Un aphorisme affirme que « on a toujours fait comme ça » est la phrase la plus dangereuse du monde. Ce n’est pas Cass, protagoniste de C’est-comme-ça, le dernier roman d’Auriane Velten, qui dira le contraire.

Le roman commence de façon peu banale: des funérailles, en pleine forêt, autour d’un cercueil vide. Ce cercueil, c’est celui de Robin-des-Bois et nombreuses sont les autres Croyances venues lui rendre un dernier hommage.

Parmi elles, Cass. Plus connue des simples mortels sous le nom de Cassandre, elle subodore que cette disparition n’est pas normale. Elle va donc enquêter et découvrir une menace capable de tuer même les Croyances les plus tenaces.

Je vais tout de suite casser le suspens: autant les deux précédents titres de l’autrice m’avaient bien plu, autant je suis ici plus mitigé. C’est-comme-ça n’est pas mauvais, mais j’ai l’impression que le thème aurait pu amener un traitement plus radical.

Déjà, sans aller jusqu’à des règles de rôliste, je me dis que les mécaniques qui sous-tendent le « fonctionnement » des Croyances aurait pu être plus détaillé. Là, j’ai l’impression que tout le bazar est flou – ce qui aurait pu aussi être expliqué par « c’est flou » dans le texte, mais même ce point n’est pas évident.

Il est cependant possible que mon appréciation de C’est-comme-ça soit faussée par le fait que nous sommes en train de regarder la deuxième saison de Sandman, qui joue sur des thèmes similaires.

Ce qui est dommage, parce que ce roman a des qualités propres qui méritent d’être mises en avant. Il a un côté « meta » en mettant en scène Cass et une romancière allemande qui contribue à ressourcer son mythe.

Il porte une réflexion sur les thèmes de l’imaginaire, surtout les plus progressistes. Cela dit, à l’heure où les réacs de tous bords tentent de récupérer certaines grandes figures de l’imaginaire, il y aurait sans doute eu des parallèles pertinents à tracer dans cette direction.

Quelque part, je dirais que ce qui pénalise peut-être le plus C’est-comme-ça, surtout par rapport aux deux précédents romans d’Auriane Velten, c’est une forme de retenue (ou de manque d’ambition, si je voulais être un peu plus mordant). Quelque part, il est trop court.

Par contre, si je suis réservé sur l’ensemble de l’ouvrage, je trouve qu’il est sauvé par sa fin. Pas tant le duel entre Cass et son pire ennemi que les toutes dernières pages, qui concluent l’histoire sur un ton épique très bienvenu.

Mitigé, donc. C’est-comme-ça est peut-être trop ambitieux pour son propre bien et ne parvient pas toujours à tenir les promesses de son thème, mais il contient pas mal de bonnes idées et il bénéficie d’une fin qui rattrape beaucoup de choses.

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

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