Par-dessus l’épaule

Aujourd’hui – enfin, ce soir – ça fera deux semaines que je me suis luxé l’épaule. J’en ai encore pour une bonne semaine avec le bras en écharpe. Sans surprise, c’est chiant, c’est handicapant – et un peu douloureux, aussi. Par contre, je n’avais pas prévu que ce serait démotivant.

Certes, mon bras gauche n’est pas mon bras dominant; de toute façon, il n’y a pas grand-chose de dominant chez moi, à part un besoin de faire des calembours douteux. Mais c’est le genre de situation qui me rappelle, d’une part, que je fais des trucs avec mon bras gauche (insérez ici blague eyldarin) et, d’autre part et surtout, que je fais beaucoup de choses avec mes deux mains. Si vous le voulez bien.

Une activité parmi tant d’autres qui nécessite deux papattes en état de marche, c’est d’utiliser un clavier et une souris. Ensemble, donc; avec un seul bras valide, c’est fromage ou dessert. Déjà, l’écriture passe d’un rythme presque dactylo à “deux doigts mal coordonnés”; de plus, pas mal des logiciels que j’utilise requièrent l’usage de raccourcis-clavier complexes ou de combinaisons souris-clavier.

Un truc aussi bête que lire le journal dans les transports en commun – vous vous doutez bien que c’est niet vélo – ou même un bouquin est impossible, sur téléphone c’est parfois acrobatique et j’ai renoncé à trimbaler mon ordi portable à cause du poids du sac.

Fondamentalement, j’ai l’impression que le fait d’avoir un bras en moins limite mon efficacité par plus de 50%. Et c’est là qu’entre en jeu la partie “motivation”: le fait de pouvoir faire moins de choses et moins bien pèse sur mon envie de faire des trucs, même des trucs que je pourrais normalement faire sans trop de problèmes.

Pour donner un exemple, on est en plein dans le bouclage de Freaks’ Squeele avec l’équipe – qui compte d’ailleurs un autre éclopé en la personne d’Antoine – et je me retrouve parfois à regarder leurs échanges sur messagerie sans parvenir à m’y intéresser. Et, quand je dois intervenir, j’ai parfois l’impression de me retrouver face à des tâches insurmontables, juste parce que j’ai une épaule luxée.

Même pas cassée ou même coupée (non, pas de cosplay de Funérailles pour moi), hein. Juste déboîtée, avec un bras fonctionnel, mais que je dois garder immobile. Et ça ne fait même pas vraiment mal, en plus.

Alors comme mentionné précédemment, je me retrouve à jouer à Hearts of Iron IV et à envahir tout l’hémisphère sud avec l’Italie. Ce qui est certes amusant, mais pas l’activité la plus constructivo-créatives du moment. Quelque part, je me dis qu’il est heureux que j’aille encore bosser à 50%, sinon je crois que l’inactivité me rendrait franc barge.

Le plus frustrant, c’est que ça ne m’empêche pas d’avoir des activités plus “physiques” – comme aller voir un concert, aider à ranger l’atelier de mon beau-père où aller faire du jeu de rôle à Lausanne.

Mais bon. La motivation et moi, on n’a jamais été super potes, alors si ça se trouve, c’est juste que ma flemme a trouvé une excuse à moitié valable. Pour une fois.

Pour soutenir Blog à part / Erdorin:

Blog à part est un blog sans publicité. Son contenu est distribué sous licence Creative Commons (CC-BY).

Si vous souhaitez me soutenir, vous pouvez me faire des micro-dons sur Ko-Fi, sur Liberapay ou sur uTip. Je suis également présent sur Patreon et sur KissKissBankBank pour des soutiens sur la longue durée.

6 réflexions au sujet de “Par-dessus l’épaule”

  1. C’est pas ta flemme naturelle. Un handicap, que ce soir un bras, le dos ou wathever, te fais soudain toucher du doigt comme c’est le pied d’être en bonne santé et de pas s’en soucier. Soudain, et j’en sais quelque chose, tu réalise à quel point tu te retrouve diminué. Ca impacte fortement le moral, parce que toute activité coutumière devient compliquée… c’est cela qui démotive, et qui finit même par saper l’humeur, la patience, le calme.
    Je ne le sais que trop bien, je lutte contre cela en permanence, et quand se rajoute des ennuis physiques vraiment handicapants (coucou mon dos !), je suis soudain avant tout aux prises avec une frustration immense qui me démonte… déjà que j’avais pas besoin de cela.
    Il te reste une semaine. Serre les dents, grand frère.

    Répondre
  2. Je compatis (et j’espère que c’est fini et oublié depuis). Ma tendinite qui s’éternise me fait toucher la même frustration : tant de temps disponible pour enfin lire ! – mais à la longue je n’ai plus envie. Trop de tâches pro et perso qui s’accumulent : je me demande si la perte de motivation n’est pas un moyen de se prévenir contre la frustration de ne pas pouvoir les mener à bien.

    Lewis Trondheim avait appelé ça le « syndrome du prisonnier » dans le tome du même nom de la BD nombriliste.

    Répondre
    • Oublié, non: j’ai encore des problèmes de mobilité (je ne peux pas lever mon bras gauche beaucoup plus haut que la tête) et j’ai encore des douleurs, mais 90% du temps je peux faire des choses et j’ai même pu trimbaler des cartons pendant le déménagement sans avoir trop à douiller. Ce n’est pas encore fini, mais je peux quand même faire des trucs.

      Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.