« Malfaiteurs du Paris des Merveilles »

Les fées élégantes, les savants, les magiciens et les grands de ce monde, ça va un moment. Nouvelle anthologie dans le monde imaginé par Pierre Pevel, Malfaiteurs du Paris des Merveilles s’intéresse – pour une fois – au côté le plus punk du steampunk.

Bon, pour être très honnête, il y a aussi des fées élégantes, des savants, des magiciens et des grands de ce monde. Y compris quelques têtes connues.

À commencer par Les Artilleuses. Le trio aussi féminin qu’explosif a droit à sa préquelle, de la plume de Pierre Pevel lui-même. Le lecteur notera d’ailleurs que les « malfaiteurs » du titre sont souvent des malfaitrices. Parfois malgré elles, mais ça c’est une autre histoire.

Le recueil compte six histoires, sur près de 350 pages. J’avais un instant cru que le précédent recueil, Contes et récits du Paris des Merveilles, était plus long, mais en relisant mon billet, il avait peu ou prou le même format.

On retrouve, parmi les auteurs de Malfaiteurs du Paris des Merveilles – outre Pierre Pevel, donc – Bénédicte Vizier, qui signe une autre histoire de changelin. Mais Le Myosotis a une coloration particulière, avec un protagoniste homosexuel aux prises avec les préjugés de l’époque – en plus d’un adversaire puissant et très dangereux.

C’est le grand intérêt de cette nouvelle fournée d’histoires: montrer que le Paris des Merveilles n’est pas que douceur et volupté. C’est une ville où les gangs d’apaches, mis en scène par Tiphaine Levillain dans Savant larcin, règnent sur certaines rues, et où les taudis et la misère ne sont pause vue de l’esprit.

J’ai parlé de malfaitrices: plusieurs des histoires mettent en lumière des femmes fortes qui doivent lutter contre la condition que leur impose une société patriarcale, existence des fées ou non. Presque toutes, en fait, Le Gang du Chat Noir, d’Irène Korsakissok, avec son histoire d’œuvre d’art magique, est la seule exception – encore que ça se discute.

Ainsi, le personnage éponyme d’Alice au Paris des Merveilles, de Charlie Eriksen, s’est-elle créé un alter ego masculin pour négocier d’égale à égale avec les commanditaires de ses petits talents. Ou Clémentine, protagoniste de Gris souris, signé Annaïg Le Quellec, trouve dans le crime une échappatoire à son avenir tout tracé de jeune fille de bonne famille.

Je pourrais cependant reprocher aux autrices et auteurs de ne pas être allés plus loin dans leur propos. Toutes ces histoires finissent bien, la haute société est encore très présente et souvent sous un jour positif; somme toute, ça manque un peu de réalisme social. Mais peut-être n’est-ce pas trop là le propos du Paris des Merveilles dans son ensemble?

Malgré ce reproche, ce sont encore six textes très plaisants que nous livre Malfaiteurs du Paris des Merveilles. Je ne le recommanderais pas à ceux qui n’ont pas encore découvert l’univers qui leur sert de cadre, mais pour les autres, c’est du bonheur.

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