“Jouer avec l’Histoire”

Je dois avouer avoir affiché un certain scepticisme vis-à-vis du projet “L’Atelier du jeu de rôle », dont le premier volume, Jouer avec l’Histoire, vient de sortir chez Pinkerton Press. L’idée d’écrire sur le jeu de rôle a un côté “nombrilisme pour Auteur Pédant” (™ Antonio Bay) dont l’utilité première m’échappait quelque peu.

La lecture de l’ouvrage a en grande partie dissipé mon scepticisme: Jouer avec l’Histoire est une fort intéressante collection d’articles sur l’écriture rôlistique et les termes qu’elle traîte et devrait intéresser tous les auteurs de jeux ou, plus modestement, de scénarios.

Le livres divisé en trois thèmes autour de l’Histoire: dans un premiers tiers, trois auteurs de jeux historiques (Te Deum pour un massacre, Pavillon noir et Maléfices) expliquent leur démarche. Les trois articles suivants explorent le jeu dans un contexte historique, alors que les trois derniers traitent des thèmes sensibles. Le tout est complété par des encadrés traitant de thèmes connexes ou revenant sur des points précis et une introduction présente l’ensemble du projet.

Dans l’ensemble, j’ai retrouvé dans Jouer avec l’Histoire une grande quantité des questions et de problématiques que j’ai déjà croisées dans ma “carrière” d’Auteur Pédant, à commencer par “qu’est-ce qu’un jeu historique?” Ça a l’air stupide, comme ça, mais l’idée qu’on puisse faire du jeu historique même dans un contexte complètement imaginaire (jouer dans l’univers du Seigneur des Anneaux pendant le Premier Âge, par exemple) ouvre pas mal d’horizons. Tels des messieurs Jourdain rôlistes, nous avons sans doute tous fait du jeu historique sans le savoir.

Le concept de genre et l’écriture d’une campagne historique sont également traités dans deux chapitres qui devraient être une lecture obligatoire pour les auteurs de jeu de rôle débutants (et même les tromblons dans mon genre). Toute la partie sur les “plaies vives de l’Histoire”, notamment le barouf autour du supplément Wraith sur la Shoah, est également intéressante pour qui s’intéresse au minimum à l’histoire du jeu de rôle en tant que tel.

Seul le chapitre sur le Moyen-Âge des rôlistes m’a laissé un peu froid; le thème est très intéressant, mais aurait mérité plus de profondeur et un traitement moins académique (l’idée de reproduire les réponses des sondés avec leur lot d’hésitations a sans doute sans raison d’être en sociologie, mais donne ici une impression de maladresse). Une conclusion sur l’ensemble aurait également été la bienvenue.

En bref, je recommande chaudement cet ouvrage. Cela dit, je suis rôliste et historien de formation, donc forcément subjectif sur ce point. Je pense néanmoins qu’Olivier Caïra – auteur de l’excellent Jeu de rôle, les forges de la fiction dont j’avais déjà parlé précédemment – et Jérome “Brand” Larré ont fait ici un excellent travail pour recueillir les neuf contributions de Jouer avec l’Histoire. En attendant la prochaine livraison, sur le thème de l’horreur.

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1 réflexion au sujet de « “Jouer avec l’Histoire” »

  1. Ouais, je prends du retard. J’ai déjà pas eu le temps de lire Les Forges de la fiction, mais avec celui-ci en plus, j’accumule.

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