« Un long voyage », de Claire Duvivier

Dans Un long voyage, Claire Duvivier nous raconte un empire qui s’effondre, une armée conquérante, une administratrice dynamique, une ville disparue. Et, surtout, une vie.

Un long voyage est un roman qui se présente sous la forme d’une lettre écrite par Liesse, qui raconte des faits qui se sont passés plus de cinquante ans auparavant. Ce « long voyage », c’est d’abord le sien: né dans des îles, « vendu » à l’empire quand sa famille n’a plus pu s’occuper de lui, devenu une sorte de factotum, avec un statut dangereux: esclave sans l’être.

C’est aussi celui de Malvine Zélina de Félarasie, qui est quelque part le personnage principal du texte. C’est d’elle dont Liesse raconte l’histoire, même s’il raconte surtout la sienne à une destinataire dont on ne saura rien avant les dernières pages.

Le monde dans lequel se déroule ces cinquante années est ce que j’ai vu de plus crédible dans le domaine « médiéval-fantastique ». Médiéval par son niveau technologique – encore qu’avec ses presses d’imprimerie, il pourrait tout aussi bien dater du XVIe ou XVIIe siècle. Et fantastique par l’intrusion d’un unique élément surnaturel qui va tout changer.

Ainsi, Liesse fait le portrait de Malvine, administratrice impériale futée et à l’écoute des populations locales. Sauf qu’un jour, elle disparaît en allant rendre visite à son frère, pour revenir quelques mois plus tard, changée, marquée et affligée d’étrange tremblements.

Il faudra longtemps au protagoniste – et au lecteur – pour comprendre le fin mot de l’histoire. Mais, somme toute, c’est presque secondaire. Je n’en dis pas plus.

La grande force d’Un long voyage, c’est de raconter la grande histoire par le prisme de la petite. C’est au travers de la vie du témoin que l’on découvre les dernières années d’un empire séculaire.

Liesse est un déraciné, mais qui ne peut s’empêcher de voir les choses par le prisme de sa propre culture. Ainsi sa narration emprunte à un style théâtral de ses îles natales, où une pièce est jouée deux fois: une fois racontée par les adultes et ensuite jouée par des enfants.

L’autre grande force, c’est de proposer un monde cohérent, où les traditions et la culture ont somme toute plus d’importance que les lois et structures apportées par un empire bureaucratique. C’est aussi ce qui fait que ce bouquin fonctionne aussi bien: l’immersion est très réussie et permet de faire passer un récit biographique pour une fresque historique.

Un long voyage l’est aussi pour le lecteur, même si le livre en lui-même est plutôt court: un peu plus de 300 pages d’une écriture fluide. Ce n’est pas un blockbuster d’action, ni même un univers très original, mais il y a quelque chose de fascinant dans l’écriture de Claire Duvivier et dans les vies qu’elle dépeint.

D’autres avis chez un milliard de gens – et pas toujours des blogueurs de l’imaginaire – mais surtout Gromovar, qui m’a incité à le découvrir, L’Ours inculte, Au Pays des Cave trolls, Chut maman lit, Tiger Lilly, etc.

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2 réflexions au sujet de “« Un long voyage », de Claire Duvivier”

  1. Je suis en accord avec toute ta chronique, c’est vraiment un excellent livre. Et sensiblement marquant à priori : rien qu’à te lire j’ai, de manière tout à fait agréable, revisionné et revécu certains passages. ^^

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