Ça faisait un petit moment que je m’étais promis de retourner au CrabCore Fest et, cette année, les étoiles se sont finalement alignées. Et c’est ainsi que, à la fin du mois de septembre, je reprends le chemin de la Villa Tacchini, à Lancy.

Bon, en vrai, cette villa, je passe devant tous les jours ou presque, quand je vais bosser, mais c’est pas grave. Et je dois également avouer que, si le festival est sur deux jours, je n’y suis allé que le second. D’abord parce que j’avais quelque chose d’autre de prévu le vendredi soir (genre, un livestream), et ensuite parce que le programme, à base de punk et de hardcore, c’est moins mon truc.

Le CrabCore Fest, c’est un petit festival avec un solide ancrage local: deux soirées, quatre groupes chaque jour, dont trois de la région et également du boire et du manger du coin. Le tout à prix libre, avec un bel espace en plein air pour quelques stands (de merch, mais pas que). Et qui sait accueillir les photographes!

CrabCore Fest 2025 : Conjonctive
Conjonctive (blackened deathcore, Suisse) en concert lors du CrabCore Fest 2025 à la Villa Tacchini, Lancy (Suisse), le 27 septembre 2025. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Mais il est déjà 20 h 10, l’heure de commencer les hostilités! Et, question hostilités, quoi de mieux qu’un groupe qui se qualifie de blackened deathcore: Conjonctive. Groupe originaire du canton de Vaud et actif depuis 2007, il aligne deux guitares et deux voix saturées, masculine et féminine, avec un chant parfois en français (mais c’est pas évident).

Même si la scène du CrabCore Fest n’est pas si petite que ça, ça fait quand même beaucoup de monde et, surtout, beaucoup de monde qui remue beaucoup. Musicalement, le côté deathcore est assez évident, très rentre-dedans, mais je leur ai également trouvé des compositions plus travaillées que ce que je craignais de prime à bord: il y a des changements de rythme, des break parfois presque prog.

Mais on ne va pas se mentir, le deathcore n’est pas un genre musical qui me parle beaucoup. Reste que Conjonctive a une proposition musicale qui est un peu plus élaborée que ce que je connais de ce style. De plus, le groupe a du métier et se donne sans compter pendant quarante-cinq minutes, devant un public déjà pas mal nombreux et plutôt réceptif.

CrabCore Fest 2025 : De l'Abîme naît l'aube
De l’Abime naît l’aube (shamanic post-metal, Suisse) en concert lors du CrabCore Fest 2025 à la Villa Tacchini, Lancy (Suisse), le 27 septembre 2025. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Après une petite demi-heure, on reprend avec un des deux groupes que je connais: De l’Abîme naît l’aube, qui monte sur scène autour de 21 h 25. Découvert au début de cette année, le groupe valaisan se définit comme post-metal chamanique, ce que je rapprocherais personnellement d’un black-metal très atmosphérique.

Ici encore, pas moins de six personnes sur scène pour une performance très théâtrale, voire liturgique, dans une ambiance antique et païenne: tenues en lin, maquillages dorés et un duo masculin et féminin au chant. Le tout est au service de compositions très longues, alternant passages atmosphériques et planants pendant une quarantaine de minutes.

Même si, depuis leur premier concert en mai, l’effet de surprise est passé, c’est toujours aussi intense. Le groupe semble avoir gagné en expérience et en confiance, enchaînant les morceaux presque sans pause. C’est donc une prestation blindée d’ambiance et d’émotion que nous a proposé De l’Abîme naît l’aube.

En discutant avec les musiciens, ceux-ci m’ont confirmé que, même si la veille ils avaient joué à L’Usine en première partie de Der Weg einer Freiheit, ce concert-ci était bien plus intense. Au passage, l’album est en approche et un premier single est d’ailleurs sorti.

CrabCore Fest 2025 : Versatile
Versatile (industrial black-metal, Suisse) en concert lors du CrabCore Fest 2025 à la Villa Tacchini, Lancy (Suisse), le 27 septembre 2025. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Un nouveau changement de scène plus tard et, à 22 h 35, c’est Versatile qui vient déclencher son apocalypse à base de black-metal industriel. Mine de rien, le groupe genevois est une des formations que j’ai le plus vu sur scène ces dernières années (quatre fois depuis 2022) et j’ai pu constater sa montée en puissance, à la fois du point de vue de la musique, mais aussi de son côté théâtral.

Emmené par leur chanteur Hatred Salander, les quatre musiciens déroulent leur univers post-apocalyptique sombre, grotesque et mystique pendant trois quarts d’heure. À la puissance de leur musique s’allie avec leurs spectaculaires costumes pour plonger les spectateurs dans une ambiance furieuse et – littéralement – enflammée.

À noter la présence, sur un des titres, de Ben, chanteur de Somora (ex-Oma) et « ancien » de Versatile (si j’ai bien compris). Au terme du show, la conclusion est dans appel: Versatile a clairement pris du level et je suis personnellement très content de les voir percer en dehors de nos frontières (avec notamment leur présence sur plusieurs grands festivals cet été, dont le Motocultor).

CrabCore Fest : Mortuorial Eclipse
Mortuorial Eclipse (symphonic blackened death metal, Argentine) en concert lors du CrabCore Fest 2025 à la Villa Tacchini, Lancy (Suisse), le 27 septembre 2025. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Enfin, Mortuorial Eclipse prend possession de la scène autour de 23 h 40. Venu d’Argentine, le quatuor propose un death-metal aux accents symphoniques redoutable d’efficacité. Je ne vous cacherai pas que je n’ai pas vu tout le concert: la combinaison d’un coup de fatigue vers minuit et d’un son un peu trop fort m’a fait quitter la salle avant la fin de leur show. Mais j’ai plutôt bien aimé ce que j’ai entendu.

Leur musique est nettement plus proche du style de death-metal que j’apprécie: beaucoup de mélodie, des éléments symphoniques et épiques et, surtout, une énergie impressionnante. Si la foule s’est un peu espacée, il reste tout de même beaucoup de monde devant la scène pour leur prestation et le public du CrabCore Fest apprécie clairement.

Ici aussi, le groupe affiche des éléments théâtraux, avec costumes et maquillages recherchés. Cependant, leur priorité, c’est de jouer vite et fort. J’ai d’ailleurs pris leur dernier album au merch et je pense que je vous en reparlerai prochainement.

En parlant de merch, je vais passer la fin du festival autour des quelques stands, d’abord à prendre le frais et reposer les tympans, ensuite à discuter avec plusieurs des musiciens encore présents. Conclusion parfaite pour un CrabCore Fest parfait aussi, ou peu s’en faut.

En plus, la salle n’est pas très loin à vélo, et ça c’est toujours très cool.

Mes photos sont en ligne et ce présent live-report est également disponible en vidéo, sur YouTube et sur Peertube.

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

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