Leprous: Aphelion

Ça fait un moment que le dernier album de Leprous, Aphelion, tourne dans ma liste de lecture principale. Et, à l’heure d’écrire sa chronique, je suis toujours perplexe. Est-ce le groupe qui a changé ou moi?

Leprous est une des formations que l’on décrit comme étant aujourd’hui à la pointe du rock progressif – ou du metal progressif, suivant les définitions. Actif depuis une vingtaine d’années, le groupe norvégien a, depuis quelques albums, opéré un virage vers une musique moins metal, accompagnée d’un violoncelle.

Dans sa version de base, Aphelion compte dix pistes et dure un peu moins d’une heure; celle que j’ai inclut deux bonus, pour un total de soixante-neuf minutes. Les compositions durent entre trois et huit minutes – avec le bonus « Acquired Taste (Live 2021) » qui pousse au-delà de neuf minutes.

Le virage dont je parlais plus haut est ici très marqué. Du metal progressif des débuts, il ne subsiste plus que quelques traces. On trouvera, à la place, des influences symphoniques, voire electro. Ce n’est pas forcément un mal en soi, mais pour le coup, je trouve que Leprous a quelque peu perdu de sa saveur.

Aphelion est un bon, voire un très bon album, mais il a un côté lisse qui fait que j’ai l’impression qu’il me glisse constamment entre les doigts. La plupart des compositions sont lentes, contemplatives. Ce qui est un peu ennuyeux, parce que ce sont ceux qui m’intéressent le moins.

Par exemple, « Running Low », qui ouvre l’album et qui est le premier single de l’album, a un côté « générique de James Bond » pour sa grandiloquence. Ça démarre un peu plus avec « Out of Here » et surtout avec le très électro « Silhouette », qui est peut-être mon préféré de l’album. Mais ça retombe pas mal après.

Les titres les plus remuants sont à mon avis les plus intéressants, comme « Slihouette », « Silent Revelation » ou « Nighttime Disguise ». Ce sont aussi ceux où la complexité de Leprous sait se développer sans donner dans le grandiloquent. De ce point de vue, la voix d’Einar Solberg est plus défaut qu’un avantage. Je trouve son coté lyrique parfois too much sur plusieurs des titres lents.

À l’époque où j’ai découvert Leprous, je me rappelle avoir été impressionné par l’alchimie entre la densité de la musique et son côté construit, intelligent. J’ai un peu peur que, depuis plusieurs années, l’aspect dense et intense se soit quelque peu perdu.

Ou peut-être est-ce moi qui me suis habitué au bazar, comme accoutumé, et qu’il me faut des doses de plus en plus forte pour ressentir quelque chose? C’est une vraie question, quelque part.

Je finis donc cette chronique d’Aphelion sur une note mitigée. Leprous reste, sans conteste, un groupe majeur sur la scène prog contemporaine, avec une vraie maîtrise du genre, mais je ne suis pas convaincu par cette nouvelle approche. Peut-être le serez-vous plus que moi, c’est tout le mal que je vous souhaite.

Bonus: la vidéo de « Running Low »

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3 réflexions au sujet de “Leprous: Aphelion”

  1. Oui je pense que c’est peut-être ça le problème : “Ou peut-être est-ce moi qui me suis habitué au bazar, comme accoutumé, et qu’il me faut des doses de plus en plus forte pour ressentir quelque chose? C’est une vraie question, quelque part.”.
    C’est une maladie qui touche les chroniqueurs qui écoutent trop d’albums. A force il faut de plus en plus de came jusqu’à arriver à l’overdose.
    Moi j’ai fait ma cure de désintox, et ça va mieux 😉
    Ou alors tu trouve ça tout simplement trop mou, moi je trouve cet album complètement mystique, j’suis en extase en fait.

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    • Ben chaipatrop, parce que quelque part, des albums de groupes comme Kauan me font ça, le coup de l’extase mystique (ou peu s’en faut). Mais pas ici.

      Mais ouais, je me rends compte qu’il y a clairement un côté “fatigue musicale” parfois.

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  2. Après question de sensibilité aussi.
    Et oui la fatigue musicale m’a gâché pas mal d’albums que je redécouvre aujourd’hui avec bonheur. J’écoute moins et mieux je pense maintenant. Du moins plus sereinement.

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