Oubliez la magnifique robe « Années folles » de la couverture: la tenue de rigueur dans Renée Dunan contre les Mutants, de George Spad, c’est gabardine et grosses bottes, direction le front du nord de la France, aux dernières heures de la Grande Guerre!
Ce nouvel opus de la Ligue des Écrivaines Extraordinaires présente une écrivaine au destin réellement extraordinaire: Renée Dunan, qui fuit son pensionnat pour jeunes filles pour devenir assistante comptable, puis fuit ce métier pour monter à Paris et y devenir journaliste. Féministe et anarchiste, elle fera ensuite une longue carrière, sous de multiples pseudonymes, dans un peu tous les « mauvais genres » de la littérature: merveilleux-scientifique, fantastique, polar, érotique, etc.
En plus, le nom de l’autrice, George Spad, est un énorme clin d’œil: personnage de la Brigade Chimérique, créé par Serge Lehman et « incarné » de nos jours par Christine Luce, directrice de la présente collection, il a été en grande partie inspiré par Renée Dunan, justement. Et ce texte est présenté comme un roman posthume de Renée Dunan, publié par Georges Spad. Au grand dam de la Ligue…
Mais que vient faire une jeune journaliste au milieu du front, me demandez-vous? Eh bien elle est venu faire une pige dont personne d’autre ne voulait pour lancer sa carrière. Et, bien malgré elle, elle va tomber sur une affaire qui implique un savant fou, Marie Curie et des super-soldats qui pourraient bien renverser le cours de la guerre.
Là encore, contrairement à ce qu’indique la couverture, Renée Dunan ne va pas avoir un rôle très actif (du genre bang! bang!), mais va se retrouver en observatrice privilégiée de l’action, autour d’une auberge miraculeusement préservée sur l’ancienne ligne de front, aux côtés de deux autres anarchistes – dont un ancien de la Commune de Paris.
C’est peut-être le fait que c’est suite à une discussion avec Christine Luce elle-même, lors de Trolls & Légendes cette année, que j’ai acheté cette série de bouquins, mais j’ai trouvé Renée Dunan contre les Mutants très réussi, un des meilleurs de la collection. L’histoire reflète bien l’ambiance apocalyptique de la Grande Guerre, on a également des personnages hauts en couleurs et des dialogues bien ciselés.
Qui plus est, la mise en abîme George Spad / Renée Dunan est un petit plaisir de « chimériophile » qui ne se refuse pas.
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