfants de l’Ô, il n’était pas conçu comme un ouvrage de SF au départ, mais plus comme une romance avec des éléments de SF. Ce qui explique pourquoi je pars avec un a priori plutôt négatif: ce n’est pas vraiment mon truc – et, d’après Vanessa, ce n’est pas près de changer.

Du coup, que les lecteurs soient prévenus: Les Enfants de l’Ô n’est pas une lecture recommandée à ceux qui s’attendent à lire une histoire de science-fiction. Pour ma part, je dirais que ce n’est de loin pas un mauvais bouquin, mais il appuie un peu trop sur les boutons qui me grattent.

Pour d’autres avis, plus positifs, référez-vous aux chroniques du Bazar de la Littérature et du Souffle numérique.

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1 réflexion au sujet de « “Les Enfants de l’Ô”, de Vanessa du Frat »

  1. L’auteur préférant qu’on l’appelle auteur plutôt qu’auteure, j’ai modifié auteure en auteur.

    Ça va, vous suivez?

    Répondre

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