Sylvan: Home

Sylvan fait partie de ces groupes qui sont constamment jugés à l’aune de leur meilleur album. En l’occurrence, avec Home, je crois pouvoir dire que le groupe allemand de néo-prog a réussi à égaler, voire à dépasser l’énorme Posthumous Silence.

Sylvan appartient au mouvement néo-prog, mais si l’on peut parfois capter quelques accents qui rappellent Marillion ou d’autres glorieux précurseurs, il a une approche résolument moderne, qui n’hésite pas à chasser sur les terres du métal ou de l’électro, mais qui surtout est capable de dégager une intensité émotionnelle impressionnante.

Du coup, ce n’est pas peu dire qu’affirmer que Home est un monstre. Déjà au niveau du format: douze pistes, septante-huit minutes et plusieurs epics qui flirtent avec les dix minutes. Au niveau du son, également: le groupe n’a pas eu peur de faire appel à une orchestration et à une production de mammouth.

Et puis il y a la voix de Marco Glühmann, qui est un des atouts majeurs de Sylvan. Une grande partie de l’émotion passe par son timbre, qui est capable de jouer sur plusieurs registres, du mélancolique à l’enragé, du chant à la scansion.

Il faut écouter les dix minutes de “In Between” pour se rendre compte de l’étendue de cette gamme: il passe de l’un à l’autre avec une facilité déconcertante, à l’image du groupe, qui construit ici une composition impressionnante.

De façon générale, le concept derrière Home – les souvenirs qui remontent et qui ramène vers son “chez soi” – sont souvent magnifiquement servis par la musique de Sylvan et, en plus de “In Between”, des morceaux comme “Not Far From the Sky” ou “The Sound of Her World” sont somptueux.

Après, on pourrait un peu reprocher à Sylvan de jouer un peu trop sur le registre pompeux. On ricanera une fois encore sur l’absence de subtilité des groupes allemands, mais au-delà du ressenti immédiat, j’ai toujours une petite voix qui se demande si je ne suis pas en train de me faire moubourrer.

Quelque part, je pourrais comparer Sylvan et Nightwish (mais je pourrais aussi citer pas mal d’autres noms dans le domaine du métal symphonique), dans ce domaine: les deux groupes savent jouer sur l’émotion on est souvent happé par leurs compositions.

Mais si on s’arrête trente secondes pour réfléchir, on commence à soupçonner la martingale. Comme beaucoup de groupes avec une carrière conséquente – et Sylvan existe depuis maintenant vingt ans – il y a toujours la tentation d’utiliser les mêmes recettes.

Je mentirais si je n’avouais pas entendre dans Home des éléments qui me font penser irrésistiblement à la “recette Sylvan”. Le groupe innove somme toute assez peu. Mais je mentirais également si je n’avouais pas que cette recette fonctionne quand même vachement bien.

Très réussi, mais avec un arrière-goût d’artificiel, Home a tout de même des atouts pour l’amateur de rock progressif, avec une préférence pour le néo-prog moderne.

En bonus, un avant-goût en vidéo de l’album:

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