« Terre Errante », de Liu Cixin

Pour échapper à une catastrophe solaire annoncée, les habitants de la Terre montent un projet gigantesque: doter la planète de propulseurs et la relocaliser en orbite d’Alpha du Centaure. Ce n’est pas le synopsis du nouveau film de Roland Emmerich, mais celui de Terre Errante, nouvelle de Liu Cixin (qui est devenue un film, mais ce n’est pas le propos ici).

Cet texte court, paru en français dans un petit ouvrage de huitante pages chez Actes Sud, est une chronique d’un moment charnière dans ce grand plan: la fin de l’Ère du Freinage et le début de l’Ère de la Fuite. Le moment où la Terre quitte son orbite, traverse le système solaire et part pour un voyage de deux millénaires et demi à travers l’espace.

Le narrateur, né à cette époque, raconte les changements qu’a connu la planète en quelques siècles déjà: la construction d’immenses propulseurs en Asie et en Amérique du Nord, le dernier crépuscule, les changements d’orbite successifs, le danger des astéroïdes et la crainte que l’explosion solaire ne vaporise la Terre avant qu’elle ne quitte la zone dangereuse. Ah, et une révolution, aussi.

Côté positif, Terre Errante a un vrai souffle épique, un sens du merveilleux d’autant plus fort qu’il nous touche. Il nous décrit une planète Terre qui ne veut pas mourir, mais qui va subir des catastrophes inimaginables avant de – peut-être – être sauvée. Il y a dans cette nouvelle des descriptions impressionnantes.

Côté négatif, j’ai du mal avec l’écriture de Liu Cixin. J’avais déjà du mal avec The Three Body Problem, j’avais lu aussi la moitié de The Supernova Era avant d’en abandonner la lecture – chose qui m’arrive très rarement. Il y a un côté naïf et idéologique qui me fait parfois penser à de la littérature de propagande – et pas très bien faite, en plus. Par exemple, les dirigeants sont toujours irréprochables.

J’ai peut-être trop l’habitude de lire des textes bien plus nuancés, où le cynisme de l’humanité (ou, à tout le moins, d’une partie d’icelle) est souvent mise en avant. On peut aussi voir ce texte plus comme un conte, mais je n’en suis pas convaincu.

Impression donc mitigée: c’est peut-être son format court qui « sauve » Terre Errante à mes yeux. Il se lit vite – une demi-heure, peut-être un peu plus – et emmène le lecteur très loin, tout en restant sur Terre. C’est plutôt pas mal, quand on y pense.

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5 réflexions au sujet de “« Terre Errante », de Liu Cixin”

  1. Je n’ai pas du tout accroché avec le problème à trois corps à l’époque, que ce soit le style, la société chinoise et ses problématiques politiques et les personnages. Du coup j’ai black listé cet auteur dont on parle beaucoup pourtant.

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    • Je lui avais trouvé des bons trucs, mais le dernier tiers du bouquin m’a flingué l’envie de lire le reste.

      Et, fondamentalement, je pense aussi que je vais faire l’impasse sur les autres écrits de Liu Cixin, c’est définitivement pas mon truc.

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  2. Pour ma part j’ai décroché à la page 100. Je n’ai pas eu ta force d caractère. Et pourtant, comme toi, c’est très rare que je laisse tomber un bouquin. Puis c’est pas le moment d’enrichir les chinois et les russes 😉

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  3. Pour un Chinois, il pourrait être dangereux de penser que les dirigeants ne pourraient pas être irréprochables…

    D’un autre côté tu dis qu’il y a eu une révolution…

    Merci, ça part dans la liste de lecture.

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    • Clairement, l’auteur habitant en Chine communiste, il ne va pas écrire n’importe quoi. Le problème, c’est que ça se voit. Ce qui est peut-être le but.

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