“Une orchidée qu’on appela vanille”, de Nicolas Bouvier

Il faut vraiment que je sois un fanboy de Nicolas Bouvier pour qu’il me fasse acheter un bouquin qui parle de vanille! Au reste, Une orchidée qu’on appela vanille est somme toute une œuvre mineure de l’écrivain genevois, tant par sa longueur (une petite centaine de pages écrit gros) que par son contenu et qui est presque plus intéressant par son contexte et son histoire que par son contenu.

Une orchidée qu’on appela vanille est en effet un autre ouvrage de commande, cette fois-ci pour le compte d’un chocolatier qui, entre-temps, se retrouva ruiné. Bouvier ne fut payé pour ce texte que par des insultes téléphoniques et éthyliques en suisse-allemand et un jugement assez radical de son commanditaire, qui le qualifiait de “mal de dents”.

C’est très exagéré. C’est clair qu’à la lecture, on sent l’auteur assez mal à l’aise dans ce sujet (il se qualifie lui-même de “cancre de la botanique”); bon, à vrai dire, à moins d’être un biologiste ou un cuisinier professionnel, l’histoire de la vanille, pour aussi mouvementée qu’elle fût, n’a pas de quoi remplir des encyclopédies. Mais cela reste plaisant à lire, assez enlevé, érudit sans être chiant.

En fait, l’intérêt de l’ouvrage, dans sa version parue aux éditions Metropolis en 1998, tient non seulement à son contexte particulier, expliqué dans des prolégomènes de l’auteur lui-même et dans une postface de l’éditeur, mais également par ses annexes: six pages de fac-similé du manuscrit originel de la main de Nicolas Bouvier, quelques jolies planches botaniques, une poignée de recettes de cuisine du XIXe siècle signé Jules Gouffé et même une lettre (polie) du commanditaire de l’ouvrage.

Je mentirais si je disais que Une orchidée qu’on appela vanille est une œuvre incontournable. C’est une lecture plaisante et légère, mais qui ne laissera pas vraiment de souvenir impérissable – surtout quand on n’aime pas la vanille. Mais c’est également amusant de voir que, même des écrivains considérés aujourd’hui comme des grands noms n’ont pas toujours échappés aux affres des clients pénibles.

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