Avec La malédiction de la Tour Saint-Jacques, premier tome de la nouvelle série de bande dessinée Paris Maléfices, Jean-Pierre Pécau commence à me faire un peu peur: non seulement il semble être un grand amateur d’uchronie (surtout si ça implique des avions débiles), mais il a aussi un intérêt pour le fantastique urbain en général et à Paris en particulier. J’ai l’impression d’être confronté à mon jumeau qui a réussi.

On est ici dans le territoire (modernisé, car contemporain) balisé par Rue des Maléfices; rien que le titre de la série est un indice – et, pour le cas où on l’aurait raté, la dédicace à Jacques Yonnet en est un autre. Le décor, c’est un Paris d’aujourd’hui, mais dont le poids du passé fait naître des phénomènes étranges, parmi lesquels le meurtre d’un agent du Ministère de la Culture chargé de superviser les rénovations de la Tour Saint-Jacques.

L’ambiance est là, pas de doute, l’enquête est intéressante et il y a de l’action (notamment un “traitement” au lance-roquette d’une créature surnaturelle dans une station de métro, amis de la subtilité rôliste, bonjour!). Je suis moins enthousiaste sur les personnages de cette histoire, qui sont certes bien mystérieux, mais ça ne les rend pas intéressants pour autant. On a du mal à s’y attacher.

J’ai également un peu du mal à accrocher aux dessins de Dim D., dont les décors ressemblent beaucoup (= trop) à de la photo retouchée. Ce n’est pas c’est moche ni que ça ne colle pas à l’ambiance, mais il y a ce côté “photo ou dessin?” qui me dérange. J’ai l’impression que c’est juste du filtre Photoshop et ça me grattouille la fibre graphiste à rebrousse-poil.

Bref, ce premier tome de Paris Maléfices pose des prémisses intéressantes, mais pas entièrement enthousiasmantes. Il y a là le potentiel pour faire une bonne série, mais j’ai un peu peur que les défauts prennent le pas sur les qualités de l’ensemble. J’espère que ces “péchés de jeunesse” vont vite être gommés dans le prochain volume.

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