The Expendables

Je dis souvent que la nostalgie, c’est pour les cons, mais il faut quand même avouer que, quand c’est géré avec intelligence et humour, ça peut être plaisant. Témoin The Expendables, film-hommage au cinéma d’action de la fin du XXe siècle et ses héros à gros bras, gros flingues et petit scénario. D’ailleurs, c’est bien simple, ils sont à peu près tous au générique: Sylvester Stallone (également réalisateur), Jet Li, Dolph Lundgren, Micky Rourke, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger, plus Jason Statham pour faire jeune.

L’idée de base est simple: un groupe de mercenaires, emmené par Stallone, est engagé par la CIA pour aller flinguer un général encombrant dans une petite île des Caraïbes; après, les choses ne se passent pas comme prévu, mais on s’en fout parce que c’est une bonne excuse pour flinguer tout ce qui est flinguable et faire sauter le reste. Le tout en une heure trente chrono, ce qui permet au bruit des explosions et des rafales de couvrir celui du pop-corn.

Tout le film tient dans ce simple paragraphe; c’est un énorme clin d’œil aux films du genre, qui utilise et revisite tous les clichés du genre, à commencer par les noms crétins (mention spéciale au personnage joué par Jet Li, Yin Yang), les dialogues dégoulinants de testostérone et de calembours douteux, le fétichisme des gros flingues, le décor qui explose (à peu près tout peut exploser dans ce genre de film), les cascades improbables, la bande originale mitigée symphonique martial et hard-rock, le thème de la rédemption et les méchants très méchants.

Les rôlistes joueurs de Feng Shui ou de Extreme Vengeance peuvent se passer les scènes au ralenti pour en décortiquer les actions selon les mécanismes de leur jeu favori et arriver à un catalogue assez exhaustif. Au reste, si je devais faire un gros reproche à ce film, c’est que les scènes d’actions sont parfois abominablement bordéliques et à la limite de la lisibilité; si on peut laisser un truc aux réals de l’époque, c’est qu’il savaient faire dans la chorégraphie lisible.

Bref, n’allez pas voir ce film pour autre chose que des gros muscles, des gros flingues et des grosses explosions. Mais allez le voir quand même, ça défoule!

Extreme Vengeance

Ce n’est pas tous les jours que je peux découvrir un nouveau jeu de rôle; en fait, ce n’est pas tous les jours que je peux faire une partie de jeu de rôle, sans même parler d’être joueur. C’est pourquoi j’étais assez enthousiaste à l’invitation de Cuchulain pour tester Extreme Vengeance, le jeu des films d’action américains.

L’idée est bel et bien de jouer un film, de préférence du genre des sous-nanards d’action des années 80 – du genre de ceux avec Steven Seagal, Chuck Norris ou Dolph Lundgren, qui passent avec une régularité inquiétante sur RTL9 ou d’autres chaînes du genre. Pour le coup, le personnage (créé en choisissant des archétypes), se définit par deux caractéristiques, “Tripes” et “Coïncidence”, et une volée de “ressources”, qui sont en fait des clichés cinématographiques qui donnent, une fois par scénario, des bonus à l’attaque, aux dommages, ou à la popularité (= l’expérience).

L’idée de mettre l’accent sur un traitement cinématographique du genre est amusante et plutôt bien trouvée. D’autres jeux l’avaient fait avant (Feng Shui) et d’autres l’ont fait plus tard (Brain Soda), mais Extreme Vengeance est sans doute celui qui le fait le mieux. Certaines de ces ressources sont des trouvailles de pur bonheur: de la grimace héroïque à la caméra subjective, en passant par les sponsors, il y a là un potentiel pour des grands moments de kitsch assumé.

Le défaut du système est le même que celui propre à tout jeu qui remplace compétences ou caractéristiques par un wagon de pouvoirs spéciaux: il est très facile de se perdre dans la jungle des ressources. Il y a beau n’y en avoir qu’une vingtaine, c’est beaucoup à gérer à la fois. De plus, il y a pas mal de doublons ou de ressources à l’utilité très limitée: pouvoir changer un dialogue au vol (“What is your quest?” “Er, blue… AAAH!”) est moins utile que pouvoir rejouer la scène (= relancer les dés) ou passer en mode “fureur vengeresse” (qui double le score de Tripes).

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