Elle s’appelle Chien du Heaume, elle est mercenaire et c’est son histoire que nous raconte Justine Niogret. Quelque part, c’est un peu tout ce que l’on saura vraiment sur cette protagoniste étonnante, femme de guerre dans un Moyen-Âge d’hommes.

Et, pour tout dire, ce nom est au cœur de sa quête personnelle: retrouver son vrai nom, un nom et un passé qui n’existent que par la hache ornée de serpents qui est son arme principale. Pour cela, elle se rapproche d’un Chevalier Sanglier, Bruec, homme de guerre lui aussi qui a conquis son propre castel, un place forte accrochée à la falaise non loin d’une cascade.

Chien va passer des hivers glacials et des étés étouffants, aux côtés de ce chevalier et de quelques autres: Regehir le forgeron marqué au visage, Iyngen le jeune apprenti et Noalle, l’inquiétante épouse-enfant de Bruec. Sans renoncer à sa quête, mais avec le spectre du temps qui passe pour tout le monde.

Chien du Heaume est un roman court, mais percutant. L’écriture de Justine Niogret – médiéviste et forgeron en plus de romancière – catapulte le lecteur dans un Moyen-Âge mal défini, fait de forêts inquiétantes, de villages crasseux et de quelques rares villes. Ce n’est pas une histoire médiévale-fantastique, même si le fantastique affleure parfois.

C’est également un monde en mutation, avec une église qui se prend de reconquérir les terres païennes, par le fer et par le feu si nécessaire. Un monde où ni Bruec, ni Chien n’ont plus leur place.

Dans l’édition que j’ai lue (J’ai Lu, 2014), le livre est complété par quelques “bonus”: une note d’intention et un glossaire, notamment, qui sont très amusants à lire et plutôt différents dans le ton du reste de l’ouvrage. Ce ne sont pas des additions anecdotiques, elles apportent pas mal de lumière sur l’histoire et sur l’époque.

J’avais déjà beaucoup entendu parler de Chien du Heaume – le bouquin a d’ailleurs raflé une trallée de prix à sa sortie en 2010 – mais j’avoue que je ne l’aurais sans doute jamais lu si un lecteur de ce blog ne me l’avait pas offert à RPGers – qu’il en soit d’ailleurs remercié ici.

Je ne le regrette pas. C’est une lecture puissante, faite de personnages crédibles, mais plus grands que nature – à commencer par son héroïne éponyme au physique ingrat – dans un contexte qui écrase ou sublime. C’est souvent violent et crasseux, mais ça sonne vrai. Il n’y a guère que le premier chapitre que j’ai eu du mal à trouver raccord avec le reste du bouquin.

Autant dire que, pour les rôlistes, il y a là une mine d’idées à récupérer si on a envie de sortir des clichés med-fan gnangnans. À noter qu’il existe une suite à Chien du Heaume, intitulée Mordre le bouclier. Si elle est du même niveau que ce texte, je vais m’y intéresser prochainement.

D’autres avis – entre autres – chez Nébal, Elbakin, Lorhkan, L’Ours inculte, Blog-o-livres.

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