« L’Arithmétique terrible de la misère », de Catherine Dufour

Les librairies sont des lieux dangereux. On vient y acheter un livre ou deux, commandés de longue date, et on repart avec un sac plein de bouquins. Comme, par exemple, L’Arithmétique terrible de la misère, de Catherine Dufour.

Il s’agit d’un recueil de nouvelles de science-fiction, mais pas que: dix-sept textes, dont deux « appendices » non-SF. Le tout entrecoupé de « virgules » publicitaires, qui participent à l’ambiance: bienvenue dans un monde fort mercantile.

Comme un peu tout ce que fait Catherine Dufour, ce recueil a un sérieux goût de contemporain. Au travers de textes courts, elle met en scène un avenir complexe, voire chaotique, où l’humain n’est que l’un des éléments de l’équation – et pas toujours le plus important.

On y trouve, pêle-mêle, des publicités, du changement climatique, des réfugiés, du communautarisme, de l’ubérisation, des questions de genre, du big data, de la robotique qui ne fonctionne pas et des intelligences artificielles.

L’Arithmétique terrible de la misère compte d’ailleurs deux textes qui se déroulent dans le même univers que Outrage et Rébellion. L’un, Sensations en sous-sol, mettant en scène une des « tournées » de marquis. L’autre, En noir et blanc et en silence, nous montre en quelque sorte l’envers du décor de la pension’, vu par un… parent.

À la fin du recueil, on peut aussi lire deux histoires quasi-parallèles, qui tournent autour d’une policière du Nord-Ouest américain, dans un avenir proche mais où la société s’est féminisée à un moment mal (mâle?) défini.

Il y a un petit côté Cory Doctorow dans les textes de Catherine Dufour, mais en plus européen et une écriture plus mordante, plus percutante. Et plus rigolarde, aussi; il y a un côté un peu punk, mais sans trop y croire.

Et, quelque part, je me suis demandé si le fait d’avoir Alain Damasio pour écrire la préface de cet Arithmétique terrible de la misère ne faisait pas aussi partie de la blague. Disons que s’il ne dit pas des bêtises, il a tendance à écrire dans un style radicalement à l’opposé de celui de Dufour.

Les deux derniers textes ne sont pas de la science-fiction. Rassurez-vous, l’autrice vous préviendra. Il y a là une biographie d’Alfred de Musset, surtout amusante par son ton décalé, et un Coucou les filles! dont Catherine Dufour elle-même dit que vous n’êtes pas obligé de le lire. Je confirme. Non pas qu’il ne soit pas bon ni intéressant, mais il est profondément et sciemment malsain.

Si vous ne connaissez pas Catherine Dufour, je vous conseille de jeter un œil sur cet ouvrage. Il n’y a pas grand-chose à jeter dans cette Arithmétique terrible de la misère, qui m’incite d’ailleurs à m’intéresser à son siamois, L’Accroissement mathématique du plaisir.

D’autres avis chez Au Pays des Cave Trolls, La Yozone, L’Épaule d’Orion, le Chien critique, Touchez mon blog et d’autres.

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