Scenes / Shadow Gallery / Dream Theater — Playlist – 22 juin 2005

Ce sont probablement les derniers arrivages avant l’été, longue période de sécheresse musicale — en ce qui concerne les nouveautés –, mais c’est loin d’être négligeable: un nouveau Dream Theater, le retour de Shadow Gallery et un petit nouveau, Scenes.

On commence par les derniers arrivés. Scenes propose, avec son album “Call Us at the Number You Provide!”, un prog-metal de bonne facture, mais ni spécialement enthousiasmant ni même réellement original. Quand on commence à dire que le prog-metal n’est pas original, il y a un problème… Cela dit, il n’y pas de quoi en appeler au lynchage: ça rappelle un peu Fates Warning, un peu Saga, ça se permet une reprise de Talk Talk (je crois…) et ça mène sa barque avec brio, sinon génie.

Shadow Gallery est un groupe qui a un bon et un mauvais côté: le bon est qu’il a son style bien à lui, entre virtuosité et harmonies vocales, à mi-chemin entre un Queensrÿche de la grande époque et Symphony X; c’est aussi un groupe qui a un talent indéniable pour les concept-albums et les ambiances. Le mauvais côté — enfin, “moins bon” serait plus juste — est que j’ai un peu l’impression qu’ils nous ont plus ou moins fait quatre fois le même album, depuis “Carved in Stone”… Dans le cas présent, ça se justifie, en ce sens que “Room V” est la suite de “Tyranny” (entre les deux s’intercale le très moyen “Legacy”, qui n’a autrement rien à voir avec ces deux concepts). J’aurais espéré un peu plus d’originalité, mais c’est néanmoins une bonne chose de retrouver cette joyeuse bande de chevelus. Les gens rapides auront à coeur de ramasser la version “limitée”, qui contient, entre autres bonus, un medley Pink Floyd de vingt-cinq minutes.

Après cette avalanche de tendance more of the same, on serait en droit de craindre le pire de Dream Theater: les demi-dieux du métal progressif auraient-ils eux aussi cédé à la facilité et au copier-coller?

Oui et non: si “Octavarium”, le nouvel album, sonne bel et bien comme du Dream Theater pur sucre par endroit, le groupe a pris certaines libertés avec son image et son son. À commencer par un morceau tel que “I Will Walk Beside You”, qui ramène à de lointaines années en arrière, quand les groupes de prog essayaient encore de passer à la radio; calibré comme une tomate estampillée “Union européenne”, il ne convainc pas. Ils devraient pourtant savoir que c’est le genre de domaine où il vaut parfois mieux avoir raison tout seul que tort avec les autres.

Mis à part ce genre d’accident industriel (au demeurant pas désagréable, juste un peu fade), le reste de l’album aligne des morceaux plus conforme à l’orthodoxie du groupe, quoique moins pêchu et moins extravagant que des efforts précédents (comme “Scenes From a Memory”). Le bouquet final, “Octavarium”, est un hommage de vingt-quatre minutes zéro zéro aux grands noms du progressif: on y trouve des ambiances floydiennes, des sols de clavier à la Marillion, des envolées lyriques dignes de Kansas, j’en passe et des meilleures. Ce n’est pas exactement du Dream Theater traditionnel, mais ça passe bien.

Entre ces trois-là et les précédentes trouvailles, il y a bien de quoi tenir en attendant la fin des “tubes de l’été”: un pal, c’est fait pour empaler; un tube, c’est fait pour…

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